Par Abdelhamid GMATI L'image des musulmans ne cesse de se dégrader, particulièrement dans certains pays occidentaux. Cela se traduit, entre autres, par des actes antimusulmans. Selon le ministre français de l'Intérieur, « ces actes ont triplé et s'établissent à environ 400 pour l'année 2015 ». Cela s'est fait en réponse aux attentats commis. Mais cela s'explique aussi par certains discours de politiques et de journalistes qui, pour la plupart, ont tenu des propos bellicistes, guerriers pointant « l'islamisme radical », « Daech » et par des milliers de perquisitions administratives qui ont, essentiellement, visé des institutions ou des citoyens de confession musulmane. Cela a provoqué, selon certains sociologues, un « traumatisme de la communauté musulmane, tant à cause des attentats que de l'augmentation de l'islamophobie ». Plusieurs « professionnels de la parole publique » et plusieurs médias se sont lancés dans la critique de l'islam et des musulmans. Là, l'ignorance a pris le pas sur l'expertise et a ouvert la porte au racisme, au refus de l'autre et à la violence verbale et parfois physique. Cela s'est propagé dans d'autres pays. Au Québec (Canada), un sondage révèle que 53% des Québécois accréditent l'idée d'une menace intégriste au Québec. Aux USA, l'islamophobie se propage aussi, bien qu'il n'y ait pas eu des attentas meurtriers comme en France. Toutefois, les Américains n'oublient pas le traumatisme de l'attentat de 2011. Mais les discours de certains politiques, journalistes et animateurs de télévision alimentent cette défiance à l'égard des musulmans. Comme celui de ce candidat républicain à la présidentielle américaine qui veut interdire les USA aux musulmans. Ou cette diatribe d'un présentateur télé qui déclare que « les musulmans sont extraordinairement barbares ». Un film (American Snipper de Clint Eastwood) désigne les enfants musulmans comme des menaces dangereuses. Une série policière (Ncis) incrimine régulièrement des terroristes « poseurs de bombes » et « fomenteurs d'attentats », venant de pays arabes et musulmans. Il n'est pas, alors, étonnant que, sous la pression de l'actualité (Daech, la guerre, les attentats, les menaces) et des discours belliqueux, le sentiment général envers les musulmans s'est dégradé aux Etats-Unis. Tout cela est la conséquence des nombreux attentats perpétrés par Daech, cet « Etat islamique autoproclamé ». Ces brigands, ramassis de mercenaires recrutés pour leur ignorance, se prévalent de l'islam et permettent ainsi l'amalgame facile. Mais il n'y a pas que cela. Certains hurluberlus, prédicateurs et autres «spécialistes» autoproclamés, lancent des fatwas contre tout et n'importe quoi. Comme ce cheikh saoudien qui veut interdire les bonshommes de neige, parce que « anti-islamique ». Ou cet autre d'Alep, en Syrie, qui en 2013, considérait le croissant (celui du petit déjeuner) comme étant un symbole de « l'époque coloniale » et représente « la victoire des Européens sur les musulmans ». Et cet Iranien réussit à interdire les mini-jupes pour des raisons géologiques : « Les femmes qui ne s'habillent pas de façon modeste tentent les hommes, corrompent leur chasteté et propagent l'adultère dans la société, ce qui augmente les tremblements de terre ». Les bananes, les concombres ne plaisent pas à ce religieux égyptien qui les interdit aux femmes à cause de leurs formes phalliques. Un autre interdit aux femmes de faire du vélo, car « enjamber la selle du vélo suscite chez la femme une excitation sexuelle ». Même le conte pour enfants « Blanche Neige et les sept nains » n'échappe pas à la vigilance d'une école primaire au Qatar qui a décidé de supprimer le livre de sa bibliothèque, car le père de l'un des écoliers a estimé que les illustrations accompagnant le conte sont « indécentes ». Et tout ceci fait la joie de commentateurs et autres « âmes bien intentionnées » qui s'empressent de mettre cela sur le compte de la religion et en profitent pour vilipender les musulmans dans leur ensemble. L'ignorance des uns et des autres est source de fanatisme, d'extrémisme, d'intolérance et de violences. Elle explique, aussi, le nombre de Tunisiens qui se laissent embrigader dans une entreprise terroriste et se mettent à tuer des innocents sans raison avouable.