Nous n'avons aucune espèce de préférence pour ceux qui sont en lice pour accéder aux commandes du second sport-roi dans le pays. Les uns se cramponnent, les autres reviennent. Tant mieux pour le handball s'il trouve son compte. Si ceux qui reviennent ont su tirer les conclusions de leur passage et ceux qui se cramponnent donnent des gages pour mieux faire, nous ne saurons que les appuyer pour qu'ils puissent réussir. C'est de l'avenir du handball qu'il s'agit. En effet, ces dernières années, nous avons perdu beaucoup trop de temps dans des luttes intestines qui n'ont rien rapporté, sinon des problèmes marginaux, sur lesquels se sont brisés les espoirs nourris de voir le handball tunisien regagner cette fameuse place de quatrième, conquise de haute lutte, lors du Mondial 2005. Une place perdue par la faute d'un copinage qui a fait que notre élite a été confiée à un entraîneur en perte de vitesse et dont les frasques ont émaillé son premier séjour parmi nous. Depuis, nous avons navigué à vue, emportés par les illusions. Les titres perdus bêtement et les louvoiements qui ont fini par éroder cette confiance que nos adversaires potentiels craignaient plus que tout. La Tunisie est devenue une équipe comme une autre et ce n'est nullement le départ de quelques cadres qui en est la cause. Le seul moyen de comprendre, d'essayer de comprendre, ce qui attend ce sport infortuné, qui tarde à trouver le minimum de sagesse qu'il souhaite en ses futurs dirigeants, pour lui permettre de rattraper le temps perdu, est bien de parcourir les programmes d'action présentés. Voici les grandes lignes d'un programme que nous avons recueilli dans les médias: - Refonte totale de la direction technique nationale - Amélioration de l'infrastructure du handball - Amélioration de la gouvernance de la fédération - Amélioration du secteur de l'arbitrage - Amélioration des revenus de la fédération et des clubs par de nouveaux contrats de sponsorisation. Est-ce un programme bateau ou un programme galère ? Avouons que c'est un peu les deux à la fois. Le handball, on semble l'oublier ou feindre de penser qu'il est encore un sport crédible, n'est plus ce qu'il était. Il fut le sport le mieux organisé et parmi les plus efficaces au niveau des réalisations, dont il s'enorgueillissait. Ce n'est plus le cas. Alors que nos adversaires potentiels progressent, nous perdons du temps dans de vaines empoignades. Des querelles de clocher qui ont supplanté le marasme vécu par cette pauvre Equipe féminine livrée à elle-même, qui s'effrite et qui voit ses joueuses s'éparpiller, découragées, sans appuis ni supports, sans réel programme ni moyens minimums pour essayer au moins de garder un statut conquis de haute lutte. L'entraîneur qui démissionne, on parle de joueuses qui se sont expatriées, d'autres qui se préparent à troquer leur nationalité, d'autres encore qui ne sont plus motivées et préfèrent rester chez elles. Pas une ligne sur le handball féminin, dont les problèmes méritent à eux seuls toute une fédération et non pas une vague commission qu'on lui accordera. Il continuera tant que la situation sera inchangée, à puiser dans un maigre réservoir constitué d'une quinzaine ou vingtaine d'équipes, alors qu'il dispose d'un socle incomparable dans le pays. Pas une ligne sur un programme d'action tendant à remettre la Tunisie, ce pays qui a été à l'origine du lancement et de la promotion du handball non seulement en Afrique, mais aussi en Asie sur l'orbite des instances internationales. Et ce n'est pas le Qatar, qui de nos jours, nous a largement dépassés (oui, nous savons qu'ils ont fait appel à des étrangers qu'ils ont naturalisés) et qui est devenu grâce à nos techniciens une des meilleures nations de handball. Pas une ligne sur la formation des jeunes et «la refonte de la direction technique» ne signifie en rien la promotion et l'expansion du handball dans le pays. Encore une fois, on attendra l'éclosion des générations spontanées pour crier victoire, alors que des dizaines de milliers de jeunes filles et garçons jouent au handball. Bien d'autres problèmes mériteraient de figurer dans un programme d'action. Hélas, on se soucie beaucoup plus des artifices et on néglige l'essentiel. Ceux qui seront élus seront-ils conscients de cette urgence ? Seul l'avenir nous le dira, mais... les prémices n'annoncent rien de bon !