Aller au charbon sans risquer le courant d'air dans le dos. L'équation est à résoudre dans les plus brefs délais. Alors que le résultat fut sans appel face au CSS, la formation clubiste alignée ne manquait pas d'allure et pas seulement sur le papier. Ainsi, s'il n'a pas pris part à la déroute du Mhiri, Bilel Ifa n'en demeure pas moins le symbole d'une défense encore hésitante, à l'image d'un Belkaroui qui a pris l'eau et cristallisé encore les critiques sur sa personne. Assimilé par certains à un boulet, l'axial international algérien a vécu un calvaire d'autant plus douloureux que le staff technique lui a maintenu sa confiance ces derniers temps. Un constat valable également pour le duo Seïf Tka-Bouslimi qui a enterré les dernières illusions clubistes en seconde période. En pleine déconfiture, l'arrière-garde «rouge et blanc» a fini par sombrer. Plus haut, au milieu, Kader Oueslati aurait mérité un feu d'artifice plutôt qu'un pétard mouillé. Un véritable crève-cœur pour celui qui aura symbolisé, par la qualité de son jeu de passes, son audace et sa conduite de balle, la domination clubiste à plusieurs moments du match. Avec beaucoup de suite dans les idées, son influence aura été immense sur le jeu du CA. Dommage qu'au jeu «des vases communicants», cela n'a pas souri à son équipe. Tout comme le vaillant et non moins brillant minot Bassem Srarfi, l'un comme l'autre ont des circonstances atténuantes : ils ont tout essayé, varié, enchaîné, persévéré et tenté différentes approches sans faire mouche. Alors que le CA a bu le calice jusqu'à la lie, le triangle d'or clubiste, composé de Ghazi Ayadi, Kader et Srarfi, a globalement nivelé le niveau par le haut et doté le club d'un cachet technique. Recherche synergie Une passe dans le dos, un dégagement raté, une mauvaise lecture du jeu, un gardien mal placé et le CSS en profite pour faire trembler le CA. Trop souvent, la défense clubiste a été prise de vitesse. L'époque du bloc solide de la paire Njanka-Souissi semble à des années-lumières. Cette défense a encore bégayé, se révélant presque incapable d'afficher une once de sérénité. Pourtant, les «cartouches» existent derrière. Sauf qu'il semble difficile de trouver la bonne alliance. Quatre hommes, deux maillons faibles et des milliers de questions. Après avoir évolué ensemble la plupart du temps, le quatuor clubiste semble toujours en rodage. Dur. Quel salut et quelles solutions pour blinder les bases arrières ? Le jeune Walid Dhaouadi est toujours convalescent. Ala Dahnous peine à émerger, alors que dans le même temps, le CA gagnerait à aligner, Wissem Ben Yahia sur le flanc droit. Ben Yahia, c'est celui qui a le plus d'expérience. Longtemps titularisé à droite durant l'ère Lechantre, il pourrait favoriser une sorte de synergie entre défenseurs, mais il doit faire attention. Certains joueurs se surpassent quand ils sont épaulés, mais dès qu'il y a moins de niveau avec eux, ils peuvent devenir moins bons. Ne pas passer à recadrer plus qu'autre chose, un leader en défense doit avant tout concourir à créer des automatismes. Cela dit, laisser faire le temps ou tout chambouler, la question mérite d'être posée. Mais après une phase aller quasiment achevée, le temps des essais est terminé. Car volet relève, à titre d'exemple (le cas de Walid Dhaouadi), former un jeune, c'est bien beau, mais si c'est pour le faire entrer cinq minutes par-ci, cinq minutes par-là, cela ne sert à rien. Globalement, souvent pointée du doigt, la défense n'est pas aidée. Belkaroui, méconnaissable depuis de longues semaines, et même s'il parvient tantôt à allumer des mèches offensivement, n'est pas toujours exemplaire dans le travail de replacement. Idem pour Ifa qui alterne... En clair: si une bonne attaque vous permet de prendre l'avantage, une bonne défense vous assure une certaine invulnérabilité quand l'adversaire fond sur vous. Milieu: «Kader» monte en grade Si avec Nater, le CA a retrouvé une certaine sérénité au milieu, grâce à Abdelkader Oueslati, l'entrejeu s'est métamorphosé, et ce, depuis le choc de Sousse face au leader étoilé. La donne est simple: si les milieux ne font pas le travail, la défense se retrouve vite en difficulté, notamment en un contre un ou en attaque placée. Un problème plus profond, donc. D'ailleurs, que ce soit face à l'Espérance de Tunis, à Zarzis, à Sidi-Bouzid ou à Ben Guerdane, surprendre une défense clubiste peu harmonieuse et figée n'était pas difficile. Il est primordial que la solidité défensive passe par le collectif et l'animation. Maintenant, pour Mehrez Ben Ali, il est clair que le système défensif changera en fonction de l'adversaire. Pour cet ex-latéral de métier, l'urgence est de disposer d'un pivot qui puisse assurer le surnombre en situation de repli. Un «rempart» en plus contre le nombre d'attaquants axiaux alignés en face. En somme, alterner entre défense à quatre et défense à cinq. Le tout est simplement de compter un joueur en plus pour faciliter la relance et assurer les couvertures que nécessitent certaines séquences défensives. Couvrir les montées des défenseurs centraux et leur permettre d'aller disputer des duels sans risquer le courant d'air dans le dos. Vaste chantier mais projet de jeu loin d'être fantasque si l'on arrive à dénicher le «garant» d'une relance propre.