Le taux de chômage chez les jeunes tunisiens a atteint 35 % pour la catégorie 15-29 ans Selon le rapport international de migration, le nombre de migrants internationaux se déplaçant d'un pays à un autre atteignait 232 millions en 2013. Les migrants les plus pauvres émigrent généralement dans les pays voisins. Cependant, une large majorité des migrants, environ 740 millions, migrent à l'intérieur des frontières de leurs pays, d'une zone rurale vers une autre ou vers une zone urbaine. Ce phénomène de migration intérieure est particulièrement répandu parmi la jeunesse rurale. De ce fait, les jeunes sont plus susceptibles de migrer que les adultes. Le manque d'accès à un emploi décent en milieu rural ainsi que le caractère non attractif de l'agriculture, peu productive, encouragent les jeunes à rechercher des opportunités d'emplois plus productifs et mieux rémunérés à l'extérieur. Suite à ces migrations, les zones rurales perdent chaque année une main-d'œuvre vitale et dynamique. Réduire la migration due à la détresse économique La Tunisie est l'un des pays touchés par ces flux de migration. En effet, le taux de chômage chez les jeunes tunisiens est parmi les plus élevés au monde. Il a atteint les 35 % en 2012 pour les jeunes entre 15-29 ans contre 25 % en 2007. Et il est légèrement supérieur dans les zones rurales. Pour faire face à ce phénomène de migration à cause d'une détresse économique, l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture ( FAO) a lancé en Tunisie un nouveau projet intitulé « mobilité des jeunes, sécurité alimentaire et réduction de la pauvreté rurale ». Partant du constat que l'intensification de la participation des jeunes au secteur agricole est un élément important afin de réduire la pauvreté rurale, la FAO s'est engagée à travers ce programme pour diminuer les migrations de détresse économique des jeunes en Ethiopie et en Tunisie. Toutefois, les activités seront adaptées au contexte de chaque pays. La durée de ce projet est de deux ans avec un budget global de 2.5 millions de dollars. La somme réservée à notre pays est 900 mille dollars. En Tunisie, l'objectif de ce programme est de traiter les causes profondes de la migration dans les zones rurales et réduire les migrations de détresse économique des jeunes, de promouvoir l'emploi des jeunes au milieu rural, y compris l'emploi saisonnier et l'agro-entrepreneuriat grâce à des mécanismes et des politiques novatrices. Ce projet a comme objectif, également, la contribution à la cohérence des politiques intégrant les questions d'emploi, de migration et de développement rural. Dans ce même contexte, il est à signaler que l'agriculture en Tunisie représente 22 % des emplois et elle contribue considérablement dans l'offre du travail dans les régions du Nord et du Centre- Ouest. La main-d'œuvre saisonnière pour les activités agricoles reste tout de même cruciale et son potentiel pour l'emploi et le développement rural est à valoriser. De ce fait et en se dotant d'un haut degré d'expertise technique, la FAO va essayer de maximiser les impacts positifs des migrations, particulièrement en milieu rural. Ainsi, la politique de la FAO dans le traitement de ce phénomène a pour but d'encourager les liens entre les milieux ruraux et urbains, d'aborder les causes des migrations ainsi que de promouvoir l'investissement de fonds dans l'agriculture et les zones rurales. « La FAO va travailler sur la généralisation des connaissances sur la migration et le partage des expériences en matière d'emploi des jeunes dans les zones rurales. Nous allons, également, déterminer des sites pilotes qui peuvent être adaptés dans les politiques durables et soutenir les politiques basées sur le développement des capacités d'emploi rural décent », explique M. Lamourdia Thiombiano, coordinateur sous-régional et représentant de la FAO en Tunisie. Selon la FAO, le travail décent est la possibilité d'exercer un travail productif et convenablement rémunéré, assorti de conditions de sécurité sur le lieu de travail et d'une protection sociale pour la famille. Il donne aux individus la possibilité de s'insérer dans la société ainsi que la liberté de se syndiquer et de prendre part aux décisions qui auront des conséquences sur leur existence. Il suppose, également, une égalité des chances et de traitement pour les femmes et les hommes. Les grandes étapes du projet FAO en Tunisie Le projet de la FAO est conforme aux priorités nationales de la Tunisie sur le développement rural, l'emploi et la migration, notamment la stratégie nationale de migration ( 2015-2020) et la stratégie nationale pour l'emploi (2013-2017). Il va passer par deux grandes étapes. En premier lieu, les experts de la FAO vont faire des consultations de lancement et évaluer les diagnostics sur l'exode rural et sur l'emploi des jeunes. Un comité de pilotage sera créé pour analyser le contexte politique, évaluer les moyens nécessaires de travail. Les données collectées seront utilisées dans la diffusion de recommandations politiques sur la promotion du potentiel de la migration en termes d'amélioration des moyens de subsistances en milieu rural, d'emploi des jeunes et d'agro-entrepreneuriat. Au programme, il y aura l'organisation de consultation au niveau régional et national sur l'emploi des jeunes et les migrations saisonnières et de campagnes de sensibilisation. La deuxième étape consiste à renforcer les capacités du gouvernement, des ministères et des parties prenantes rurales pour promouvoir les opportunités d'emploi et de revenu pour les jeunes agro-entrepreneurs dans des contextes de fortes migrations. Dans ce cadre, les consultations et les partenariats politiques sont encouragés pour faciliter les mécanismes innovants pour la création d'opportunités de travail décent autonome et le travail salarié saisonnier des jeunes ruraux. De ce fait, l'objectif principal de ce projet est de traiter les causes profondes de la migration et la promotion de mécanismes innovants pour l'emploi des jeunes.