Sommes-nous vraiment ces Ferayjyas, comme nous appelle Aïcha Gorgi , et ne sommes-nous que cela ? Ou est-ce que ce sont ses artistes, ces ferayjyas qui promènent un miroir le long de leur chemin ? L'exposition que la galerie Gorgi nous offrait sur ce thème pour la fin d'année, et pour ce début d'un an nouveau plein de promesses, était digne d'une «forja». Sur les cimaises de cette galerie qui a vu naître tant de talents, qui a toujours su détecter avant tout le monde les valeurs sûres sans jamais se laisser entraîner dans des aventures éphémères et des effets de mode, on retrouve réunis ces artistes qu'on aime : ceux que leur talent a consacré dans la durée, ceux qui travaillent selon leur conviction et non l'air du temps, ceux qui donnent à leur galeriste l'envie de prendre des risques. Est-ce un hasard si ce sont des femmes et souvent les mêmes ? Feryel Lakhdar est là, ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, réussissant à renouveler, sans jamais les trahir, ses déesses tutélaires qu'elle habille d'oripeaux de mendiantes et de soieries de princesses. Aïcha Filali aussi, jamais là où on l'attend, qui nous entraîne dans un manège subtilement régressif, où les chevaux de bois et de fer véhiculent tous les rêves enfouis. Rym Karoui également répondait à l'appel des Ferayjias, invitant ses rois fous et ses animaux rois, ses reines menteuses, et ses marsupilamis moqueurs. Et puis les nouvelles arrivées qui ont su s'intégrer à l'esprit des lieux, lui apportant la fraîcheur d'un regard, d'une fantaisie, d'une quête nouvelle : Ymen Berrhouma et Intissar Belaïd qui ont su séduire un public de collectionneurs avertis et exigeants Alors, dans ces conditions, on veut bien être des Ferayjyas