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Société : Lutte contre le gaspillage alimentaire, l'enjeu n'est pas seulement économique
Publié dans La Presse de Tunisie le 04 - 04 - 2024

En dépit des campagnes de sensibilisation menées à longueur d'année en vue d'endiguer le phénomène du gaspillage alimentaire observé d'ailleurs partout dans le monde et non seulement en Tunisie, on continue à jeter à la poubelle environ 10% des aliments, sans se soucier du pouvoir d'achat qui s'est rétréci ces dernières années comme peau de chagrin et des graves incidences sur la sécurité alimentaire et le climat.
Selon le tout récent rapport de l'ONU sur l'indice de gaspillage alimentaire publié en mars 2024, le monde gaspille plus d'un milliard de repas par jour en 2022. « Le gaspillage alimentaire continue de nuire à l'économie mondiale et d'alimenter le changement climatique, la disparition de la nature et la pollution ».
Dans notre pays, et durant le mois de ramadan, les choses empirent beaucoup plus et la fièvre acheteuse s'empare de la majorité des citoyens, accentuant encore plus le taux de gaspillage. Le constat est accablant et les initiatives pour lutter efficacement contre ce fléau ont malheureusement fait chou blanc, à l'instar des deux chartes signées en 2019 portant sur la lutte contre le gaspillage alimentaire et sur la réduction des pertes et gaspillage dans la chaîne de valeur portant sur le lait et produits dérivés.
Le pain en tête des produits jetés à la poubelle
Quand on évoque le gaspillage, on cite indubitablement le pain. C'est l'un des aliments à qui revient la palme d'or, surtout durant le mois du jeûne, souligne le président de l'Organisation tunisienne pour informer le consommateur (Otic), Lotfi Riahi. Ainsi, 113 tonnes de pain sont jetées, soit 16% de l'ensemble des produits gaspillés. Une conséquence normale du bas prix de la baguette qui ne coûte que 190 millimes, ce qui pénalise depuis des années la Caisse générale de compensation. Les gouvernements qui se sont succédé ont toujours évité d'augmenter le prix du pain après les émeutes qu'a connues le pays en janvier 1984.
Le taux de gaspillage du pain en Tunisie est d'environ 900.000 unités de pain par jour, soit l'équivalent de 51% de la production nationale de blé tendre, selon les statistiques publiées par l'Institut national de consommation (INC). De ce fait, le gaspillage de pain caracole en tête des produits gaspillés avec un taux de 15,7%. Le directeur général de INC, Mourad Ben Hassine, avait déclaré en 2022 que les « 3.800 boulangeries que compte le pays gaspillent, pour leur part, annuellement, plus de 680 tonnes de farine subventionnée ».
Le Tunisien est un grand consommateur de pain avec en moyenne 70 kg/personne/an (en France 58 kg/personne/an, en Algérie 62 kg/personne/an). On dépense en moyenne 200 dinars/ménage/an dans la rubrique « pain ». Durant le mois de Ramadan, la consommation de la baguette augmente en moyenne de 135%, fait savoir encore l'INC qui a appelé depuis 2016 à la mise en place d'une stratégie pour la réduction du gaspillage de pain.
Restaurants et hôtels : des taux de gaspillage préoccupants
Ce phénomène n'est pas propre à la consommation domestique avec environ 10% des aliments perdus au niveau des ménages. En effet, notre pays affiche des taux de gaspillage inquiétants dans les secteurs des restaurants (16%) et des hôtels (12%) et se classe au 3e rang dans la région arabe, après l'Egypte et le Maroc, d'après Lotfi Riahi. L'absence de culture du recyclage et de conservation alimentaire au sein des foyers tunisiens, ainsi que l'absence d'une stratégie de gestion efficace pour valoriser la production excédentaire, figurent parmi les causes qui ont contribué à la persistance de ce phénomène, explique-t-il. Encore faut-il noter que le concept du « all inclusive » a considérablement contribué au gaspillage alimentaire dans nos hôtels. 12% des aliments préparés dans les hôtels et 16% des repas dans les restaurants finissent dans la poubelle, selon les statistiques de l'INC.
Ce phénomène inquiète au plus haut degré aussi bien les décideurs au niveau national que les organismes onusiens à l'échelle internationale. La raison en est la suivante : lorsque des aliments sont perdus, jetés ou gaspillés, toutes les ressources naturelles utilisées pour les produire, les transformer, les conditionner, les transporter et les commercialiser sont également gâchées. Cela aggrave aussi la pénurie d'eau, des ressources en sols, des intrants, notamment en semences, en fertilisants, alerte l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Ceci démontre le lien entre le gaspillage alimentaire, le changement climatique et la sécurité alimentaire.
En outre, les études ont montré que la Tunisie compte parmi les dix pays les plus perturbés par les effets du changement climatique au regard du nombre de personnes touchées et de la baisse du produit intérieur brut, selon le Programme alimentaire mondial (PAM) qui a élaboré un projet de plan stratégique de pays – Tunisie (2022–2025) pour assister le gouvernement à mettre sur pied un système national de suivi de la sécurité alimentaire visant à renforcer notamment les capacités en matière de réduction du gaspillage alimentaire.
Il est vrai que ce plan stratégique comporte des objectifs bien ciblés qui répondent aux recommandations faites ces dernières années par plusieurs ONG tunisiennes et instituts de recherche, dont l'Institut tunisien des études stratégiques (Ites) relevant de la présidence de la République, qui a appelé dans son étude publiée en 2018 sous l'intitulé « La sécurité alimentaire et nutritionnelle en Tunisie » à lutter contre les pertes et le gaspillage alimentaires en ciblant davantage les métiers qui présentent des volumes de pertes et de gaspillages de produits alimentaires relativement massifiés chez les gros détenteurs, comme les hôtels, cafés, restaurants, école, hôpitaux, casernes, complexes sportifs et bien évidemment les ménages. Cependant, les résultats ne suivent toujours pas en matière de lutte.
La transformation des systèmes agroalimentaires est inéluctable
Les nouveaux modèles de réussite nous parviennent pourtant de certains pays. A Cape Town, en Afrique du Sud, pour remédier à ce problème, la ville s'est associée à des start-up locales qui travaillent pour réduire le gaspillage alimentaire dans les décharges. Il s'agit de convertir les déchets organiques en protéines pouvant être utilisées comme des aliments pour les animaux. À Milan, en Italie, les autorités locales ont travaillé avec des organisations à but non lucratif et des entreprises locales pour développer un programme qui rassemble les surplus de nourriture des entreprises alimentaires locales pour les mettre ensuite à la disposition des citoyens en situation de précarité.
De toute évidence, les campagnes de sensibilisation et de communication ont le plus souvent montré leurs limites dans la lutte contre le gaspillage. C'est là une lapalissade, mais ces campagnes sont toujours nécessaires dans la mesure où la sensibilisation pourrait pousser les citoyens à changer leurs habitudes et à adopter des comportements plus responsables et à promouvoir les bonnes pratiques de lutte contre le gaspillage.
Pour conclure, il serait utile de rappeler que l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) avait lancé un appel à l'action lors de la célébration de la Journée internationale de sensibilisation aux pertes et gaspillages de nourriture en septembre 2023 adressé aux entités publiques et privées afin qu'elles prennent des mesures pour réduire les pertes et le gaspillage alimentaires, dans l'optique d'une transformation des systèmes agroalimentaires, rappelant que dans ce domaine, des changements profonds n'interviendront que si les pays renforcent les capacités humaines, organisationnelles et institutionnelles et allouent suffisamment de ressources pour s'attaquer aux problèmes.


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