Bon sang ne saurait mentir ! Sur les traces de son père Ali qui présida aux destinées du club du Bardo entre 1957 et 1963, Moncef Chérif prit à son tour le témoin durant le mandat 1996-98. L'ancien président de la FTF (1990-93) jette un regard lucide sur la chute libre d'un monument du sport national, parlant «d'un géant aux pieds d'argile». «Depuis au moins cinq ans déjà, on voyait le coup venir, le ST jouant à chaque fois pour sauver sa peau. Cette descente aux enfers aurait même pu survenir il y a trois ou quatre ans. Entre-temps, personne n'a osé responsabiliser l'équipe en l'invitant à revoir sa gestion alors que les présidents ne cessaient de se succéder. On a même assisté au spectacle insolite d'élections à la présidence du club se déroulant à la lumière d'une bougie. La situation étant telle, la question est de savoir si le club a les moyens de se maintenir en L 2 car il n'échappe à personne que la L 2 est plus difficile que la division d'élite. Il aura manqué au Stade un président fédérateur disposant d'importants moyens financiers. Par ailleurs, il faut investir au niveau des jeunes afin que l'équipe seniors soit alimentée par des joueurs cadets et juniors. Le constat est d'autant plus grave qu'il n'y a vraiment plus rien. Lors de la dernière réunion des anciens présidents du club, il n'y avait que le président et le vice-président parmi le bureau actuel. Bref, il n'y avait plus de bureau, plus d'équipe dirigeante à la hauteur du club. Toutefois, on n'a pas idée de baisser les bras. Un grand club qui se respecte n'a pas le droit de déclarer forfait. On peut jouer avec les juniors, s'il le faut. Il est malheureux de constater que la relégation du ST a été précipitée par ses propres dirigeants. Il aurait fallu faire preuve d'esprit sportif et respecter l'éthique. «La FTF s'est crue à l'ère de l'amateurisme» Maintenant, le club du Bardo doit repartir de zéro et arrêter de recruter de vieux joueurs auprès des grands clubs qui arrivent au Bardo juste pour terminer leur carrière tranquillement. Avec le résultat que l'on connaît : 4 victoires seulement sur une saison, le ST n'a pas d'attaque, pas de joueurs qui font la différence. Certes, on peut remédier à cela par les vertus de l'homogénéité, d'un ensemble soudé. Mais là non plus, ce n'est pas le cas. Rebondir, cela va s'avérer très difficile, j'espère du moins être contredit. Je crois que, hormis la bande des quatre (EST, ESS, CA, CSS), tous les autres clubs ne sont pas préparés pour le régime professionnel. Le ST en fait partie. Il faut revoir les structures du professionnalisme : on n'est pas passé par une étape transitoire. Un joueur pro doit être préparé au niveau de la gestion, de sa formation, de l'éducation. Il lui faut un coaching spécial. Dans l'affaire du gardien de l'ASM, Youssef Trabelsi, la fédération devait bel et bien sanctionner, mais tout en respectant la réglementation en vigueur. Ce qui s'est passé est grave : la FTF s'est crue toujours à l'ère de l'amateurisme en décidant de radier à vie trois joueurs. Or, il s'agit de joueurs professionnels dont le métier n'est autre que le foot. De plus, il faut donner aux joueurs incriminés les moyens de se défendre».