Outre les nombreux coups de filet qu'elle a engendrés, l'enquête sur la dernière attaque de Ben Guerdane est en train de donner lieu à des révélations plus sensationnelles que prévu Pas de répit, zéro sieste au QG de la brigade des unités spéciales de la Garde nationale de l'Aouina à laquelle a été confiée l'enquête sur la dernière attaque terroriste de Ben Guerdane. Dans son bunker qui n'a rien à envier aux locaux hermétiquement fermés du FBI et de la CIA (toutes proportions gardées, bien sûr), ladite brigade est en train d'abattre un travail fou jusqu'à une heure tardive de la nuit. Tout est passé à la loupe : recoupements, investigations, interrogatoires non-stop avec les présumés terroristes arrêtés et suivi instantané accordé à la première révélation, à la moindre information émanant aussi bien des arrondissements régionaux de la brigade que des services de renseignements des pays frères et amis. Et parce que deux précautions valent mieux qu'une, une double attention est portée aux interrogatoires que subissent les détenus cueillis sur le champ de bataille à Ben Guerdane et ailleurs. Il est vrai que les terroristes, de par le monde, ont...l'art de dérouter les enquêteurs, par échappatoires et contradictions interposées. D'où la difficulté de leur arracher des aveux sérieux et exploitables. D'où aussi l'obligation d'user de beaucoup de patience pour les pousser à vider le sac. Et jusqu'à présent, cette méthode a marché, comme en témoignent les nombreux coups de filet opérés dans les rangs de certaines cellules dormantes dont l'implication dans l'attentat de Ben Guerdane a été établie. Cependant, une seule ombre au tableau : l'élimination des dangereux caïds Manita, Mars et Kordi qu'on aurait aimé avoir vivants avec leur...boîte noire qui constitue sans aucun doute une mine d'informations. Toujours est-il que le puzzle de l'attaque de Ben Guerdane est en train d'être, doucement mais sûrement, reconstitué pour donner lieu à des révélations plus sensationnelles que prévu. Jugez-en : – L'attaque a été planifiée au QG de Daech à Syrte d'où sont partis les ordres donnés à la cellule de Sabrata, composée de 200 terroristes dont la moitié sont de nationalité tunisienne. – Les cellules dormantes en Tunisie ont toutes été mobilisées, mais seules une dizaine d'entre elles basées dans le Grand Tunis, à Sidi Bouzid, à Gafsa et à Tataouine ont répondu à l'appel, les autres n'ont pas pu faire le déplacement de Ben Guerdane, pour des raisons sécuritaires. – D'importantes quantités d'armes (dont des missiles) stockées secrètement dans le sud du pays allaient être utilisées dans l'attaque au fur et à mesure de l'avancement de l'opération. La découverte plus tard d'une partie de ces stocks pourrait être suivie d'autres, selon l'évolution de l'enquête. – Des attentats à la voiture piégée et à la ceinture explosive étaient également programmés, qui viseraient casernes, postes de police et de la Garde nationale, édifices publics... – Selon leur modus operandi, les assaillants, une fois la première étape de l'opération réussie, devaient recevoir des renforts en hommes et en armes, non seulement des cellules dormantes en Tunisie, mais aussi d'une petite armée de daechistes prêts à l'invasion à partir de leurs camps de concentration de l'autre côté de la frontière avec la Libye. – Après avoir fait main basse sur Ben Guerdane, les terroristes projetaient de marcher sur les régions de Médenine, Djerba, Zarzis, Tataouine, Kébili et Gabès. Soit le sud de la Tunisie, moins sa capitale, Sfax. – Une fois l'émirat de Ben Guerdane installé, l'homme fort de Daech, Aboubakr Al-Baghdadi, a promis des attaques de soutien, via la voie maritime et par vagues humaines infiltrées de Libye et d'Algérie. – Tous les accès à la ville de Ben Guerdane devaient être ensuite transformés en champs minés pour empêcher l'arrivée des forces de sécurité et de l'armée. – Une fois le plan mené à bon port, une fulgurante campagne médiatique internationale tactique propagandiste chère à Daech devait être orchestrée, à travers la Toile, pour fêter la victoire et promettre le même sort à d'autres pays «ennemis». – S'ils n'avaient pas fait chou blanc, les assaillants auraient mis le sud tunisien à l'heure de l'obscurantisme religieux fait, comme on le sait, d'exactions, d'atrocités et de mode de vie moyenâgeux. – Toujours selon les mêmes révélations de l'enquête, fruit des aveux arrachés, Daech possède en Libye plus de 40 camps d'entraînement, un nombre incalculable de dépôts de stockage d'armes et une petite flotte d'avions de combat sur lesquels veillent d'anciens pilotes de différentes nationalités. Dans la foulée, ladite organisation terroriste est en train de confectionner d'autres armes et de moderniser sa flotte marine le long du littoral de l'immense région de Syrte, en y mobilisant l'élite de ses «ingénieurs» et «savants», au moment même où le nombre de ses effectifs ne cesse d'augmenter, avec de nouvelles recrues venues d'Occident, de Turquie, de Syrie, d'Irak, d'Asie (Ouzbékistan, Kazakhstan, Tchetchénie...) d'Afrique (Soudan, Mali, Niger, Tchad, Nigeria, Somalie, Algérie, Maroc, Mauritanie, Tunisie...), voire du Golfe (Arabie Saoudite, en particulier). Encore une fois, bravo à nos forces de sécurité et à l'armée qui ont sauvé tout un peuple d'un scénario catastrophique.