Par Abdelbasset CHEBBI* L'omerta ou la loi du silence règne toujours dans le monde du football en ce qui concerne le dopage. En effet, et à l'opposé des autres disciplines sportives telles que l'athlétisme ou le cyclisme où le sportif a une chance sur dix d'être contrôlé, ce taux est ramené à un sur deux mille pour les footballeurs professionnels. Dans son livre «Les footballeurs sont de grands malades», une première pour ce qui est du dopage dans le monde du foot, le docteur Jean-Pierre de Mondenard affirme que dans les vestiaires on parle toujours de «produits de récupération» et jamais de «dopage». On se cache derrière les mots. Qui ne se rappelle pas de la grande époque de l'Olympique de Marseille sous Bernard Tapie, où durant quelques séances d'entraînement par mois, on affichait sur un tableau noir : «ce soir, piqûre pour tout le monde». Et pour l'anectode, Eric Cantona y ajoutait toujours : «sauf pour Cantona». Il y avait également le procès de la Juventus, où jouaient à l'époque Deschamps et Zidane, qui a révélé l'ampleur du dopage dans certains grands clubs de foot. Lors des perquisitions, les carabiniers ont retrouvé 281 médicaments différents prescrits dans un but de performance. En Tunisie, durant des années 80 et 90 du siècle dernier, il y avait aussi la culture de la pique ou de l'injection des footballeurs afin de préserver leur condition physique et leurs qualités athlétiques, vecteurs essentiels pour plus d'efficience et de concrétisation dans le rendement du joueur sur le terrain. C'est le résultat de l'équipe dans la compétition qui prime sur toute autre optique de l'idéal sportif tel que l'honneur de la participation ou l'éthique. Et l'exemple tunisien ne manque pas, malheureusement, d'affaires inhérentes au dopage de footballeurs, qui ont éclaboussé toute la famille sportive ces dernières années, et dont les tenants et aboutissants ont été amplement étalés devant les commissions sportives compétentes et les différentes juridictions de droit commun. De ce fait, et devant la gravité de ce fléau qu'est de dopage qui représente un danger réel pour le santé des joueurs et affecte sérieusement les principes de l'équité et l'égalité des chances dans les compétitions, la Fédération internationale de football association (Fifa), en collaboration avec l'Agence mondiale antidopage (AMA), a émis un règlement antidopage de la Fifa, contraignant, pour toutes les associations (fédérations) affiliées, et servant comme un outil juridique de référence dans sa lutte contre le dopage et ses efforts pour faire du football un sport propre et équitable (circulaires Fifa n° 1555, 1458, 1473 et 1475). Ce règlement truite donc tous les aspects afférents aux diverses violations des règles antidopage commises par les différentes parties prenantes à cette discipline sportive qu'est le football et à l'ensemble des acteurs tels que les joueurs, les entraîneurs, les médecins et les préparateurs physiques et dispose de tout un éventail de sanctions spécifiques pour chaque type d'infraction révélée. On y trouve également une méthodologie précise en ce qui concerne les contrôles antidopage à effectuer durant toutes les compétitions de la Fifa et hors compétitions ainsi que l'ensemble des substances interdites telles que établies par la commission médicale de la Fifa et celle de l'Agence mondiale antidopage. Pour ce qui est du code disciplinaire de la Fédération tunisienne de football (FTF), c'est l'article 37 qui définit le dopage comme étant une ou plusieurs violations des règles antidopage suivantes : – Présence d'une substance interdite, de ses métabolites ou de ses marqueurs dans un échantillon prélevé sur l'organisme du joueur ; – L'usage ou la tentative d'usage d'une substance ou d'une méthode interdite ; – Le refus ou le fait de se soustraire sans justifications valables à un prélèvement d'échantillons ; – Violation des exigences de disponibilité des joueurs pour des contrôles hors compétitions ; – La falsification ou tentative de falsification de toute partie du contrôle de dopage ; – La possession de substance ou méthode interdite ; – Le trafic de toute substance ou méthode interdite ; – L'assistance, l'incitation, la contribution, l'instigation, la dissimulation ou toute autre forme de complicité entraînant la violation d'un règlement antidopage. Par ailleurs, c'est le bureau fédéral qui se réserve le droit d'introduire un système de contrôle antidopage qui se fait d'une façon inopinée et s'opère pour la totalité des matches de la journée de championnat de la même division ou du même tour s'il s'agit d'une compétition de Coupe de Tunisie. La liste des substances prohibées est celle arrêtée par la Fifa et comprend notamment les stimulants, les narcotiques, les stéroïdes, les diurétiques, certaines hormones et autres substances interdites. Quelques dérogations sont néanmoins admises après autorisation d'usage à des fins thérapeutiques et suivant un protocole bien déterminé. L'article 40 du code disciplinaire de la FTF énumère avec détail les sanctions matchées avec l'infraction correspondante. Il s'agit d'une suspension d'au moins trois mois et au plus deux ans pour non-respect de l'obligation de fournir des renseignements sur la localisation des joueurs ou violation de l'exigence de disponibilité pour le contrôle, et la sanction croît à hauteur de la suspension d'au moins quatre ans pour le trafic ou administration d'une substance ou d'une méthode interdite. Certains cas de récidive ou de nouvelle récidive engendrent même une suspension à vie. De plus, les joueurs sanctionnés pour dopage peuvent être instruits par la FTF à se soumettre à d'autres contrôles de dopage pendant la période de suspension. En conclusion, afin de sensibiliser les jeunes sportifs, médecins, entraîneurs et parents aux dangers et conséquences du dopage, et à l'instar des recommandations de la Fifa en la matière ainsi que celles des experts de l'Agence mondiale antidopage, nous passons un ensemble de messages présentant des conseils basiques mais importants afin de réduire le risque de voir de jeunes footballeurs prendre des substances illicites en raison d'un manque de connaissances : 1/ Se doper, c'est tricher 2/ Informe-toi sur le dopage 3/ Consulte la liste des interdictions 4/ Mange sainement 5/ Attention aux compléments alimentaires 6/ Ne mets pas ta carrière en danger 7/ Evite les drogues récréatives 8/ Les stéroïdes anabolisants sont dangereux 9/ N'oublie pas de faire savoir où tu te trouves 10/ Ne refuse jamais un contrôle ou ne falsifie jamais un échantillon 11/ Si tu souffres, demande une autorisation d'usage à des fins thérapeutiques. *Marketing et droit du sport