Face à ce fléau il n'y a aucune lumière au bout du tunnel. Et pas une alternative socioéconomique ambitieuse, non plus. Le rapport témoigne, ici, que tous nos décideurs font preuve d'une courte vision et d'approches politiques assez étroites. Car la solution sécuritaire n'a jamais été un bon choix. S'il y a un phénomène aussi complexe que compliqué, c'est bien celui de la migration irrégulière qui n'a cessé de pousser nos enfants, tous âges et catégories confondus, à l'enfer. Aussi, la migration non organisée n'est-elle pas une tentative de suicide caractérisée, se présentant souvent comme une réaction à un état d'insatisfaction. Ce constat, à maintes fois dénoncé, semble être le résultat de la non-solution. «Le nombre de migrants tunisiens arrivés en Italie au cours du mois écoulé a atteint 3.907, tandis que les autorités tunisiennes ont intercepté 2.993 migrants et déjoué 211 tentatives de traversées», recense le Ftdes dans son dernier rapport publié en juillet 2021. Ce qui a alourdi le bilan semestriel, établi depuis janvier dernier, portant à près de 7.000 ayant gagné les côtes italiennes. Avec un peu plus de 10.000 migrants interpellés. Soit un flux massif redoutable et remarquablement élevé par rapport à la même période depuis ces trois dernières années. Aucune alternative «Mais ce qui inquiète le plus n'est guère le nombre des arrivés, mais plutôt celui des interceptés sur nos côtes dont le taux s'élève à plus de 54% en comparaison de 2020. Aussi, les tentatives déjouées sont en nette progression, enregistrant un taux de 36,59% par rapport à la même période de l'année écoulée», estime le Ftdes, indiquant que 1.657 Tunisiens sont arrivés en Italie, du 25 juillet au 2 août dernier, soit 24% du total des migrants arrivés en Italie. Dans cette même période, a-t-il encore ajouté, l'on recense 86 tentatives déjouées et 1.024 migrants appréhendés. En guise d'analyse, le Ftdes a déduit que les motivations de la migration non organisée n'ont pas changé après le 25 juillet, date où le Président de la République avait pris des mesures exceptionnelles, en réponse à l'appel de la rue. Face à ce fléau il n'y a aucune lumière au bout du tunnel. Et pas une alternative socioéconomique ambitieuse, non plus. Le rapport témoigne, ici, que tous nos décideurs font preuve de courte vision et d'approches politiques assez étroites. Car, la solution sécuritaire n'a jamais été un bon choix. Cela dit, il ne faut pas se contenter d'agir en garde-côtes, mais plutôt d'avoir un rôle à jouer sur tous les fronts. Sinon, comment expliquer une telle forte tendance à migrer, à ses risques et périls. Toujours selon le même rapport, le nombre des victimes et ceux portés disparus a atteint 371, depuis janvier dernier. Vivre ou mourir, rien n'empêche nos jeunes de prendre le large vers l'Eldorado, aux portes de l'Europe. Message à double sens Quel message le Ftdes voudrait-il passer, en cette étape post-25 juillet? En guise de recommandation, il appelle la présidence à optimiser la stratégie nationale de la migration, en partenariat avec les différentes organisations de la société civile et les unités de recherches universitaires, tout en suspendant les conventions qui portent atteinte à la dignité et aux droits des migrants. Il préconise un mécanisme durable et spontané d'information sur les disparus en mer et le suivi de leur sort. Le Ftdes défend la liberté de circulation des citoyens dans toutes les régions côtières, sans aucune répression. Dans le cadre de la décentralisation, recommande le Ftdes, il y a lieu de mettre à la disposition des pouvoirs locaux et des organismes humanitaires opérant dans le sud tunisien les moyens nécessaires à la gestion des flux migratoires, à même d'assurer la prise en charge des migrants. D'autant qu'il considère que la Tunisie est un pays où la sécurité des migrants n'est pas garantie, en l'absence d'un cadre de protection juridique. Son message à l'Union européenne semble aussi de mise. Elle est appelée à assumer sa responsabilité de secours et de sauvetage dans la Méditerranée, consacrer le droit de circuler dans son espace Schengen et faire preuve du respect des droits et libertés des citoyens de la rive sud de la Méditerranée. Et d'ajouter que l'Europe devrait cesser de procéder au rapatriement forcé des migrants tunisiens non organisés. «C'est ainsi que son soutien à la Tunisie retrouvera sa justification», conclut-il.