L'affaire Belhassen Trabelsi remonte à dix ans. Parvenu à quitter le territoire tunisien lors des événements du 14 janvier, le beau-frère du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali se trouve aujourd'hui en France, où la justice refuse toujours son extradition pour diverses raisons, dont notamment les risques de «traitement inhumain». Mercredi dernier, la Chambre d'instruction de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence s'est prononcée contre une demande d'extradition formulée en mars 2019 par la Tunisie. Arrêté en mars 2019 en France, après avoir quitté le territoire canadien sous une fausse identité, Belhassen Trabelsi avait été placé en détention provisoire le 18 mars à Marseille. Par la suite, il avait été remis en liberté le 28 mars 2019. Selon son avocat, cité par certains médias français, cet avis défavorable à son extradition émane de «risques réels de traitement inhumain et dégradant». «La Chambre d'instruction de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence s'est prononcée mercredi 27 janvier 2021 et a émis un avis défavorable, suite à la demande d'extradition formulée en mars 2019 par la Tunisie, pour des risques de traitement inhumain», a-t-il laissé entendre. La justice française veut, en effet, s'assurer des conditions de détention et de l'absence d'intention de traitement inhumain ou de règlement de comptes avant de se prononcer favorablement sur son extradition. Cependant, le procureur général à la direction des affaires judiciaires, Radhia Hadj Salem, affirme que toutes les garanties concernant les conditions de détention de Belhassen Trabelsi une fois extradé en Tunisie ont été présentées aux parties françaises. Elle soutient dans ce sens que la Tunisie attend toujours un document officiel du verdict sur la décision de refus de la justice française l'extradition de Belhassen Trabelsi. « Toutes les garanties pour un procès équitable et des conditions adéquates au prisonnier ont été présentées, les raisons du refus seront examinées », a-t-elle expliqué. Au fait, cette même demande d'extradition formulée par les autorités tunisiennes avait été rejetée par une Cour parisienne puis renvoyée devant la Chambre d'instruction de la Cour d'appel d'Aix-en-Provence qui l'a à son tour refusée. Ainsi et sauf nouveau rebondissement, la position de la Tunisie ne cesse de se fragiliser dans ce dossier d'extradition de l'une des figures les plus connues de l'ancien régime. En tout cas, pour le moment, Belhassen Trabelsi reste en France où il bénéficie d'une décision de remise en liberté depuis 2019 après avoir payé une caution de cent mille euros. L'éternel évadé ! Pour divers crimes financiers, dont notamment la vente d'actions de la compagnie Tunisair et un mécanisme de surfacturation au sein de la société Tunisie Sucre, Belhassan Trabelsi avait été condamné par contumace à 33 ans de prison ferme. La Tunisie a formulé une demande d'extradition sur fond de ces condamnations définitives, sauf que la justice française insiste sur la question des risques de maltraitance et de possibles règlements de comptes. Car, semble-t-il, la justice française a pris connaissance des circonstances du décès en détention de certains membres du clan Ben Ali et Trabelsi. Visé par 43 mandats d'amener internationaux en plus de 17 avis de recherche en Tunisie, Belhassen Trabelsi avait quitté le territoire tunisien en 2011 pour le Canada où il avait sollicité le statut de réfugié, mais sa demande a été rejetée à maintes reprises. Notons qu'en 1999, Trabelsi, sa femme et ses enfants avaient obtenu le statut de résident permanent au Canada, ce qui leur assurait une certaine facilité d'entrée dans le pays. Après avoir quitté le territoire canadien en mai 2016, Trabelsi était en cavale jusqu'en mars 2019, lorsqu'il a été arrêté dans le sud de la France sous une fausse identité. Arrêté le 14 mars 2019 en France, l'éternel évadé avait été placé en détention provisoire à Marseille. Par la suite, il avait été remis en liberté le 28 mars 2019. Une caution de 100.000 euros a été versée pour assurer sa remise en liberté, mais une obligation de résider en France a été émise à son encontre. Résumé de la situation. Le beau-frère de Ben Ali restera en France jusqu'à un nouveau rebondissement judiciaire. Sauf que la position de la Tunisie dans ce dossier se fragilise davantage après que deux juridictions françaises ont refusé cette procédure d'extradition.