« Soyez patients et vous verrez que toutes les violations, y compris celles de Bab Souika, et les événements de la chevrotine feront l'objet d'audiences publiques », a déclaré la présidente de l'Instance vérité et dignité, lors d'un point de presse organisé, hier, pour donner plus de détails sur les audiences publiques d'aujourd'hui et demain (16 et 17 décembre 2016). Toutefois, elle assure que pour ces deux affaires précisément, les investigations sont encore en cours. « Par exemple, pour les événements de Bab Souika, il ne s'agit pas d'une violation faite par l'Etat, mais vraisemblablement par un groupe organisé, explique Slaheddine Rached, membre de l'IVD. Jusqu'à présent, nous ne disposons pas d'un récit cohérent permettant de savoir avec précision ce qui s'est vraiment passé ». Selon la présidente, seuls les faits avérés peuvent faire l'objet d'audiences publiques. Entre aujourd'hui et demain, dix victimes seront entendues dans la nuit, dans un bâtiment appartenant à l'Ordre des avocats au Centre urbain nord. Ces victimes représenteront 6 violations aussi terribles les unes que les autres. La présidente de l'IVD évoque ainsi le cas d'une femme torturée devant ses enfants ou encore le cas d'un contrôle administratif qui vire au cauchemar et aboutit au suicide de la victime. « Nous allons également traiter les événements dits du pain de 1984, de cas de procès inéquitables, de victimes tombées sous les balles pendant la révolution et, pour la première fois, de cas de corruption financière », a déclaré la présidente de l'IVD. Cette fois aussi, la parole ne sera pas donnée aux bourreaux. L'IVD assure : «La parole doit être donnée en priorité aux victimes, ensuite aux bourreaux ». Selon Siheme Ben Sedrine, les bourreaux seront entendus lors d'audiences publiques, mais dans le cadre d'un programme spécial, permettant de protéger à la fois les victimes et leurs tortionnaires. Pas de face-à-face victimes-bourreaux « Mettre victimes et bourreaux face-à-face est une expérience qui a déjà été testée dans d'autres pays, mais ce n'est pas forcément la meilleure approche, argue-t-elle. Nous avons vu des cas où l'une des victimes pardonne, mais qu'une deuxième en vient à assassiner le tortionnaire qui a accepté de témoigner ». Accusée par certains d'avoir, par moments, dirigé les audiences précédentes en orientant les réponses, la présidente de l'IVD s'en défend et explique que le président de la séance doit intervenir pour recadrer et remettre le témoignage dans son contexte. « Il ne s'agit donc pas d'orienter, mais de permettre à l'auditeur de comprendre le tableau dans son ensemble. A titre d'exemple, un témoin peut raconter des faits comme s'il les avait vécus lui-même, alors dans ce cas, je dois intervenir», a-t-elle expliqué. Par ailleurs, Sihem Ben Sedrine a annoncé que l'IVD travaille dans la transparence et compte bien, la semaine prochaine, publier les détails des appels d'offres de toutes les prestations demandées par l'Instance, ainsi que les détails de toutes les dépenses. « On dit que j'ai acheté une villa aux Berges du Lac, eh bien, je suis prête, moi-même et l'ensemble des membres de procéder encore une fois à une déclaration de nos biens », a-t-elle lancé aux journalistes. Pour ces audiences publiques, l'IVD a invité les trois présidents ainsi que l'équipe gouvernementale. Mais jusqu'à hier, aucun n'a confirmé sa présence.