Des clubs pour et d'autres contre, autant d'inconvénients que d'avantages. Cela nécessite une mûre réflexion pour trouver un meilleur équilibre. L'effectif de chacune des équipes du championnat professionnel (Ligues 1 et 2) est limité chaque saison à trente (30) joueurs professionnels (sous contrat obligatoire), y compris trois joueurs au maximum de nationalité étrangère pour les équipes de la Ligue 1 (les joueurs étrangers ont été interdits en Ligue 2 (depuis plusieurs saisons, l'expérience tentée pendant quelques années ayant été jugée après évaluation peu bénéfique et source de nombreux litiges soumis à la Fifa et qui ont mis pas mal de clubs dans de sales draps et devant l'impossibilité d'honorer des engagements financiers bien au-dessus de leurs moyens). Les joueurs ayant la nationalité des pays affiliés à l'Unaf (Algérie, Maroc, Libye, Egypte), ainsi que ceux de nationalité palestinienne sont assimilés à des joueurs tunisiens et n'entrent pas dans le quota des trois joueurs étrangers autorisés. Les joueurs séniors de plus de 21 ans sont ceux natifs à partir de l'année 1999, ceux natifs en 2000 (du 1er janvier au 31 décembre) n'entrent pas dans le quota des 10 joueurs maximum que chaque club a le droit de recruter sous forme de transfert définitif ou de prêt cette saison. Même si le nombre des joueurs de l'Unaf n'a pas été laissé ouvert et a été limité par un plafond à ne pas dépasser, cette «faveur» accordée aux clubs tunisiens pour détourner, ou plutôt contourner par une opération déguisée la restriction et le seuil de trois (3) joueurs étrangers d'âge senior, ne bénéficie pas d'une large approbation et est l'objet de quelques réserves et de plus d'une réticence. Pour au moins deux raisons. La première, étant une question d'égalité des chances entre les clubs, quand on sait que seuls les clubs à gros budgets et disposant de moyens financiers énormes peuvent se permettre ce qu'on peut appeler un luxe, puisque les joueurs de qualité provenant de ces pays exigent beaucoup plus d'avantages et de rémunérations que les joueurs tunisiens et sont la plupart du temps trop payés pour ce qu'ils valent. Seuls les clubs ténors de notre championnat, comme l'EST, l'ESS, le CSS et le CA, raflent la mise avec un nombre important de joueurs recrutés; les autres, ceux du ventre mou du classement, n'ont droit qu' à quelques miettes, sans parler de ceux du bas du tableau qui, généralement, n'ont pas les moyens de les concurrencer et sont contraints d'éviter cette piste, hormis quelques petites exceptions la plupart du temps regrettées et n'ayant eu aucun apport et aucun plus au niveau de la valeur collective et le rendement de l'équipe. Le second grief qu'on peut faire à cette exception tunisienne (les autres pays de l'Unaf n'ont pas fait bénéficier les joueurs de nationalité tunisienne d'une telle générosité, se contentant d'une petite ouverture de saupoudrage sur nos joueurs de qualité), c'est qu'elle barre carrément la voie aux jeunes talents formés au sein des clubs qui voient leurs chances de plus en plus amoindries d'aspirer à être titulaires à part entière et de manière constante et régulière dans les dispositif et schéma du jeu adoptés par des coachs obnubilés par la recherche du résultat et des trois points que par la volonté de prendre et de relever le défi de lancer des jeunes dans le bain et de leur donner le temps nécessaire, voire indispensable, de s'intégrer et de s'imposer dans le onze rentrant pour s'éclater et faire éclater leur talent latent et gagner en confiance, en maturité et en expérience au moment opportun, et pas trop tard quand les carottes sont déjà cuites pour eux. Dédaignés, abandonnés à leur triste sort de réservistes et de colmateurs de brèches, la plupart de ces jeunes joueurs assoiffés de compétition et d'apparition sur le rectangle vert et soucieux de sauvegarder leur droit d'image et de figuration dans les reportages hebdomadaires des matches sur les chaînes radio, dans les émissions sportives télévisées et dans les compte-rendus des journaux, le lendemain des dures empoignades qu'ils auraient menées, cherchent, ces années, refuge dans des clubs moyens à effectifs réduits, où ils trouvent leur place et où ils arrivent parfois à montrer de quel bois ils se chauffent, envoyant des messages clairs pour ne pas dire à peine voilés à leurs clubs formateurs, qui ont opté pour les solutions de facilité et pour les résultats immédiats au détriment du moyen et du long termes. Sans oublier que le budget alloué pour le recrutement des joueurs étrangers et de l'Unaf bouffe plus de la moitié du budget de la section professionnelle et que les catégories jeunes du club (écoles, minimes, cadets et juniors) en paient lourdement les frais, travaillant dans des conditions déplorables, à tel point qu'on peut dire aujourd'hui adieu à la formation de base et au travail en profondeur qui sont le socle solide de toute équipe qui a un cap vers l'avenir et qui veut se mettre à l'abri d'instabilité et de lendemains qui pourraient un jour ou l'autre déchanter. Aussi, est-il grand temps de faire l'évaluation de cette ouverture sans contrepartie et sans réciprocité sur les joueurs de l'Unaf et de la revoir en vue de trouver un juste équilibre entre intérêt général de notre football et l'intérêt de nos clubs. Hédi JENNY