L'affaire Chokri Belaïd, fondateur du Parti unifié des patriotes démocrates (Al Watad), assassiné le 6 février 2013, continue de nourrir les passions, en l'occurrence nationalistes, et les tensions, de maintenir la pression sur les dirigeants au pouvoir et demeure une épine aussi bien dans le pied des parties suspectes de complicité que dans celui de la justice, non épargnée par les critiques des camarades du martyr. L'affaire, qui a semé un vent de panique sans pareil et une vague de solidarité inédite en Tunisie et à l'étranger, à l'époque de la Troïka, piétine, traîne et agace, entretenant la tension entre, d'une part, les militants du Front populaire et, d'autre part, ceux qu'ils accusent d'être responsables, du moins politiquement, d'un assassinat aussi crapuleux et honteux pour la révolution tunisienne et les Tunisiens. Les Frontistes, qui se sont constitués partie civile et qui ont menacé, plus d'une fois, de porter l'affaire Chokri Belaïd devant la justice internationale, accusent la justice tunisienne, précisément le juge d'instruction en charge de cette affaire, le juge du bureau n°13, de dissimulation de preuves et de complicité, revendiquant, de ce fait, que le dossier lui soit retiré. Mais en vain. Leurs appels successifs et leurs alertes de plus en plus insistantes sont restés sans suite. Les militants d'Al Watad ont donc décidé de porter plainte, lundi dernier, contre le juge d'instruction en question pour dissimulation de preuves et complicité dans le meurtre de Chokri Belaïd. Dissimulation de preuves Selon notre confrère Buisness News, une source judiciaire digne de foi aurait confirmé l'existence de dissimulation de preuves. Elle aurait confié que les investigations ont mené à des aveux faits par un individu qui a assuré avoir été approché par les assassins de Chokri Belaïd pour lui demander de les aider à dissimuler les armes du crime (deux pistolets). Cet individu aurait avoué avoir transporté les armes dans deux paquets de lait et utilisé la barque de son père pour les jeter à la mer. Selon le site, le juge d'instruction est accusé d'avoir dissimulé cet aveu, sachant que l'individu a été laissé en état de liberté. En réaction aux accusations portées contre le juge du bureau n°13, le ministre de la Justice, Omar Mansour, a chargé l'inspecteur général du ministère de la Justice de mener les investigations nécessaires afin de vérifier les accusations d'irrégularités qui auraient, selon les plaignants, entaché l'instruction de l'affaire et entravé le bon déroulement des investigations sur cet assassinat, empêchant ainsi la vérité d'être dévoilée au grand jour. Les résultats des investigations de l'inspecteur général seront attendus avec beaucoup d'impatience et pas seulement par les camarades du martyr Chokri Belaïd.