«La politique tunisienne n'a pas encore accordé une place importante au commerce transfrontalier nord-africain, en raison des difficultés rencontrées dans la négociation des protocoles y afférents». Le rapport publié en 2015 par le Bureau pour l'Afrique du Nord de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA-AN) s'est focalisé sur la facilitation du commerce et du transport inter-Etats de marchandises, composante essentielle du projet de marché nord-africain. L'objectif assigné est d'aider à l'accroissement des échanges commerciaux en proposant, sur la base d'une étude, l'esquisse d'un plan régional de facilitation du transport-transit inter-Etats et du commerce dans l'espace nord-africain, avec des mesures et des actions qui permettraient de relever durablement le niveau de performance des administrations frontalières et la qualité des services logistiques. Et d'accompagner le processus d'intégration économique. Le rapport montre que l'ouverture et la facilitation commerciale, qu'elles soient par le biais de réformes nationales, dans le cadre d'accords régionaux de libre-échange, ou de négociations multilatérales (OMC), «exercent des effets de levier sur l'économie, par divers canaux de transmission: accroissement de la taille des marchés, rendements d'échelle croissants, allocation plus efficace des ressources, transmission des innovations technologiques entre partenaires par le biais des IDE...». Et l'on relève que «le développement du commerce en général et du commerce intra-régional en particulier est une constante des stratégies nationales de développement». Il est à signaler que dix pays se sont engagés dans des politiques d'élargissement et de diversification de leurs marchés, à travers la conclusion de divers partenariats, allant de simples accords préférentiels bilatéraux à des projets d'union douanière ou de marché commun, en passant par les accords d'association avec l'Union européenne. «L'Union du Maghreb Arabe en particulier s'est fixé, entre autres missions, la réalisation d'un marché commun, avec une libre circulation des personnes, des services, des marchandises et des capitaux, et les pays de la sous-région sont par ailleurs parties prenantes à d'autres accords commerciaux régionaux, poursuivant en tout ou en partie des objectifs similaires.» La Tunisie est mentionnée dans ce rapport avec ses différentes réalisations en termes de facilitation du commerce mises à l'actif de toute une politique érigée, qui comprend, entre autres, un programme de développement des exportations, une plateforme électronique «Tunisie Trade Net», la normalisation documentaire, la réforme institutionnelle et la facilitation douanière... De par ses réalisations, «la Tunisie parie de plus en plus sur la facilitation des procédures régissant ses échanges avec l'extérieur dans un double objectif : gagner des parts de marché au niveau mondial et permettre à des opérateurs économiques d'être compétitifs vis-à-vis de leurs concurrents, en termes de délais de livraison et de coûts». Et de préciser qu'en dehors de quelques conventions bilatérales, notamment l'accord de reconnaissance mutuelle des documents Tunisie-Libye, «la politique tunisienne de facilitation du commerce extérieur n'a pas encore accordé une place importante au commerce transfrontalier nord-africain, en raison des difficultés rencontrées dans la négociation des protocoles y afférents». Le rapport publie un aperçu sur les efforts consentis pour le développement de l'infrastructure routière en Tunisie, en l'occurrence le réseau routier classé, le réseau de pistes rurales... qui « devraient contribuer à la facilitation des échanges commerciaux interrégionaux. Il s'agit notamment de l'achèvement à court terme de la partie tunisienne de l'autoroute transmaghrébine, avec le concours des institutions financières internationales et de l'Union pour la Méditerranée (UPM)». Cette autoroute traversera le Maroc, l'Algérie et la Tunisie dans un premier temps, pour s'étendre ensuite à la Mauritanie et la Libye. Plusieurs tronçons ont été déjà réalisés (Tunis-Hammamet-Sousse-Sfax et Tunis-Oued Zarga, et d'autres sont en cours de réalisation (Oued-Zarga-Bousalem, Sfax-Gabès et Médenine-Ras Jedir). L'étude a fait ressortir les limites des infrastructures liées au commerce entre l'Algérie, la Tunisie et la Libye, qui s'effectue essentiellement par voie terrestre, avec toutefois un réseau de transport très peu adapté, du fait de l'absence de voies rapides reliant la Tunisie à ses deux voisins. Dans le domaine maritime, très peu d'échanges sont enregistrés entre la Tunisie, l'Algérie et la Libye. «Les échanges commerciaux effectués via le port de Radès, de Sfax ou de Zarzis restent négligeables. Les problèmes de logistique et les retards de livraison et d'expédition observés dans les différents ports expliquent le fait que les exportateurs préfèrent généralement utiliser leurs propres moyens pour transporter leurs marchandises d'un pays à l'autre». Par ailleurs, l'étude montre que le transport international de marchandises entre la Tunisie et ses deux voisins s'effectue par des transporteurs algériens ou libyens. Ce choix s'explique par le coût élevé du transport en Tunisie : le coût de l'énergie y est plus cher qu'en Algérie et en Libye !