Démarrage, aujourd'hui à Ben Arous, d'une série de forums citoyens qui verront les habitants de la ville décider des projets communaux de leur région pour 2017 Il est un sujet d'une importance capitale, puisqu'intéressant directement le citoyen dans sa vie quotidienne, qui demeure posé depuis l'avènement de la Révolution de la dignité et de la liberté. Il s'agit de la gestion de nos municipalités qui fonctionnent, il y a maintenant environ six ans, sous la forme de délégations spéciales dirigées par un collectif composé de représentants des partis politiques les plus influents dans la région et des associations de la société civile les plus actives. Et dans certaines régions du pays où cette formule n'a pas fonctionné comme on le voulait, les délégations spéciales sont confiées aux délégués qui les administrent comme un service administratif rattaché à leurs attributions en attendant l'organisation des élections municipales prévues pour mars 2017 mais qui vont être reportées à une date ultérieure dans la mesure où la loi organique sur les élections n'est pas encore votée par les députés, et son examen est bloqué au niveau de la commission parlementaire de législation générale relevant de l'ARP du fait du désaccord sur la participation des sécuritaires et des militaires aux élections, Ennahdha posant toujours son veto. Et les résultats ne se sont pas fait attendre dans la mesure où nos municipalités vivent dans leur écrasante majorité dans une situation déplorable. En témoignent les montagnes d'ordures ménagères jonchant nos rues et les artères principales des grandes villes et aussi l'incapacité de nos maires intérimaires à délivrer un permis de bâtir, à démolir un kiosque construit anarchiquement ou à libérer les trottoirs occupés illégalement par des cafétiers se considérant au-dessus de la loi. Quant aux projets d'infrastructure manquante ou d'équipements et de commodités relevant des attributions ordinaires de toute municipalité chargée de gérer la ville, on n'entend plus parler, et même les communiqués officiels qui étaient publiés au début de chaque été pour inviter les citoyens à assister à la réunion semestrielle du conseil municipal (chaque conseil municipal est tenu d'organiser deux réunions ouvertes au public, la première en juillet, la seconde fin décembre) ont disparu des médias et ne sont plus affichés sur les murs de la municipalité elle-même ou des cafés comme au bon vieux temps. Que faire face à cette démission quasi générale même si le ministre des Collectivités locales Youssef Chahed ne cesse d'annoncer que plusieurs délégations spéciales seront dissoutes avant les prochaines élections municipales, d'une part, et de licencier, d'autre part, les responsables municipaux ayant failli à leur mission dont en premier les secrétaires généraux considérés comme la cheville ouvrière de l'action municipale. Ben Arous se prend en charge En attendant que Youssef Chahed réussisse à faire voter le nouveau code électoral et que l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie) décide de la date des élections municipales attendues avec impatience, certaines composantes de la société civile ne sont pas restées les bras croisés et se sont activées en exploitant les opportunités existantes pour participer à la gestion des villes où elles militent. C'est le cas de la ville de Ben Arous où se tient aujourd'hui et demain le premier forum citoyen à la salle de la municipalité. Au programme de ce forum, «les habitants de Ben Arous choisiront les projets prioritaires d'infrastructure de base dans le budget communal de 2017». C'est la concrétisation du contenu de la convention signée le 3 avril dernier entre la commune de Ben Arous et des associations de la société civile. En vertu de cette convention, «les citoyens de Ben Arous décideront d'une manière directe des dépenses du budget communal relatif aux projets d'infrastructure de base englobant les trottoirs et chaussées, l'éclairage public et l'embellissement de la ville». Seïfallah Cherif, président de la délégation spéciale de Ben Arous, souligne: «Nous valorisons cette orientation et nous l'encourageons car elle incite le citoyen à participer à la prise de décision et à assumer sa responsabilité dans le suivi et l'exécution des projets municipaux, ce qui fait du citoyen une partie prenante et influente dans sa commune». Trois autres forums citoyens sont programmés d'ici le 7 août prochain. Ainsi, les 30 et 31 juillet, les habitants de Yasminate et Sidi Mosbah décideront des projets de leur arrondissement. Les 6 et 7 août, ce sera au tour des habitants de Ben Arous-Est (à la salle municipale) et à ceux de Medina Jedida (au Palais de l'enfance) de faire de même. Reste maintenant de savoir si les projets qui seront programmés par les citoyens de Ben Arous seront retenus par les nouveaux édiles qui seront élus lors des futures municipales. Un début de réponse : au rythme actuel de l'examen de la future loi électorale et de l'impossibilité technique de voir les municipales se tenir avant l'été 2017, les habitants de Ben Arous pourraient voir leur initiative citoyenne concrétisée avant que les politiques ne prennent la relève et chambardent tout.