Risque de surmenage «Un marathon» : voilà comment Boubaker Hannachi voit le rythme endiablé de la compétition, joint aux différentes échéances continentales des sélections (Chan, Can, U23). Le préparateur physique du CA n'y va pas de main morte en analysant le calendrier et en décrivant les dérives y afférentes et les conséquences sur l'athlète: « Nous sommes en présence d'un rythme effréné, un calendrier vertigineux, des matches et des compétitions qui s'enchaînent à n'en plus finir. Si le sport, dans son ensemble, est dans la surenchère des compétitions depuis plusieurs décennies, le football, sport-roi par excellence, pousse plus loin que les autres sports. Les compétitions se chevauchent et les muscles sont sollicités de manière permanente et sans aucun répit. Certes, les différents tournois officiels cherchent à maintenir ce qui fait l'intérêt d'une rencontre sportive, l'intensité dramatique, au-delà d'un simple match. Cela permet, aussi, d'avoir une forte visibilité. Mais le sport n'en sort pas toujours gagnant. Maintenant, c'est la dictature du show-business. Les équipes sont dans une logique de chiffres d'affaires, de maximisation des profits. Plus il y a de matches, plus ça paie. Comme si les clubs sont engagés dans une course aux points. Nous voulons juste que certaines choses changent. Qu'il y ait un peu plus de répit, une meilleure coordination, un agenda qui ne change pas au gré des participations continentales. Ce n'est pas déraisonnable. Or, les instances qui gèrent les calendriers n'entendent vraiment pas réduire la cadence. Chaque tournoi représente des revenus supplémentaires. Finalement, on se rend compte que le seul seuil à ne pas dépasser, c'est la saturation totale des spectateurs. Qu'il semble lointain, le temps où le football s'était construit à une époque où naissait le rythme travail-loisir ! Car, maintenant, et logiquement, on en vient à se demander comment il est physiquement possible de tenir pareils rythmes. Je ne vous cache pas mon scepticisme. Mais en tant que préparateur physique, je dois tout mettre en œuvre pour y arriver. Normalement, dès qu'il y a des courbatures, on considère qu'il faut trois jours pour récupérer. Outre le fait qu'il faut alléger le calendrier, il faut aussi mieux l'organiser géographiquement. Mais ce n'est pas évident, car il existe des contraintes et des obligations, qu'elles soient sportives ou financières, incitant à disputer certains tournois. Le football a adopté ce rythme en raison de la manne financière qu'il génère. Tenir la cadence, gérer le surmenage, c'est un exercice de haute voltige tantôt». Récupération active et récupération passive «Vous savez, en Europe, les séances sont poussées et nombreuses, ainsi que le nombre de matchs disputés. Ils ont, certes, mis la barre assez haut, mais ce n'est pas sans avoir étudié et retourné la question sous tous les angles. Primo, du côté du vieux continent, la pré-formation à la base obéit à des principes scientifiques bien précis. Les jeunes débutent leur cursus à six ans. A 17 ans, ils ont pratiquement achevé leur formation et il ne reste que l'apprentissage. Ils sont accompagnés dans leur évolution par des tests physiologiques et d'aptitude, tout en appréciant leur morphologie et leur résistance. Chez nous, on place la charrue avant les bœufs. Globalement, nos joueurs ne sont pas prêts à enchaîner les rencontres à un rythme effréné. Certes, la préparation d'avant-saison permet de parer au plus urgent. Mais, grosso modo, le rythme tantôt saccadé, de temps à autre endiablé, peut avoir des répercussions sur l'organisme, ce dernier ayant des limites. Cependant, il y a toujours des solutions pour, du moins, limiter les dégâts. Sans parler de remède miracle, la récupération est le leitmotiv pour tout compétiteur qui veut persévérer et enchaîner. Il faut dans ce cas d'espèce dissocier la récupération active et la récupération passive. Les étirements, une alimentation équilibrée (en sels minéraux, en vitamines et en sucres lents), les massages, l'hydratation, les exercices en bassin indispensables pour l'éveil des muscles (car réalisés en apesanteur), les bains de glaces, les bains turcs (hammam) pour évacuer les déchets métaboliques, tout cela est indispensable pour tenir le coup et suivre le rythme imprégné. Au final, je vous affirme que l'on peut récupérer à 90% d'une débauche d'efforts si l'on suit à la lettre tous ces préceptes. Sauf qu'en Tunisie, nous sommes encore très loin du compte...»