Malgré son échec à l'élection législative, Kemal Kiliçdaroglu réélu à la tête de son parti Le chef du principal parti de l'opposition turque a été réélu à la tête de celui-ci tard samedi au cours d'un congrès à Ankara, malgré son échec à l'élection législative remportée par le parti islamo-conservateur au pouvoir et une contestation interne. Kemal Kiliçdaroglu, seul candidat à sa propre succession, a obtenu les suffrages de 990 délégués sur 1.238, ont rapporté les médias. Réputé pour sa modestie et sa modération, M. Kiliçdaroglu, âgé de 67 ans, a perdu toutes les élections depuis qu'il a été élu pour la première fois à la tête du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate) en 2010. Aux législatives du 1er novembre, son parti est arrivé loin derrière (25%) le Parti de la justice et du développement (AKP, islamo-conservateur) du président Recep Tayyip Erdogan, qui a recueilli 49% des suffrages et obtenu la majorité gouvernementale au Parlement qu'il avait perdue cinq mois auparavant lors d'un précédent scrutin. Lors d'un discours samedi devant ses militants, M. Kiliçdaroglu a dénoncé avec véhémence la politique étrangère du pouvoir et sa «dérive autoritaire» en Turquie. Il a notamment évoqué l'arrestation d'intellectuels signataires d'une pétition dénonçant les violences commises par les forces turques dans le sud-est à dominante kurde. Kiliçdaroglu a qualifié le président turc d'«espèce de dictateur», l'accusant de bafouer les libertés dans le pays. L'interpellation vendredi d'une vingtaine d'universitaires, remis ensuite en liberté mais qui font toujours l'objet de poursuites, a été dénoncée samedi par l'Union européenne, avec laquelle Ankara mène de pénibles discussions d'adhésion, comme «un développement extrêmement préoccupant». L'AKP a remporté toutes les élections, dont deux référendums, depuis son arrivée au pouvoir en 2002, une première dans l'histoire turque.