Les ministres de l'Agriculture, de hauts cadres de gouvernements de pays d'Afrique ainsi que des représentants de la société civile et les partenaires seront en conclave à Tunis. L'occasion ? la 28e session de la Conférence régionale du Fonds des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO) pour l'Afrique, qui se tiendra du 24 au 28 mars, sur le thème : «La jeunesse africaine dans l'agriculture et le développement durable». Les délégués présents à la 28e Session de la Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique se pencheront sur les questions relatives à l'état actuel et aux perspectives de l'alimentation et de l'agriculture en Afrique. Des questions qui porteront notamment sur la situation de l'alimentation et de l'agriculture dans la région et l'exécution du programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (Pddaa). Ils focaliseront, dans ce contexte, sur les petits exploitants agricoles et l'agriculture familiale. Par ailleurs, les délégués se pencheront sur le suivi de la réunion de haut niveau des dirigeants africains et internationaux «Vers une renaissance africaine : un partenariat renouvelé en vue d'une approche unifiée pour en finir avec la faim en Afrique, d'ici à 2025». Les participants échangeront des informations sur les mesures qui ont été prises pour en finir avec la faim en Afrique et portera notamment sur le Fonds fiduciaire africain de solidarité, la synergie des stratégies, la promotion de l'emploi des jeunes et la deuxième Conférence internationale sur la nutrition. Emplois des jeunes, préoccupation internationale Autre question non moins importante, au cœur de la conférence régionale, la jeunesse africaine dans le secteur agroalimentaire et le développement rural. En effet, l'emploi des jeunes est une préoccupation constante de la communauté internationale. Une importance inscrite, d'ailleurs, dans les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD 1): «Eliminer l'extrême pauvreté et la faim», dont une des cibles consiste à assurer «le plein-emploi et la possibilité pour chacun, y compris les femmes et les jeunes, de trouver un travail décent et productif». En Afrique, du fait de la transition démographique, une population de jeunes en pleine expansion entre aujourd'hui sur le marché de l'emploi. Malheureusement, la croissance économique impressionnante enregistrée par plusieurs pays africains au cours de la dernière décennie ne s'est pas traduite par un foisonnement d'emplois et de sources de revenus dont les jeunes auraient pu tirer parti. Faut-il rappeler que plus du tiers des jeunes dans le monde sont à la recherche d'un emploi sans pouvoir en trouver, ou ont totalement cessé d'en chercher un, ou encore travaillent sans arriver à franchir le seuil de pauvreté. Dans certains pays, le taux élevé de chômage et de sous-emploi parmi les jeunes s'explique essentiellement par l'évolution démographique, mais une grande partie des difficultés relatives à l'emploi des jeunes peut aussi s'expliquer par la dynamique du marché du travail et par ses opportunités. Dans ce contexte, l'agriculture s'avère être une alternative intéressante. Les dirigeants africains s'accordent à reconnaître que la transformation du secteur agricole est essentielle, dans la mesure où ce secteur continuera à être le seul qui soit capable de susciter une croissance économique généralisée et d'absorber les millions de jeunes qui entrent sur le marché de l'emploi. Les gouvernements doivent s'efforcer de promouvoir les investissements agricoles qui visent expressément la création d'emplois décents pour les jeunes. Les investissements dans l'éducation et dans la formation professionnelle doivent être adaptés aux besoins des jeunes des zones rurales, afin que ceux-ci puissent accéder plus facilement à l'emploi et aux autres sources de revenus. Il est, aussi, capital d'améliorer la conjoncture de l'activité commerciale pour encourager l'investissement du secteur privé, afin de créer un secteur agricole dynamique et moderne qui offrira des possibilités d'emploi à la fois aux petits exploitants agricoles et aux jeunes. Désintérêt des jeunes pour l'agriculture L'agriculture et les systèmes agroalimentaires sont des secteurs stratégiques pour le développement de l'Afrique et des secteurs en expansion mais ils ont une image négative auprès de la plupart des jeunes. Cette situation s'explique par le décalage croissant qui existe entre les aspirations des jeunes et les perspectives économiques et sociales, ou plutôt leur absence, et le style de vie qu'offre une existence rurale en Afrique. Les nouveaux systèmes d'information, les infrastructures de transport plus performantes et les possibilités de voyage et de migration sont autant de fenêtres ouvertes sur d'autres modes de vie. Les grandes villes, et les pays riches représentent l'accès à la réalité des images montrées dans les médias. Pour les jeunes des zones rurales, la «bonne vie» dont ils rêvent ne peut souvent être trouvée que très loin des campagnes. En outre, le fait que la formation scolaire officielle soit déconnectée des réalités et des besoins du monde rural ainsi que des chances qu'il peut offrir contribue à dégrader l'image de la culture rurale. Par conséquent, il n'est pas surprenant que les jeunes ruraux mentionnent rarement l'agriculture parmi les meilleurs emplois, ou même parmi les bons emplois, en particulier quand on sait à quel point les emplois sont rares, les niveaux de rémunération faibles et les conditions de travail difficiles (par exemple, avec des outils manuels) dans le secteur agricole. C'est d'ailleurs pourquoi l'agriculture est probablement pour les jeunes l'une des façons les plus ardues de gagner sa vie, sans compter qu'elle ne répond pas à leurs aspirations et ne leur promet pas le statut social qu'ils désirent. Créer une nouvelle génération d'entrepreneurs agricoles (les afro-agro-entrepreneurs). Pour parvenir à ce résultat, il est évident qu'il faut d'abord changer l'image de l'agriculture auprès des jeunes et leur perception de l'étroitesse de la vie rurale. L'existence d'un secteur agricole moderne, productif et rentable en Afrique est la clé non seulement de la sécurité alimentaire nationale et de l'amélioration de la nutrition mais aussi de la création de sources de revenus et d'emplois décents pour les jeunes. C'est d'autant plus vrai en cette période de volatilité des prix des aliments, d'instabilité économique mondiale et de hausse des coûts relatifs aux ressources naturelles et à l'énergie. La 28e session de la Conférence régionale de la FAO pour l'Afrique réfléchira, par ailleurs, à l'élaboration de positions régionales sur les questions pertinentes relatives aux politiques et à la réglementation. L'objectif est d'améliorer la cohérence de l'approche régionale en ce qui concerne ces questions.