Toute la population de Tabarka-Ain Draham et tout le gouvernorat de Jendouba sont encore sous le choc. Meurtris. En émoi même. C'est que l'annonce, le 28 mai dernier, par la ministre du Tourisme de l'installation d'une ligne téléphérique à Zaghouan, vient de sabrer un rêve bien ancien. Et pour cause, ce projet a été programmé depuis longtemps au gouvernorat de Jendouba, plus particulièrement à Tabarka-Aïn Draham Plus qu'un simple projet, la ligne téléphérique est pour cette population du Nord-Ouest un droit historique. C'est justement depuis la colonisation française que ce projet a été initié, mais malheureusement pour des raisons encore floues, il n'a jamais été achevé. L'éternelle politique de sabotage En 2005, lors d'un conseil régional, l'idée d'installation de cette ligne téléphérique a été relancée et approuvée. Encore un échec et toujours les mêmes points d'interrogation. En 2012, également dans le cadre d'un conseil régional, l'on a ordonné encore une fois la réalisation rapide de ce projet, avec le souci de doter cette région d'une nouvelle offre à forte valeur ajoutée. Le même résultat. Mais quatre ans après, voilà que Mme la ministre du Tourisme, certainement dépassée par les exigences aussi bien actuelles que futures du secteur, crée la polémique suite à la décision du transfert de ce projet à Zaghouan. Une décision qui vient raviner les derniers espoirs de cette région de décoller. Plus grave encore, cette décision est également une privation d'un droit qu'on pensait à jamais acquis. Justement, cette ligne aurait dû être, comme l'a souligné récemment un habitant de la région à l'Agence Afrique Presse, une spécificité bien particulière de la région. Il rappelle même qu'une ligne téléphérique a été installée à Jendouba, à l'époque de la colonisation, reliant ainsi la ville de Jendouba au barrage Béni M'tir pour le transport aussi bien des matériaux de construction que des provisions pour les ouvriers et les colons. Une fuite en avant discrète On peut donc noter que cette décision de transfert vient conforter encore cette région du Nord – Ouest dans son isolement économique. D'un autre côté, elle intervient pour confirmer, surtout, une politique de sabotage très ancienne et dont Tabarka a toujours été la victime phare : l'annulation du festival international de la photo sous-marine, la marginalisation du celui du jazz, de la musique du monde, du rai ou encore l'incapacité d'assurer une bonne gestion sont autant d'éléments qui attestent de cette politique de sabotage. Sans parler bien entendu de l'absence de toute volonté et de tout programme pour la valorisation du potentiel touristique exceptionnel et qui reste toujours d'une spécificité particulière. Dommage, car avec ce transfert, Tabarka reste et resterait, sans aucun doute, une ville totalement livrée à elle-même. Une ville qui en train de perdre rapidement mais sûrement tout ce qui faisait autrefois son originalité. Et dire qu'autrefois, elle était prédestinée en tant que ville écologique modèle. On se rappelle d'ailleurs, qu'elle a été retenue candidate au programme national des villes jardins. La ville du corail semble désormais perdue, et « comme l'écrivait l'année dernière le journal Le Monde, bien triste». Et le risque est de voir cette tristesse se transformer en désarroi et surtout en haute tension. L'annulation de la ministre de sa visite à Tabarka, prévue début juin, est significative. C'est une fuite en avant bien discrète.