Pâtisseries, hôtels mais aussi agences de voyages sont déjà pris d'assaut. La folie dépensière importe peu, pourvu qu'on soit de la fête. Mais, attention aux imprévus... Ça y est, c'est la parade traditionnelle des fêtes de fin d'année, sa majesté père Noël et son prince le réveillon obligent. L'heure est donc à l'effervescence coutumière qu'illustre parfaitement la formidable ruée sur les pâtisseries, les hôtels et les agences de voyages qui deviennent, à pareille période de chaque année que Dieu fait, le pôle d'attraction préféré de tous ceux qui espèrent aborder la nouvelle année sous de meilleurs auspices. «Depuis le week-end dernier, le flot des commandes, qui par téléphone, qui sur place, qui encore via la toile, a commencé», jubile un pâtissier de la place, qui avoue que «cette période de pic me condamne à stocker, un mois à l'avance, des réserves de sécurité en sucreries, beurre, arômes et amandes». Spéculation ? Notre interlocuteur semble s'en balancer, qui estime humblement que «c'est la loi du jeu, concurrence déloyale exige». Pour un autre pâtissier, «les fêtes de Noël et du réveillon constituent l'épine dorsale de notre métier, au point d'opter pour le renforcement de l'effectif des employés, pour assurer l'équilibre entre l'offre et la demande». Tentations Idem pour les hôteliers qui sont, également, galvanisés par cet exceptionnel branle-bas annuel qui leur permet, l'espace d'une ou de deux semaines, d'éponger le déficit de la basse saison touristique, et cela par réservations et nuitées interposées. Et pour que leur offensive de charme soit plus séduisante, ils s'enhardissent, l'imagination fertile aidant, à proposer à leurs clients des offres des plus tentantes : baisse des tarifs, programmes d'animation hauts en couleur, dîners de gala copieux, production de stars locales et étrangères, cadeaux en sus, remises pour les enfants. Le tout truffé de facilités de paiement. De quoi anesthésier les plus avares des fêtards ! «Tous les sacrifices sont à consentir à pareille occasion pour s'offrir ce ballon d'oxygène tant souhaité, parce que salutaire pour nos fragiles trésoreries», nous confie le gérant d'un hôtel huppé de Gammarth, qui se réjouit de «l'affluence de plus en plus massive de la clientèle locale connue pour sa folie dépensière». Et c'est vrai. D'autant plus vrai que beaucoup de Tunisiens, pas forcément des millionnaires, préfèrent réveillonner à l'étranger. Et cela en se rabattant sur les agences de voyages qui rivalisent d'offres les unes aussi alléchantes que les autres : excursions à gogo vers des destinations de rêve en Europe, en Asie et au Moyen-Orient, sans compter les croisières qui garantissent un réveillon... pied dans l'eau! Mais à quel prix? «Qu'à cela ne tienne, pourvu qu'on oublie, pendant quelques jours, le ronron de la vie quotidienne et les souffrances, hélas encore indélébiles, générées par la révolution», répond R.C., 40 ans, instituteur de son état, qui n'hésite pas à «considérer les vacances des fêtes de fin d'année et les vacances d'été comme un mal nécessaire dans un pays en crise, comme le nôtre». Gare à la distraction! Célébrer Noël et le réveillon, c'est beau, c'est in, cependant, gare à la distraction, pas question de subir des gâchis. En effet, il est communément admis que ces deux «great events» s'accompagnent souvent de mésaventures et de mauvaises surprises : un gâteau à la date périmée, un hôtel en piteux état, un programme d'animation cisaillé en dernière minute, une excursion à l'étranger qui se transforme parfois en odyssée, un service bas de gamme et tout le bazar! La liste des imprévus tout à fait indésirables et irritants peut s'allonger jusqu'à l'infini. Alors, qu'ils fassent gaffe, les accros et noctambules des fêtes de fin d'année.