Par M'hamed JAIBI Le projet de loi en voie d'adoption relatif à «l'enrichissement illicite» et à la transparence, représente un véritable tournant quant à la responsabilisation des commis de l'Etat, des élus et des hauts fonctionnaires du pays. Cette loi en projet prévoit de réglementer le «conflit d'intérêts» et de préciser les conditions de la «déclaration des biens» qui incombe aux responsables publics de haut grade. Et l'Instance de lutte contre la corruption, que préside Chawki Tabib, voudrait voir élargir le listing des responsables devant être redevables d'une telle déclaration. En plus des notables de l'Etat et de l'administration publique, l'Instance voudrait rajouter les responsables des différents partis politiques, eu égard à leurs rôle et place dans le nouveau système politique pluraliste et démocratique. Les dirigeants des partis conditionnent, en effet, de par leur autorité, la stratégie politique de leur formation, la composition et l'ordre des candidats sur leurs listes électorales aux législatives, le candidat du parti à la présidentielle et le choix du président de leur groupe parlementaire à l'ARP. Et donc influencent décisivement les choix du pays. L'Instance souhaite aussi que la déclaration des biens intervienne automatiquement à la prise de fonction et de nouveau immédiatement dès la fin de la mission. De même qu'il est question de fixer les moyens et procédures de l'enquête devant être menée en cas de soupçons d'enrichissement illicite. Et l'instance suggère même de durcir les peines encourues en cas d'irrégularités, d'infractions ou d'actes criminels caractérisés. L'Instance, qui a félicité les diverses institutions nationales ayant appelé à enquêter sérieusement à propos des Tunisiens qui seraient cités par les « Panama Papers », appelle à une réelle prise de conscience à propos des risques qu'impliquent les malversations, les jeux d'influence, les délits d'initié, les fuites de capitaux et l'argent sale. Et elle s'adresse à tous les partis politiques pour qu'ils respectent strictement la loi à propos de leur financement, et qu'ils déclarent tous les montants qu'ils reçoivent ainsi que leur provenance. Des données qui doivent être rendues publiques, afin de gagner la confiance des citoyens et d'éviter toute suspicion à ce niveau. Et l'Instance d'inviter à accélérer l'élaboration de la Loi fondamentale sur le financement des partis et des associations, outil indispensable et très attendu pour une lutte efficace contre l'argent suspect et les financements occultes qui menacent notre fragile expérience démocratique. M.J.