Sur un air de samba, l'Etoile fait fondre le CA et sonne le glas d'un adversaire aux abois ! Pratiquement aucun tir cadré en première période pour le CA, quatre coups francs bien placés et étrangement balancés au petit bonheur la chance, un jeu brouillon, beaucoup de déchets dans la circulation de la balle et peu de promptitude dans la négociation des duels. Le CA était-il tout simplement dans un jour sans? Lotfi Rouissi l'a (presque) affirmé en fin de match: «L'Etoile était hyper-motivée alors que nous n'étions pas dans un bon jour...». Cela dit, la responsabilité de l'échec incombe aux joueurs. Le staff technique dicte ses choix, donne ses consignes et c'est aux onze éléments d'appliquer méthodiquement ce qui a été tracé et convenu. Or, nous n'avons pas vu de plan directeur de jeu ou de cœur à l'ouvrage, à l'exception d'Alexis, Ben Yahia, Souissi et Melliti. En somme, «des roses et des épines» côté clubiste. L'on relève aussi une certaine difficulté à rester concentré et lucide, à l'image de ce mur «passoire» lors de l'exécution du coup franc de Danillo (qui n'en est pas à son premier coup d'essai!). Le très mauvais placement du gardien, surpris par la trajectoire du ballon, et la célérité d'exécution du Brésilien sont autant de signes de maladresses clubistes qui ont finalement eu raison de leurs espoirs de sauver leur saison, pratiquement achevée sur le plan local... quoique!). Lorsqu'on observe cinq joueurs différents exécuter cinq touches du même côté, l'on comprend que le manque d'organisation sur le terrain a été fatal pour le CA. Une équipe avertie en vaut deux ! Et l'Etoile dans tout ça? Brillant vainqueur de ce choc des 1/8es de finale, les «Rouges» ont bel et bien retenu la leçon de leurs errements passés face à ce même adversaire. Mondher Kbaïer, artisan du renouveau étoilé, l'explique en ces termes: «Notre entrejeu a totalement été repensé. Le seul rescapé est Bellakhal qui a été aligné lors du match de championnat face au CA. La défaite de la 7e journée face à ce même adversaire a été bénéfique à plus d'un titre. On en a tiré des enseignements majeurs. C'est notre sixième succès consécutif, justement, depuis le choc perdu face au CA. Un point clé de la préparation mentale d'avant-match, l'on a senti que certains appréhendaient l'absence de Felhi et Ghezel mais Abdennour et Boulaâbi ont convenablement rempli leur part du contrat. Ils se sont montrés volontaires et complémentaires. Hatem Bejaoui a aussi été impeccable. La force athlétique de mes défenseurs a été payante face aux véloces avants clubistes. Nous savions que l'absence de Dhaouadi allait fortement se faire sentir sur le jeu du CA. Nous avons donc exploité cette donne. Dhaouadi est un repère du CA en dépit du bon apport de Melliti tout au long du match. Le CA a manqué de fluidité à l'entrejeu et c'est ce qui a fait la différence par rapport à une Etoile entreprenante». Si les Etoilés ont mérité leur victoire, acquise de haute lutte, à force de cœur à l'ouvrage et de don de soi 90' durant, le CA a manqué de caractère et d'endurance. Disposés en 4-1-4-1, les visiteurs n'ont presque rien laissé filtrer à l'entrejeu. Bloc dense et jeu en mouvement, pressing de zone et dédoublement sur les côtés, les Etoilés ne se sont pas confinés dans un registre de jeu particulier mais ont laissé libre cours à leur «feeling» pour déjouer toute amorce clubiste et tuer dans l'œuf toute velléité adverse. La douche écossaise Au-delà de l'effet de surprise sur le premier but et la «filouterie» d'un Danillo qui est allé au bout de ses convictions, le deuxième but, dû à une seconde erreur de Nefzi, a carrément «scié» les jambes des joueurs, alors que, forcément libérée, l'Etoile a par la suite déroulé. Adossés à un bon Adel Chedly, les Etoilés n'ont semblé nullement accuser le coup après les sorties de Mathlouthi et Chehoudi, tous deux blessés. La bonne lecture de Kbaïer aidant, Silva Dos Santos est incorporé avec le résultat que l'on connaît...Coaching payant pour Kbaïer qui n'a pas eu froid aux yeux! Puisqu'à défaut de «bétonner», il a au contraire concouru à porter l'estocade en sonnant la charge et le siège du camp clubiste. L'audace et l'intime conviction du staff technique étoilé ont eu raison des hésitations et du manque de réactivité clubistes. Pour qui sonne le glas, aurions-nous affirmé à l'heure de jeu, tellement les espérances étoilées ont eu raison du «bégaiement» clubiste. Si le CA a entretenu l'espoir lors du temps additionnel, le «kick & rush» à la britannique s'est heurté à une solidarité défensive adverse sans faille! De toute évidence, il manquait au CA un élément de la trempe de Dhaouadi qui sache fixer, centrer en course, démystifier son vis-à-vis et déséquilibrer l'adversaire. Sans être «Dhaouadi-dépendant», le CA carbure manifestement au rythme de son jeune ailier de débordement. L'indigence offensive clubiste, ce talon d'Achille ou plutôt ce maillon faible qui continue «d'enrayer» la mécanique des «Rouge et Blanc», est forcément problématique depuis quelque temps. Le CA doit-il évoluer avec deux pointes pour maximiser ses chances? Au-delà de la passe de sécurité d'Alexis, du jeu en profondeur de Ben Yahia, de la vélocité de Souissi et de la générosité de Melliti, le CA (à l'exception de Dhaouadi) ne dispose pas d'attaquants capables de désarçonner l'adversaire. Mouihbi n'est que l'ombre de lui-même, Akrout, vu sa lenteur, ne peut piquer de sprint porteur, Malajila est une énigme et Traoré a énormément perdu de sa superbe (était-il apte à évoluer face à l'Etoile?). Indépendamment de certaines interrogations, la supériorité manifeste d'une Etoile studieuse et appliquée a eu raison d'un CA renvoyé à ses chères études. Question d'état d'esprit, de tempérament et de grinta. Oussama Sellami l'affirme d'ailleurs en ces termes: «La mainmise sur l'entrejeu était étoilée. L'on n'a pas assez cru en nos chances. On doit vite nous remettre en question, faire notre examen de conscience et gagner dans un premier temps la coupe de l'Unaf qui nous tend les bras...». Il est certes facile d'accabler le CA après-coup, mais ce 5 décembre restera une date noire pour une entité clubiste distancée en championnat et éliminée en Coupe de Tunisie. Un constat d'échec affligeant. Ça fait froid dans le dos que ce spleen clubiste actuel! Aussi, sommes-nous en train d'assister à une nouvelle bipolarisation au sommet de la hiérarchie de notre football? Force est de constater que cette brillante Etoile, scintillante à souhait, a repris du poil de la bête et annonce son retour à un palier qu'elle n'aurait d'ailleurs jamais dû quitter.