Aujourd'hui, le sport-roi a évolué. L'excellence ne rime plus seulement avec performance. Et c'est sur le terrain des infrastructures et des équipements que les grandes nations du football sont jugées. Seuls trois stades tunisiens sont homologués et peuvent en l'état abriter les compétitions interclubs à l'échelle continentale. Le constat est sans appel, un cinglant revers pour un pays où le sport-roi occupe une place centrale dans la vie de millions de citoyens, qu'ils soient fans, sportifs ou même simples passionnés intermittents des grands formats de notre compétition et des sorties du Team Tunisie. La missive de la CAF est donc tombée tel un couperet pour les uns, une décision attendue pour les autres, parmi les plus avertis, fins connaisseurs des arcanes de notre football et de ses supports. L'instance africaine a ainsi dévoilé la liste des stades tunisiens susceptibles d'abriter les rencontres des deux compétitions interclubs de la saison 2021-2022. Et la CAF n'a retenu que le stade Hamadi Agrebi de Radès, le stade Taieb Mhiri de Sfax et l'enceinte Mustapha Ben Jannet de Monastir. Certes, l'Olimpico de Sousse est en travaux, et il figurera dans la prochaine liste. Mais en attendant que notre parc de stades s'enrichisse à nouveau, que de questions lancinantes sont restées en suspens depuis peu, avec des promesses non tenues concernant la réhabilitation et même la refonte de plusieurs stades, à l'abandon depuis des années. Il a bon dos le football tunisien, et ce ne sont pas les cinq phases finales de Mondial disputées par la Tunisie qui nous diront le contraire. Ce n'était que l'arbre qui cachait la forêt. Et même au niveau des clubs, la régression est consternante, à l'exception de ces deux étincelles dans la grisaille qu'ont représentées les deux C1 de l'EST. Aujourd'hui, le sport-roi a évolué. L'excellence ne rime plus seulement avec performance. Mais c'est sur le terrain des infrastructures et des équipements que les grandes nations du football sont jugées.El Menzah, le Zouiten, le 15-Octobre de Bizerte, le stade Boujemaâ Kmiti de Béja, sans oublier le stade Hamda Laouani de Kairouan, tous à l'abandon, pour ne citer que ceux-là. Ils sont pour la plupart vétustes, sinon non adaptés, non éligibles et donc non conformes avec les critères de la CAF et de la Fifa. Manque de vision à long terme Il y a donc un manque cruel de stades aux normes internationales en Tunisie, et nos responsables n'ont pas pris la pleine mesure du quasi-drame qui se joue pour un pays où l'opium du peuple est omniprésent dans tous les foyers et bastions tunisiens. C'est une réalité tellement évidente pour des millions de férus que les autorités qui se sont succédé n'avaient aucun droit de ne pas en faire leur priorité. Il fallait forcément être visionnaire avec une certaine dimension politique qui ne ramène tout compte fait qu'à un devoir d'exigence. Que de rapports accablants publiés sur l'état de déliquescence avancé de nos infrastructures sportives. On a préféré noyer le poisson et promettre… Or, les promesses n'engagent que ceux qui y croient. Aujourd'hui, le football évolue à la vitesse de l'éclair. Ce n'est plus seulement un jeu mais un enjeu majeur. Et quand on veut hisser haut et fort l'étendard national, au niveau des clubs ou en sélection, l'on doit s'y atteler avec de fortes convictions. Et que l'on ne vienne pas brandir la ritournelle des moyens et des budgets serrés. En règle générale, quand le bâtiment va, tout va. Bref, l'investissement stratégique est le levier de la croissance et de la reprise. Ça crée des emplois directs et indirects, alors nul besoin de botter en touche en l'état, et de prétexter… En cette fin d'année 2021, nous n'avons pas le droit de méconnaître ce que veut dire respect du cahier des charges des instances : capacité d'accueil des enceintes, vestiaires de qualité, dispositifs d'éclairage et de sécurité adaptés, sans oublier la pelouse qui doit être verdoyante (si ce n'est un terrain en tartan). On récolte ce que l'on sème Aujourd'hui, en Tunisie, peu d'infrastructures satisfont aux différentes exigences. Dans ce contexte, l'on ne peut que récolter ce que l'on sème. Et au final, seuls trois stades sont fonctionnels. Pour un pays comme le nôtre, ne pas disposer de plus de trois ou quatre enceintes modernes aux normes, c'est tout de même triste et déprimant , surtout que pour la plupart de nos œuvres, le problème est lié à la maintenance et à l'entretien. Voilà comment ça se passe : on construit sans se soucier de mettre les moyens pour pérenniser les édifices. En clair, le manque de suivi fait son effet. Pourquoi ? Parce que le problème est davantage lié à un manque de vision à long terme qu'à une pénurie de moyens. Ça renvoie assurément à une mauvaise coordination entre les collectivités locales, la fédération et la tutelle. Et puis, pour les autorités, ce n'est pas toujours la priorité. Maintenant, si on pousse plus loin la réflexion, l'on peut affirmer que faire sortir de terre un stade, c'est une chose. Mais il faut aussi penser à la suite, comme comprendre que le stade doit être un lieu de vie aménagé, de villégiature aussi. On y vient de nos jours pour des compétitions sportives certes, mais aussi pour assister à des spectacles, boire un café, déjeuner, faire du shopping… La vérité, c'est que nos stades sont aujourd'hui dans un état déplorable et laissés à l'abandon. Pour comprendre les raisons de cet échec, nul besoin après coup de mettre sur pied une commission ad-hoc ou autre comité chargé de faire toute la lumière, sur ce fiasco et de proposer des solutions. La vérité est ailleurs messieurs les ronds-de cuir. Exemple : parfois même, volet construction d'un stade, l'étude de faisabilité n'intègre pas certains paramètres en rapport avec le transport et la logistique. A Radès, à titre d'exemple, après les matchs, le gros des fans rentre à pied ! Pourquoi ? Parce que l'on était obnubilé par la tentation du gigantisme que l'on a oublié l'essentiel. Quid de l'instrument de travail ? Passons maintenant à l'aire de jeu, le théâtre des opérations. La aussi, le problème est malheureusement récurrent, et c'est toujours un problème majeur. En Tunisie, on ne prête pas assez attention à l'état des terrains, qui est l'instrument de travail des joueurs. Et il faudra forcément pallier ces carences si l'on veut revenir dans les bonnes grâces des instances. En conclusion, espérons que bientôt, après cette notation de la CAF en rapport avec nos structures sportives, les autorités feront en sorte pour, qu'à terme, nous atteindrons le niveau nécessaire pour assurer le bien-être et la sécurité des joueurs, officiels et supporters attendus les jours de matches. La rénovation et l'acquisition de tous les équipements conformément aux remarques de la CAF, c'est l'actualité du moment. Ne pas agir et se montrer réactif à l'instant viendrait ternir un peu plus la réputation du football tunisien, déjà sérieusement entamée par les différentes sommations de la CAF, sanctions de la chambre de résolutions des litiges relevant de la Fifa et autres décisions rendues par le TAS ces derniers temps…