Vous êtes-vous rendu compte que, depuis l'invention du téléphone portable, tout le monde vous souhaite joyeuse fête par SMS ? Je dis bien «tout le monde» : les proches et les lointains, ceux que vous connaissez à peine, ceux que vous considérez comme des amis, ceux qui vous aiment mais qui ne vous appellent jamais, ceux qui n'osent même pas vous dire «pardon», ceux qui vous doivent de l'argent et qui ont disparu dans la nature et ceux qui comptent sur vous pour un piston… Tout ce monde envoie le même SMS à tout le monde, «automatique», «dépersonnalisé» et parfois élaboré avec des métaphores et des mots qui riment… Fini le temps où, les jours de l'Aïd, on prenait la peine de se déplacer, d'un foyer à l'autre, avec une assiette pleine de gâteaux faits maison. Fini le temps où l'on communiquait de vive voix, où l'on «s'entendait» mieux qu'en lisant un message. On a tendance à croire que la communication passe seulement par les mots et, donc, que tout le reste est à négliger. Or, ce reste a un effet souvent bien plus profond sur la relation que tout ce qui peut être dit, ou écrit. Il vaut mieux voir ceux que vous aimez et observer la danse à laquelle ils se livrent en vous parlant. Si vous êtes loin de ceux que vous aimez, appelez-les au moins pour écouter leur souffle et leurs silences… Cela vous dira à quel point ils sont heureux de vous avoir dans leur vie. Les SMS sont utiles, mais font mal à l'amour. Dans cette vie que nous vivons à toute vitesse, et depuis la révolution «électronumérique», nous laissons peu de place à la chaleur humaine. Le temps a «mangé» l'espace. On se voit et on se parle sans bouger. On s'envoie des informations en un clic et des objets en trois dimensions. Mais, en attendant de pouvoir se faxer une pizza, posons-nous cette question : pourquoi avons-nous du mal à nous faire du bien ? Joyeuse fête !