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Emna Attya Belkhodja, autrice de «Mohamed Attya, le passeur de lumière», à La Presse : «L'objectif principal de ce livre est de rétablir la vérité historique»
Publié dans La Presse de Tunisie le 17 - 03 - 2021

Emna Attya est l'épouse de feu Hassine Belkhodja (alias Zizi Belkhodja) l'ex-international de volley-ball. Elle est l'autrice du livre «Mohamed Attya, le passeur de lumière». Un livre qui nous surprend tellement il nous apprend des choses sur un pan de l'histoire de la Tunisie jusque-là peu connue ; autant sur Mohamed Attya, le pionnier de l'enseignement moderne du Collège Sadiki. Le livre nous fait découvrir l'homme, l'histoire d'un patriote de la première heure auquel on a collé un procès colporté de toutes pièces au bout duquel il fut condamné par Bourguiba. Le livre raconte tous les détails de ce procès et décrit comment le prestigieux Collège Sadiki est devenu une source de lumière. Ce petit joyau serti dans une langue française extraordinairement ciselée est publié chez «K.A Edition». Plus d'un demi-siècle après, Emna Attya raconte son père dans cet ouvrage, ô combien, nécessaire pour la mémoire nationale. Elle nous a accordé cet entretien.
Ce livre n'a rien d'une biographie de votre père Mohamed Attya, il se présente comme un ouvrage pour rétablir une vérité historique.
En effet ! C'est l'objectif principal de ce livre : rétablir la vérité historique. Il y a eu une vérité fallacieuse qui a été tronquée dans l'histoire officielle, or, je voulais absolument montrer l'apport de Mohamed Attya dans l'édification de la Tunisie moderne. Dans ce livre, il y a la vie et l'œuvre de Mohamed Attya, tout ce qui peut aider à la réécriture objective de l'histoire.
Mohamed Attya était le premier agrégé tunisien à ne pas vouloir prendre la nationalité française à l'époque...Quel était son apport à l'enseignement en Tunisie ?
Il voulait ancrer l'identité nationale chez les Tunisiens. Il a donc créé un système d'enseignement national moderne pour que cette élite, qu'il voulait former, puisse prendre en main la Tunisie au lendemain de l'Indépendance et la faire rayonner sur le plan international. D'ailleurs, c'est cette élite-là qui a servi la Tunisie plus tard. C'étaient ses objectifs depuis qu'il était élève au Collège Sadiki. Du début à la fin, il n'a pas failli à ses objectifs. Mohamed Attya n'a pas seulement engagé des réformes, mais il a tunisifié le personnel enseignant. Car lorsqu'il a pris le poste de sous-directeur en 1934, les professeurs français, qui n'appréciaient pas cette nomination, ont quitté le Collège Sadiki pour aller au lycée Carnot. Il n'a été nommé directeur du Collège Sadiki qu'en 1944, parce que les lobbies des résidents généraux français étaient puissants.
Peut-on dire qu'il a nationalisé l'enseignement ?
Oui, il a nationalisé l'enseignement envers et contre tous. Il a tout le temps fait face à l'opposition permanente du protectorat. Mais quelles que soient les périodes de tension ou d'accalmie, Mohamed Attya restait à l'écoute des différentes revendications nationales et adapte la réalisation de ses réformes au gré des opportunités que lui offre la conjoncture. Il n'a jamais changé son fusil d'épaule quant à ses objectifs. Car le protectorat a dévoyé le collège de sa mission première pour en faire un gisement de traducteurs et de fonctionnaires. Je parle aussi de dualité. C'est-à-dire les diplômes de l'institution qui furent par principe considérés comme étant une double compétence tant au plan culturel qu'au plan des deux langues arabe et française. Cette dualité s'est enracinée au point que le mot Sadikien a fini par désigner sous le protectorat les deux visages de la Tunisie. C'est-à-dire celui de la modernité et celui de l'identité nationale. Si le Collège Sadiki a pu constituer au début un gisement de traducteurs et de fonctionnaires, il a vite été le pôle où se formaient les élites tunisiennes qui allaient poursuivre leurs études en France. Depuis sa nomination en 1944, il s'est attelé à faire de Sadiki une sorte de lycée français en renforçant la dimension arabo-islamique de cette institution. On peut dire qu'il a défendu le droit des Tunisiens à un système scolaire respectueux de leur identité, tout en étant ouverts sur le monde et soucieux des exigences de la modernité.
Et un jour, c'est la pomme de discorde...
Un jour Bourguiba a décidé d'éliminer tous ceux qui pouvaient lui faire de l'ombre. Mohamed Attya a été en fait victime de l'ego démesuré de Bourguiba. L'aura de Mohamed Attya l'a gêné et, pourtant, tous les deux étaient sur le même banc d'école. Bourguiba a même été accueilli à bras ouverts pour loger chez Mohamed Attya pendant ses premières années parisiennes.
Cette fabuleuse histoire des deux hommes vous la racontez avec force détails et d'une narration attachante dans votre livre. Et voici qu'on découvre un procès politique contre Mohamed Attya diligenté par Bourguiba lui-même... Dans le livre, vous révélez aussi le nom d'un élève du Collège Sadiki (devenu politicien) qui a été le principal acteur de ce procès...
Oui, c'était un procès politique monté de toutes pièces avec des accusations qui ne correspondaient pas à un homme qui a formé l'élite qui a pris le pouvoir en Tunisie... Le livre révèle cette vérité historique, ainsi que les dessous de ce procès fallacieux, ficelé en une semaine... C'était ubuesque.
Ce sont des vérités dignes d'un scénario de ce genre de films qui rétablissent une vérité historique que vous détaillez dans votre livre, puisque l'acharnement de Bourguiba s'est poursuivi jusqu'en 1982...
En effet, Mohamed Attya a été jugé en 1958… En 1982, Bourguiba achève de l'expulser de sa maison. En 24 heures, nous étions chassés de notre maison construite par mon père avec un prêt du Crédit Lyonnais, et la bibliothèque de mon père décimée...Le comble de l'injustice, c'est qu'on payait aussi un loyer aux Biens de l'Etat...Mais l'ironie du destin a voulu que tout au long de son cheminement, Bourguiba n'a fait que rencontrer les filles de Mohamed Attya...


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