La réunion ministérielle qui s'est achevée hier a permis à la Tunisie, à l'Algérie et à l'Egypte de mettre au point une approche concertée en vue de mener le travail d'accompagnement des parties libyennes vers un nouvel accord politique global... C'est la «Déclaration de Tunis» ! Les trois pays voisins de la Libye — Tunisie, Algérie et Egypte — étaient à nouveau réunis hier pour rendre public un document signé par eux au sujet de l'engagement de leurs pays respectifs en vue d'aider les Libyens à résoudre la crise politique qui persiste dans leur pays. Cela se passait au palais de Carthage, où lecture a été faite du texte du document qui rappelle en six points les axes de l'engagement en question. Au préalable, les trois ministres ont été reçus par le président de la République qui a présidé la signature de la Déclaration de Tunis. Rappelons aussi que la veille, une réunion des trois ministres s'était tenue au siège du ministère des Affaires étrangères, mais qu'elle n'avait donné lieu à aucune déclaration. C'est le ministre tunisien des Affaires étrangères, M. Khemaïes Jhinaoui, qui a donné lecture du document. Les deux autres ministres, l'Algérien Abdelkader Messahel (ministre des Affaires maghrébines et africaines et de la Ligue arabe) et l'Egyptien Sameh Choukri (Affaires étrangères), sont intervenus ensuite pour apporter des éclaircissements sur divers points et pour répondre aux questions des journalistes. D'une façon générale, le propos est de marquer une volonté commune dans l'aide apportée aux Libyens afin qu'ils parviennent à un consensus, qu'ils surmontent les obstacles pouvant surgir en chemin. M. Jhinaoui parle de «concordance» de l'approche visant à pousser les parties libyennes à obtenir un accord à travers des négociations qui se dérouleraient entre elles et sans immixtion. M. Sameh Choukri fait état d'une «vision commune» dans la conception de l'aide à apporter aux Libyens, dans la relation aux différentes parties de telle sorte, ajoute-t-il, que les institutions de l'Etat libyen se trouvent finalement renforcées. Faciliter le dialogue interlibyen Cette question des institutions est également évoquée par M. Abdelkader Messahel : le dialogue entre Libyens vise à la création d'institutions stables et justes. C'est la faiblesse des institutions, ou leur absence, dit-il, qui explique le développement du terrorisme et de la criminalité. Le souci des pays voisins est de «faciliter» un dialogue inter-libyen mais il est clair qu'il existe des raisons derrière l'initiative de médiation. M. Messahel parle de raisons historiques, sociales mais aussi sécuritaires, liées à l'importance des frontières communes : «1.000 km avec l'Algérie, 500 avec la Tunisie et 1.200 avec l'Egypte !» Les trois pays signataires ont un devoir essentiel d'accompagnement des parties dans leur effort de négociation. Le point numéro 1 du document précise d'ailleurs que la négociation ne doit admettre aucune exclusion. Est-ce à dire que des groupes qui usent de violence ou qui pratiquent le terrorisme ont voix au chapitre ? La réponse des trois ministres est claire sur ce point : les parties en question sont des parties «politiques» et l'exclusion porte sur la participation au dialogue politique... «Les groupes terroristes sont nos ennemis communs» ! Peut-on parler d'un calendrier défini, par exemple d'élections avant le mois de février de l'année 2018, comme cela est évoqué? Là encore, la réponse est que c'est aux Libyens de décider. Les accords de Skhirat (décembre 2015) demeurent de ce point de vue une base, dans la mesure où ils prévoient des modifications dans les termes : leur propre révision, par conséquent. Pour le ministre algérien, toutefois, il existe une réelle volonté de la part des différentes parties en vue de sortir de la crise, et le rôle des pays voisins est de les aider à surmonter les obstacles... Signalons pour finir que, dans le cadre de cette initiative tunisienne, et comme cela a été annoncé par le président Caïd Essebsi, une visite du maréchal Khelifa Haftar est prévue dans un avenir proche.