Pour quand la fin du calvaire des laissés pour compte de la Sonede ? Si la solution des problèmes de coupures et de débit d'eau potable sont principalement tributaires de la pluviométrie, en revanche, la fin du calvaire des laissés-pour-compte de la Sonede, dans le gouvernorat de Sfax, est annoncée d'ici l'été 2017. La fréquence des coupures d'eau potable et la faiblesse du débit constituent les deux motifs majeurs des récriminations des clients de la Sonede sur la quasi-totalité du territoire national. Cependant, les plus à plaindre sont les habitants de certaines zones rurales encore privés du « privilège » de compter parmi les clients de la Société. Insalubrité et maladies Il s'agit de zones rurales assez reculées, les oubliées des plans de développement, à l'instar de Sbih et d'autres localités ou lieudits de la délégation de Skhira, où les habitants sont obligés de parcourir des kilomètres pour ramener de l'eau à dos d'animal, et dans le meilleur des cas, ils recourent aux eaux stockées dans des citernes en métal, dans des conditions sanitaires souvent désastreuses. D'où les cas d'hépatite décelés dans les rangs des enfants, particulièrement dans les écoles, et d'autres maladies causées par l'insalubrité de l'eau. Zéro problème à l'été 2017 ? Le directeur régional du Sud, Youssef S'hel, situe le taux d'adduction des zones rurales au réseau de la Sonede et bénéficiant conjointement des services du génie civil, à 96%, spécifiant qu'il s'agit de zones d'habitations dispersées, comptant, dans plusieurs cas, des groupements de moins d'une dizaine de familles. Il indique également que d'ici l'été 2017, tous les problèmes d'approvisionnement en eau potable seront résolus pour ces zones, comme c'est le cas de Sbih et d'autres localités similaires : « Un réservoir est déjà construit à Ghraïba, et un second est en cours d'achèvement», précise-t-il. Coupures à répétition Dans les zones urbaines et semi-urbaines, reliées au réseau de la Sonede, la récurrence depuis la Révolution du phénomène des coupures d'eau et la faiblesse du débit, particulièrement durant la saison estivale, sont devenues un motif de protestations, sporadiquement, tapageuses et véhémentes. Une succinte chronologie des mouvements de protestations révèle qu'en juin 2016, 200 familles, dans la délégation d'Agareb, seraient restées sans eau, depuis le mois de mai avec les conséquences que cela implique pour les humains mais également le bétail, ressource précieuse pour une zone rurale. Une dure épreuve pour ces familles, en butte déjà à des coupures fréquentes, dues dit-on à la vétusté du réseau de la Sonede, aggravée par le manque de maintenance et de contrôle. En mai 2016, «J'ai soif !», un cri du cœur relayé par certains médias, a fusé de l'école Echoucha à Menzel Chaker pour attirer l'attention de qui de droit sur la situation dramatique vécue durant une quinzaine de jours par les élèves et les instituteurs de l'établissement, suite aux dégâts causés par la tempête survenue à l'époque. En février 2016, un rassemblement de protestataires s'est tenu devant le siège de la Sonede à Sfax, pour crier leur exaspération après plusieurs journées successives sans eau potable. Ce ne sont là que des exemples de récriminations pacifiques, car dans d'autres cas, cela s'est traduit par l'occupation de la voie publique, les feux de pneus et le blocage de la circulation sur des routes à grande circulation, comme cela s'est passé, rien qu'à Skhira, Thyna, la route de Mahdia ainsi qu'aux cité El Bahri et El Habib. Déficit pluviométrique Le directeur régional du Sud attribue tous ces désagréments au déficit pluviométrique considérable accusé ces deux dernières années : «A cause de la sècheresse, la baisse des réserves du barrage de Nabhana, source d'alimentation pour la ligne nord, soit 5.000 m3, a atteint la cote d'alerte. D'ailleurs, des problèmes similaires sont constatés dans les nappes d'eau, lors des forages. Pourtant, il n'y a pas lieu de remettre en question la capacité des conduites de notre réseau», explique-t-il Amélioration de la capacitéde stockage Partant du fait que les difficultés se situent aux niveaux de la production et du transfert d'eau, le responsable régional cite deux projets en cours. Le premier est destiné à renforcer la ligne sud, soit les délégations d'Agareb, Skhira, Ghraïba et Mahrès. Il mentionne à ce propos le projet en deux phases d'un coût global de 13 millions de dinars, à Skhira et Agareb. L'achèvement des travaux de la première phase est prévu d'ici fin septembre 2016, tandis que pour la seconde étape, les travaux ayant démarré au mois de mars dernier prendront fin avant l'été 2017. Le deuxième projet, s'inscrivant dans le cadre de la réalisation de la première phase du plan directeur du Grand Sfax, est destiné à l'amélioration de la capacité du réseau de distribution et à l'augmentation de la capacité de stockage. Dans ce cadre, un réservoir d'une capacité de 5.000 m3 est en cours de réalisation à Sidi Salah. Avec l'achèvement des travaux prévu fin 2017, il n'y aura plus, en principe, de problèmes de pression. Le réseau de la Sonede compte quelque 4.000 kilomètres, sur l'ensemble du gouvernorat. L'agglomération ainsi que les délégations de Skhira, Mahrès, Bir Ali, Agareb et Boumerra sont approvisionnées soit par les eaux souterraines en provenance de Jelma et Sbeitla, les eaux de surface du Nord, soit les eaux des puits. Par contre, les délégations d'El Hencha, Jébéniana, El Amara, Ghraba, Sidi Salah et Bir Châaba sont alimentées par les eaux du Nord. Station de dessalement Le grand projet destiné à mettre fin à tous les problèmes d'approvisionnement en eau dans la région de Sfax est incontestablement celui de la réalisation de la station de dessalage d'eau de mer à Nakta, d'une capacité de production de 100.000 m3 /jour, extensible à hauteur de 200.000 m3. Les études relatives au projet ayant été finalisées, les habitants de Sfax en attendent la concrétisation dans les meilleurs délais possibles.