Lors de son premier séjour en Tunisie — une assez longue escale qu'il n'a pu oublier —, Henry Kasperczak avait été séduit par le charme de la Perle du Sahel. Dans la foulée, il a découvert l'Etoile Sportive qui représente en quelque sorte toute la région. C'est ainsi qu'il a puisé sans modération dans le réservoir de celle-ci pour constituer l'ossature de l'équipe nationale. Et personne n'a osé soulever la moindre objection car il n'avait pas (totalement) tort. Aujourd'hui qu'il est de retour, Dear Henry nous indique qu'il n'a pas la mémoire déficiente. Mieux, Sfax a montré le bout du nez — qui n'a rien à voir avec celui de Cléopâtre — pour lui dire: «Moi aussi, j'existe!». Et il a vite fait de répondre positivement à cette injonction. Résultat : il y aura quatre joueurs du Club Sportif Sfaxien pour accompagner quatre autres de l'Etoile Sportive du Sahel au sein de la sélection qui affrontera le Togo. C'est cela l'équité... Bien sûr, ces huit nominés représentent les deux équipes qui caracolent au faîte de la pyramide. Tandis que le troisième larron, l'Espérance Sportive de Tunis en l'occurrence, n'a placé qu'un seul élément parmi cette élite. Tout comme le Club Athlétique Bizertin... Ce qui n'est pas le cas du Club Africain. Puisque en tacticien émérite qui sait museler l'opposition, Henry a fait appel à deux joueurs qui n'ont aucune chance de figurer sur une feuille de match. Soit Atef Dkhili et Oussama Haddadi. Ils feront donc de la... figuration pure et simple! Restons dans le chapitre «local». Depuis la fulgurante éclosion de Youssef Msakni dans le paysage footballistique tunisien, aucun autre talent n'a brillé avec autant d'éclat. Sauf le tout jeune Bassam Srarfi!!! Voici un gamin qui, à lui seul, est capable de mettre en pièces détachées n'importe quelle défense. Et il l'a prouvé ! Cela vaut aussi pour Saâd Bguir qui possède un pied gauche magique qui, malheureusement, n'a pas l'heur de convaincre le head-coach. Et il n'y a pas que ces deux-là... Pourtant, ils ont été écartés. Les expatriés : parlons-en ! A présent, parlons des expatriés, ces footballeurs nés en Europe de parents entièrement — ou partiellement — tunisiens. Dans la plupart des cas, ils ont défendu les couleurs françaises dans les catégories des poussins. Mais quand ils ont compris qu'ils n'avaient pas la moindre chance de grimper chez les Coqs, ils se sont rabattus sur leur nationalité d'origine. Dans le but d'aller jusqu'au tournoi final d'une CAN, ou d'une Coupe du monde. Ce qui améliorerait sensiblement leur standing. Rien que pour cela, ils méritent le respect et la considération. Mais, entre nous, hormis Sami Khedira et Hatem Ben Arfa, quels sont les autres expatriés qui ont brillé de mille feux à l'échelle internationale ? Quasiment aucun !!! Et Sami a eu raison de nous snober pour les raisons que tout un chacun connaît. N'est-il pas devenu un champion du monde avec l'Allemagne, lui l'Hammamétois ? Idem pour le merveilleux Hatem qui est en train de tirer l'OGC Nice vers le haut... Sami a joué au Real Madrid, avant de défendre le maillot de la Juventus de Turin. Hatem est parti de Lyon vers Marseille, avant d'aller à NewCastle et retourner en direction de la Promenade des Anglais. Ces deux pépites n'ont pas leur pareil. Ensuite ? En effet, dans la liste dressée par le sélectionneur national, on s'aperçoit qu'il a été fait appel à des joueurs évoluant à : Nîmes, Troyes, Ajaccio, Mouscron, Paris FC, Valence et Sunderland. Des équipes de second plan qui ne sauraient, ni ne pourraient, rivaliser avec les ténors des différents championnats. Savez-vous que Valence, d'Aymen Abdennour, est positionné en 14e place de la Liga ? Légèrement mieux que le Sunderland de Wahbi Khazri qui traîne dans les profondeurs du classement (18e). Pire que cela, ces garçons sont la plupart du temps scotchés sur le banc des remplaçants. En quoi seraient-ils donc supérieurs à leurs homologues locaux ? La différence existe, je l'avoue, et elle ne concerne que le plan mental. C'est que ces footballeurs ont été à bonne école : celle du professionnalisme pur et dur, qui ne saurait être comparé au modèle tunisien ! Malgré cela, seuls Ferjani Sassi, Aymen Abdennour et Wahbi Khazri, de par leurs qualités intrinsèques, peuvent apporter le plus espéré. Et il se pourrait que des «lumières» jaillissent de cet étonnant patchwork. Comme on souhaite que la mayonnaise prenne entre des joueurs venus de tous les horizons et qui n'ont jamais joué ensemble. Prions donc pour Henry Kasperczak et sa bande !