Ma fille aînée va avoir bientôt 25 ans. Un de plus que sa mère quand cette dernière l'avait mise au monde. Malgré ses vingt-quatre années et neuf mois accomplis, ma fille ressemble plutôt à un enfant. Pas totalement, car elle a des accès de sagesse à vous couper le souffle. Surtout quand il s'agit de nous critiquer sa mère et moi. Enfant car elle reste surtout drapée de son innocence toute première, avec un visage angélique, sans aucune trace de maquillage et avec son nounours pour se déstresser. Enfant, car elle semble se donner corps et âme à ses études. Et tout en se préparant à soutenir son mémoire de master, elle compte fermement poursuivre son cursus pour le doctorat et postuler ainsi à une carrière universitaire. Les études sont donc tout pour elle et rien du côté de ses rêves légitimes de fonder un foyer… sa mère, source que j'estime fiable, faisant foi. Matheuse, élève dans une grande école, mon aînée carbure donc pour rester dans le peloton de tête dans sa filière et assurer ainsi son avenir. Elle ne semble pas en revanche donner une quelconque attention à son avenir matrimonial. Tout à fait normal de nos jours. Quand sa mère avait 21 ans et que le projet de fonder une famille avait germé dans nos deux fêtes, sa mère avait abandonné l'idée de repasser son bac Lettres pour intégrer, après un concours, la Fonction publique. Deux évolutions en si peu de temps. D'abord préparer son mariage, ensuite rejoindre la population active occupée. En quelques mois, sa mère entrait de plain-pied dans l'âge adulte… les responsabilités. En quelques mois, sa mère avait quitté ses pantoufles de gosse gâtée pour ses brodequins de chef de projet. Penser à tout, les cérémonies, le mobilier, les équipements…Ah, brodequins n'a rien à voir avec sa féminité, tout simplement un jeu de mots, car d'un coup, sa mère, juste après les fiançailles, est devenue presque la jeune mariée élégante et posée, elle se voyait déjà Mme… et se comportait en conséquence, surtout quand elle prenait part aux cérémonies de mariage aussi bien du côté de sa famille que du côté de la mienne. Son modèle, à l'époque, Lady Diana, Princesse de Galles, charmante, intelligente, élégante… Féminine elle l'est restée, sa mère. Mais autoritaire elle est devenue. Bien sûr puisqu'il s'agissait de son mariage à elle. Elle imaginait tout… dans le moindre détail. Quant à moi… Peuffff,… je n'avais qu'un seul choix, m'exécuter. Une vraie machine à organiser, ma future femme à l'époque, et future mère de ma future fille. Et la mère de ma future femme à l'époque, c'est-à-dire ma future belle-mère. Eh bien, elle essayait de freiner les ardeurs de sa fille, c'est-à-dire ma future femme. Sauf quand certaines traditions sont à respecter. Allez savoir maintenant comment fera ma fille quand elle se décidera enfin à penser au mariage et quand se présentera son prince charmant. Ce que je voudrais savoir le plus, c'est comment sa mère va se comporter. En tous les cas, mon comportement à moi est connu d'avance… Aurais-je la possibilité de donner mon avis ? Certainement. En revanche, je serais invité à m'exécuter.