Aussitôt installé, le ministère des Affaires culturelles a été très vite mis à l'épreuve, avec le film «Mohamed, le messager de Dieu». Une situation embarrassante. Le ministère des Affaires culturelles a été mis à l'épreuve par l'interdiction de la projection du film iranien «Mohamed, le messager de Dieu» dès que le courant «Tayar El Mahabba» et à sa tête Hechmi Hamdi ont brandi la menace d'une réaction «populaire» et sommé dans leur communiqué les décideurs de ne pas accorder le visa d'exploitation au film cité. Sans entrer dans les détails, l'histoire retiendra que la réaction du ministère aura été en aval de celle du courant politique «Tayar El Mahabba» et non en amont. C'est mathématique et cela vous stigmatise une institution ! La première pierre d'achoppement vient de là même si le ministère avait ses raisons. Il faudrait peut-être engager des génies de la com pour se dégager de cette image... Les raisons de ce refus d'autorisation de projection se résument ainsi : le sunnisme interdit la représentation du Prophète et de ses Compagnons. Mais encore, dans sa dernière déclaration, le ministère annonce qu'il n'a pas reçu de demande de visa d'exploitation ni de copie de visionnage du film. Reste à savoir si cette interdiction est issue d'une loi et même si on suppose que dans une République avec une Constitution moderne qui garantit les droits et la liberté d'expression, le texte religieux et les fatwas sont prioritaires, il faut bien choisir une position une fois pour toutes et interdire dans ce cas le film sur Youssef Seddik, plusieurs fois diffusé à la demande du public sur une chaîne tunisienne et celui du Compagnon du Prophète «Omar Ibn El Khattab». Comme dans l'affaire d'«Al Abdellia» où il y a eu le sac de l'exposition à cause d'un tableau de Mohamed Ben Slama qui n'a jamais été exposé (seulement vu sur facebook), cette fois on se retrouve face à la controverse autour de ce film qui n'a pas été encore visionné, semble-t-il. Et quand bien même le ministère aurait raison, on aimerait bien voir le rapport officiel d'une commission de visionnage constituée d'experts tunisiens qui explique si vraiment on assiste à une représentation du Prophète. Les ministres se sont succédé à la tête de cette institution, mais ils nous laissent toujours adresser le même reproche dans ces situations embarrassantes : pourquoi éviter les confrontations ? Pourquoi ne pas avoir une position ferme et claire dans ce sens à chaque fois qu'il y a polémique ou menace de polémique ? On peut bien adopter une attitude de recul et l'annoncer ou avancer de manière positive. Il faut bien trancher quelque part parce que ce n'est pas le dernier défi à relever, l'image et les expressions artistiques s'imposent de plus en plus dans le paysage. Aujourd'hui, on sait à quel point la chrétienté a tiré un profit pédagogique avec les films consacrés à Jésus. Dans un moment où les terroristes utilisent les images pour imposer leur loi, d'aucuns pensent qu'on est en train de rater la conquête pédagogique de nos enfants... Mais ce n'est pas le sujet de notre article. Ce qui se raconte aujourd'hui dans la rue ? Tout le monde attend de voir le film sur Internet. Oui, le spectateur tunisien est gourmand de ce genre de film...