"Wafa" avait passé dix ans de sa jeunesse à attendre le retour de son fiancé, parti à l'étranger pour y travailler et économiser un peu de sous. Elle avait dix-sept ans, quand "Naoufal" demanda sa main à ses parents, qui étaient au départ réticents, mais ne pouvaient refuser, pour le bonheur de leur fille, qui s'était entichée de jour en jour de ce prétendant, qui était à ses yeux, le prince charmant. Il rentrait chaque année d'Italie, où il avait émigré pour rencontrer sa dulcinée, avec des cadeaux plein les bras, et beaucoup de promesses. La jeune fille était comblée et n'était pas prête pour tout l'or du monde à le trahir ou voir quelqu'un d'autre prendre sa place dans son cœur, qui ne frémissait que pour lui, qu'il fut à côté d'elle ou à mille lieues. Mais "Les vents ne soufflent pas toujours au gré des voiliers" comme a si bien dit le poète arabe bien connu "Al Moutanabbi". Le père de la jeune fille décéda et les choses avaient bien changé. Car la mère se retrouvant toute seule à prendre en charge ses quatre enfants, dont "Wafa", obligea celle-ci à interrompre ses études pour chercher du travail, afin de l'aider à subvenir aux besoins de la famille. La jeune fille avait maintenant 25 ans, et elle était inscrite dans un institut supérieur de gestion. Elle était donc en année de maîtrise, et il était dommage pour elle, d'être perturbée, en cette année cruciale. Mais elle fut acculée à travailler à mi-temps dans une entreprise, qui n'était pas, du reste, très loin de la faculté où elle était inscrite. Ce qui était en quelque sorte une aubaine. Au fil du temps un des cadres de cette entreprise, richissime de surcroît, s'était épris de la jeune fille. Cependant, il n'était pas question pour celle-ci de trahir son fiancé ou de lui faire faux bond. Celui-ci l'avisa, qu'il ne rentrait pas pendant les vacances, car il comptait rentrer plus tard, mais définitivement, cette fois-ci et commencer les préparatifs du mariage. Cette nouvelle, bouleversa la jeune fille à tel point qu'elle rata son examen. Le cadre en question insista lourdement pour qu'elle fasse plus ample connaissance avec lui, et finit par lui annoncer qu'il l'aimait et qu'il était prêt à demander sa main de sa mère. D'ailleurs, pour prendre les devants, il alla, un dimanche, inopinément chez elle, pour rencontrer sa mère et lui faire part de son intention. La maman ne trouva pas l'idée mauvaise, d'autant plus que Naoufal n'avait pas l'air encore de se décider, outre le fait qu'il n'était pas rentré pendant les vacances d'été, et qu'il n'avait pas donné signe de vie, depuis un bon moment. Aussi procéda-t-elle à un lavage de cerveau de sa fille, afin de l'inciter à accepter cette offre. Celle-ci tint bon et refusa, mais la mère la mit devant le fait accompli en lui annonçant qu'elle avait à choisir entre rester à la maison et accepter de se marier avec le cadre en question, ou quitter les lieux, et ce sera lui dit-elle la rupture pour toujours. Le cadre, de son côté, avait précipité les choses faisant de sorte que les fiançailles soient fixées dans les deux mois à venir. La jeune fille, bien que réticente n'avait pu en dire mot, mais son seul espoir était de voir Naoufal de retour au pays. Mais elle perdit contact avec lui. "Que faisait-il ? Que devient-il" pensa-t-elle. Dix jours avant les fiançailles, Naoufal rentra au pays. Il alla directement chez sa dulcinée, mais fut cependant très mal reçu par la mère. Celle-ci lui annonça, en l'absence de sa fille, qu'il ne fallait plus y compter. Elle ajouta qu'il y avait un autre prétendant, et que les fiançailles étaient déjà fixées dans dix jours. La nouvelle s'abattit sur lui comme un couperet. "Et Wafa est d'accord ? Elle a accepté facilement ? m'a-t-elle très vite oublié ?" lui demanda-t-elle dans tous ses états. "Bien sûr qu'elle allait accepter ! Qu'est-ce que tu faisais pendant tout ce temps ? Pourquoi n'as-tu pas donné signe de vie ? Elle ne va pas t'attendre AD Vitam Eternam". Lui répondit-elle avec tout le sang froid dénotant d'un cynisme sans pareil. Estomaqué, le pauvre jeune homme quitta les lieux, sans autre forme de procès, et sans demander son reste. Cependant, son erreur était de n'avoir pas pris contact avec l'intéressée pour écouter sa version et connaître sa position de vive voix. Quand la jeune fille rentra, sa mère en profita pour lui donner une autre version des choses. "Tu sais que Naoufal est rentré" lui dit-elle "Oui je l'ai appris", répondit la fille. "tu sais, il est venu ici, pour m'annoncer qu'en réalité il renonçait au projet de mariage. Je suis désolée de te l'annoncer, mais c'est ce qu'il m'a dit" lui lança tout bonnement sa mère. La jeune fille était terrassée, voire décimée par cette nouvelle. Elle ne put en dire mot, tellement elle était bouleversée sa gorge s'asséchait de plus en plus et ses cordes vocales se raidirent. Elle perdit pratiquement la parole. Tard le soir, elle fut transportée, en état de choc à l'hôpital. Le surlendemain, le jour du drame, elle était rentrée de l'hôpital et était encore fatiguée et sous le choc. Vers les 10 heures, sa mère qui était au marché, revint à la maison, pour lui annoncer crûment que Naoufal s'était suicidé. "Il fut découvert dans sa chambre, pendant au bout d'une corde "ajouta-t-elle. La fille perdit connaissance et son état s'est aggravé. De nouveau transportée à l'hôpital, elle fut retenue, pour un séjour de soins intensifs. Quant au suicidé il fut transporté à la morgue sur ordre du procureur qui ordonna une autopsie. Cependant, coup de théâtre : celle-ci révéla que le jeune homme mourut empoissonné. En effet des particules d'un produit toxique furent découverts dans le sang de la victime. Ce qui voulait dire que le suicide n'était que simulé, et il s'agissait donc, bel et bien d'un meurtre. Mais qui avait intérêt à l'assassiner, et à quelle fin ? Quel produit avait-il ingurgité ? Des questions qui restèrent sans réponse. Tout le monde était interrogé. La belle mère n'avait pas quitté sa fille d'une semelle. D'autant plus que celle-ci était au moment des faits à l'hôpital. Le nouveau fiancé, ne connaissait même pas la victime et n'avait à aucun moment pris contact avec lui. Il restait la femme de ménage qui fut sérieusement inquiétée. Car celle-ci qui travaillait chez la belle mère, avait l'habitude de rendre visite au défunt dans son studio à Tunis. Celui-ci, ayant sa famille au nord de la Tunisie, l'avait loué, pour y élire domicile et se rapprocher de sa dulcinée. Mais le jour du drame, la femme de ménage n'avait pas contacté le défunt car elle n'était pas au courant de son retour, selon ses déclarations. Avait-elle dit toute la vérité ? C'est la question qui restera à jamais posée dans cette affaire où la vérité a été enterrée avec la victime.