Dimanche 20 décembre, le sort du groupe des 31 sera scellé La crise de Nida Tounès s'approche du dénouement. C'est après-demain, dimanche 20 décembre, à Hammamet que les députés «frondeurs», dits le groupe des 31, se réuniront. La décision à prendre sera déterminante pour certains, parce qu'ils y jouent leur carrière politique et dans une moindre mesure le sort de Nida Tounès. Trois scénarios se présentent à eux : réintégrer le bloc parlementaire et y constituer un courant politique, démissionner du groupe et rester dans le parti, ou alors, verdict définitif, démissionner du parti et d'office du bloc, en vue de créer une nouvelle formation politique. Joint par la Presse, Bochra Bel Haj Hmida, porte-étendard des 31, confirme le rendez-vous du dimanche et insinue à demi-mot un désaccord entre ses pairs; «certains sont pressés de partir, mais nous essayons de trouver une vision commune», reconnaît-elle. Des rumeurs persistantes font état de divergences effectivement profondes entre les élus dissidents. Combien sont-ils au juste ? Nous sommes 27 ou 28, répond la députée, mais personne n'a disparu du jour au lendemain, on continue à se voir et à discuter. Nous sommes divisés sur les décisions à prendre dimanche», a-t-elle admis. La manière forte Au cours de la réunion du comité constitutif, tenue mercredi dernier, des 14 membres, douze étaient présents, moins Mohsen Marzouk et Lazhar Akremi. Présidée par Mohamed Ennaceur, les fondateurs ont usé de la manière forte. Ils ont décidé d'adopter à l'unanimité une feuille de route proposée par la commission des 13, laquelle commission conduira les affaires courantes jusqu'à l'organisation du congrès, prévu le 10 janvier 2016. Second point notifié, la suppression pure et simple du poste de secrétaire général. En d'autres termes, le pouvoir décisionnel et la légitimité politique dispatchés sur les instances dirigeantes et les postes de responsabilité ont été récupérés illico et transférés à la commission des 13. Le temps des tractations est bel et bien révolu. Par ailleurs, selon le recoupement d'informations recueillies chez plusieurs sources, le front des 31 commence à se fissurer. Il se serait scindé à parts plus ou moins égales : une quinzaine veut claquer la porte et le fait savoir, les autres, moins démonstratifs, voudraient rentrer au bercail. A l'heure où nous mettions sous presse, certains élus contactés étaient en conclave et ont préféré ne pas donner de déclarations. Entre-temps donc, c'est l'attentisme qui prime. Toutefois, pour faire pression en prenant le dernier virage, ou le pense-t-on réellement, les déclarations relayées dans les médias confirment la scission. Pas seulement. Le projet de créer un nouveau parti à l'instar du Néo-Destour de mars 1934 par Bourguiba, commence à prendre forme. L'épaisseur historique en moins, faut-il le dire. Plus proche de nous, combien de partis, formations, mouvements avons-nous vu naître avec tambour et trompette au temps de la Troïka, qu'ils soient issus de partis vainqueurs ou ex nihilo? Par dizaines, où sont-ils aujourd'hui? Pour exister, une formation politique a besoin d'appareil, de structures et de bailleurs de fonds, sinon ce n'est ni plus ni moins qu'un suicide politique.