Hamdi Harbaoui (31 ans) débarque à Anderlecht avec énormément d'ambitions après une brève expérience italienne. De tous les transferts du Sporting cet été, celui de Hamdi Harbaoui fut clairement le plus surprenant : 113 jours seulement après avoir signé à Udinese, le meilleur buteur du championnat en 2014 s'est engagé pour deux saisons (+ une autre en option) à Anderlecht. À 31 ans, il devra se battre pour la place en pointe avec la nouvelle sensation Lukasz Teodorczyk. Pas de quoi impressionner un garçon qui revient de loin. Détendu et souriant, il s'est posé une demi-heure avec nous en sirotant un café dans une petite salle à Neerpede. Vous nous avez surpris avec votre arrivée à Anderlecht... Moi aussi, j'ai été surpris (sourire). Je ne m'attendais pas à ne rester que trois mois à Udinese. Que s'est-il passé en Italie ? L'entraîneur ne m'a pas utilisé lors des trois premiers matches. J'étais bon en préparation, je marquais puis il me met en tribune dès que le championnat commence. J'ai trouvé ça injuste. Et le pire, c'est ce que je n'ai reçu aucune explication. On ne m'a pas bien traité là-bas. J'en ai donc discuté avec mon agent (ndlr : Mogi Bayat) et l'opportunité d'Anderlecht est rapidement arrivée sur la table. Les gens à Udine devaient quand même être surpris de vous voir partir aussi vite... Je ne sais pas car je n'ai même pas eu le temps de dire au revoir. Le 30 août, mon agent m'a dit de rassembler toutes mes affaires et d'être prêt en cas de départ. Ce n'était pas encore sûr que je puisse signer à Anderlecht, mais j'ai pris ma voiture et j'ai roulé pendant douze heures jusqu'à Bruxelles. Pour le même prix, j'aurais pu faire le chemin inverse le lendemain, mais tout s'est arrangé heureusement. Vous savez, un transfert dépend toujours de beaucoup de choses. Il fallait que Sylla s'en aille pour que je puisse signer. Les derniers jours du mercato, il faut les prendre comme un match : tu dois être prêt. (rires) Un déménagement express mais, heureusement, vous avez un appartement à Anderlecht que vous habitiez lors de votre période à Lokeren. Oui, mais il est loué. Je ne peux pas arriver et mettre la personne dehors. Pareil avec ma maison à Liège. Je cherche donc un appartement près du stade pour le moment. Tout cela chamboule un peu ma famille. Ce n'est pas facile de dire du jour au lendemain : allez, on fait ses affaires et on se barre. Mais c'est ça la vie d'un footballeur. Dans quel état physique êtes-vous ? Je suis prêt à jouer. J'ai fait toute la préparation à Udinese. Il me manque juste des matches officiels dans les jambes. Ce ne sera pas facile de les avoir : Teodorczyk cartonne depuis son arrivée. Tant mieux ! Il marque beaucoup et moi, je veux marquer encore plus. C'est ainsi la concurrence. Dès que j'aurai du temps de jeu, je ferai tout pour saisir ma chance. A Udine, vous n'avez pas été très patient... C'était différent. Là-bas, on était huit attaquants. Je n'étais pas le seul déçu quand il faisait jouer un, voire deux de ses huit possibilités. A Anderlecht, la situation est plus classique avec deux attaquants en concurrence. Je n'ai aucun problème avec ça. Comment cela se passe avec René Weiler ? Il m'impressionne. Il a un très bon discours et veut nous faire avancer. Si on prend son message positivement, je pense qu'on va énormément progresser. Même vous, à 31 ans ? Merci de me rappeler mon âge (rires). Vous savez, je ne me sens pas vieux du tout. Je fais très attention à mon corps car je veux jouer jusqu'à 35-36 ans. Avant Udinese, je sortais de quatre-cinq très bons mois à Lokeren. Le transfert entrant d'un joueur trentenaire à Anderlecht est devenu rare ces dernières années, mais ce n'est pas étonnant que cela arrive à Hamdi Harbaoui. Le Tunisien n'a jamais connu une carrière linéaire. Il raconte son étonnant parcours : «C'était en 2007, je débarque à Mouscron en droite ligne de l'Espérance de Tunis. J'ai 22 ans et je suis ambitieux, mais le club est en faillite. Je me retrouve sans rien». Les divisions inférieures : «J'ai appris l'humilité en D3» J'aurais pu rester en D1 après la faillite de Mouscron, mais je n'aurais été que remplaçant car personne ne me connaissait et je n'avais aucun crédit. J'ai donc décidé de descendre en D3, à Visé, pour me faire un nom. Puis ce fut la D2 avec Louvain. Dans les divisions inférieures, j'ai appris l'humilité car tu y vois des joueurs de talent qui ne percent pas. Heureusement, on peut s'en sortir, comme l'a montré aussi Thomas Meunier que j'ai croisé en D3. «Les félicitations de George Leekens» La rampe de lancement à Lokeren : «Trois titres» En 2011, je reçois enfin ma chance en D1, à Lokeren. J'y ai, au final, remporté trois titres : deux Coupes de Belgique et le titre de meilleur buteur en 2014. J'avais pourtant passé trois mois sur le banc cette saison-là avec Peter Maes... (sourire). J'y ai découvert des gens formidables comme George Leekens. Il m'a d'ailleurs envoyé un SMS de félicitations pour mon transfert à Anderlecht il y a deux jours. Je crois qu'il avait un peu de retard dans sa lecture des journaux. (rires) Le Qatar et pas la Chine : «Je suis à l'abri du besoin» Avec le titre de meilleur buteur en poche à 29 ans, je voulais réaliser un beau transfert. Je m'attendais à une offre complète, sportivement et financièrement, mais elle n'est pas venue. Je pouvais rejoindre un grand championnat, mais je n'y aurais pas bien gagné ma vie. Quand l'offre du Qatar est arrivée, je ne pouvais pas refuser. C'était encore plus intéressant que le contrat qu'on m'avait proposé en Chine six mois plus tôt. J'ai d'abord signé pour deux ans au Qatar puis j'ai rapidement reçu une prolongation de contrat car je jouais bien (ndlr : 22 buts en 24 matches au final) . Mais, au bout d'une saison, il y a eu des retards de paiement et je suis parti. La Fifa a tranché en ma faveur et le club doit me verser les trois années de contrat qu'il me restait. Le club est allé en appel, mais je suis confiant. Grâce à cela, je suis à l'abri et je peux faire des choix sportifs maintenant. Je ne regrette rien. De son année à Doha au Qatar, Hamdi Harbaoui a gardé un grand souvenir : une Ferrari California T. «C'est mon petit bijou», sourit-il. «Je ne suis pas venu avec aujourd'hui, elle est dans un garage à Gand, mais je n'aurai aucun problème pour la prendre à Neerpede à l'avenir. Pourquoi devrais-je ? Anderlecht est un club prestigieux, un club où les joueurs ont de belles voitures». La dernière Ferrari qu'on avait pu voir sur le parking d'Anderlecht, c'était celle d'un autre attaquant : Dieumerci Mbokani. «Mais je préviens déjà mes équipiers : personne d'autre que moi ne peut rouler avec (rires). Obradovic est un fou de belles voitures ? Il pourra la conduire s'il marque vingt buts. Et tant pis s'il est défenseur...» (clin d'œil). Source: Dhnet.de