Les sportifs tunisiens de haut niveau sont en permanence en quête d'adaptation à l'entraînement, en compétition, à la vie en général. Sans cadre, ni repères. Et encore moins d'accompagnement nécessaire. Le sport, c'est un monde particulier où le temps est réduit et instantané. Le monde de la performance et de l'action. Chercher toujours plus haut, plus vite et plus fort est une philosophie non seulement établie, mais qui est aussi largement enracinée de nos jours. Les Jeux olympiques de Rio approchent. Quelques mois nous séparent encore de l'échéance mondiale la plus prestigieuse, et surtout la plus crédible et la plus respectable. Une échéance, une épreuve dans laquelle il ne peut y avoir de place que pour les sportifs de haut niveau. Chaque édition montre à quel point l'exigence de performance s'exerce dans un concert de plus en plus contraignant et concurrentiel. La Tunisie peut-elle devenir un pays de sport de haut niveau? Quelle optimisation sportive est-elle censée adopter pour arriver à une logique de compétitivité, de performance et de record? Il va sans dire que le haut niveau n'autorise pas de positionnements en demi-teinte. Mais plutôt des comportements et des attitudes d'élite. Le sport de haut niveau représente l'excellence sportive. Il est même reconnu par différents textes législatifs et réglementaires. Il repose aussi sur des critères bien établis tels que la reconnaissance du caractère de haut niveau des disciplines sportives, les compétitions de référence, le choix et la désignation des sportifs de haut niveau, les parcours de l'excellence sportive. Cela suppose également toute une institution capable de définir les orientations de la politique nationale du sport, de cibler le caractère de haut niveau des disciplines sportives, de déterminer les critères permettant de définir la qualité de sportif de haut niveau, d'entraîneur de haut niveau, d'arbitre et de juge sportif de haut niveau, de sportif espoir et de partenaire d'entraînement. Malheureusement, on ne dépasse pas chez nous le stade des avis émis, parfois de manière contradictoire, sur le nombre de sportifs susceptibles d'être inscrits sur la liste de haut niveau. La question, qu'on peut encore se poser et à laquelle on n'a pas toujours trouvé de réponse, concerne les critères de sélection des sportifs. A qui incombe la responsabilité des choix et des sélections? Comment se fait la validation? Et enfin qui en assume la conséquence? La méthode de choix et de sélection adoptée en Tunisie n'est pas trop différente de celle des pays qui ont l'habitude des podiums. Le directeur technique national (DTN) de chaque fédération propose à la direction des sports du ministère une liste nominative dans la limite des quotas. L'inscription sur cette liste est annuelle. Elle n'est pas cependant répertoriée sur des catégories, notamment à l'instar de ce qui se fait dans les pays de grande tradition sportive et qui comprend 4 catégories : Elite, Senior, Jeune et Reconversion. Ces sportifs doivent être âgés de 12 ans au moins dans l'année d'inscription et avoir réalisé les prérequis de performance sportive pour être inscrits sur les listes ministérielles. A la recherche de valeur d'exemplarité Sur le papier, nous avons beaucoup de ressemblance avec ce qui est entrepris ailleurs. Mais sur le terrain, la donne change cependant complètement. La quête de la performance devient souvent une obsession. Pour cette raison, le sportif de haut niveau a besoin d'être bien accompagné dans son rapport à la compétition, à la souffrance et à l'exposition médiatique. Ce n'est pas toujours le cas chez nous. Le sport, c'est des victoires, mais aussi des échecs et de grosses déceptions à encaisser. Se confronter à la difficulté pratiquement tous les jours, avec des entraînements quotidiens et, des fois, des études à suivre en parallèle, c'est difficile. Surtout lorsqu'on doit, en plus, gérer l'éloignement familial, les contre-performances, les blessures graves, les moments où on ne trouve tout simplement pas de solution. En même temps que l'effort physique, le sportif de haut niveau est appelé à se préparer psychologiquement à dépasser des situations extrêmement dures. Il doit apprendre à aller plus loin et être capable de se remettre en question, sans lâcher prise lorsqu'il est en difficulté. Le travail d'évaluation, de détection, de préparation, d'entraînement et d'accompagnement des sportifs de haut niveau ne répond pas en Tunisie aux normes et aux critères qui nécessitent d'ailleurs une organisation propre à chaque discipline sportive, rigoureuse et programmée. Est-ce qu'on tient vraiment compte des besoins du sportif depuis le moment où il est repéré comme «sportif à fort potentiel» jusqu'à l'aboutissement de sa carrière internationale? La jeunesse d'aujourd'hui n'est pas la même qu'il y a dix ans. Les contraintes, les obligations, le sens de la responsabilité et l'épanouissement ont aujourd'hui d'autres significations. Peut-être aussi d'autres noms. Même si on continue à dire que c'était mieux avant, les jeunes sportifs sont aujourd'hui plus alertes et plus ouverts sur le monde... Mais au-delà de tout constat lié aux attitudes, aux profils et au mode de comportement, les parcours des sportifs devraient être construits sport par sport, notamment à partir d'un réseau de structures qui leur offre les meilleures conditions d'évolution. Dans les pays développés, ce sont carrément des commissions nationales du sport de haut niveau qui valident les parcours de l'excellence sportive, toujours pour une durée pluriannuelle (l'olympiade), garantissant ainsi les stratégies fédérales à tous les partenaires aux sportifs de haut niveau. L'obsession de la performance est inhérente au sport de haut niveau. Les sportifs sont très exposés médiatiquement. Ils sont donc plus exposés à la critique. C'est une pression supplémentaire. Souvent difficile à gérer. Les sportifs tunisiens de haut niveau sont en permanence en quête d'adaptation : à l'entraînement, en compétition, à la vie en général. Sans cadre ni repères. Et encore moins de l'accompagnement nécessaire.