Pour la restitution rapide des avoirs acquis sous le régime de Ben Ali «Les droits de l'Homme, la justice sociale et la redevabilité sont des conditions préalables pour la croissance inclusive», a déclaré, hier, Juan Pablo Bohoslavsky, expert indépendant des Nations unies chargé d'examiner les effets de la dette extérieure et des obligations financières internationales connexes des Etats sur le plein exercice de tous les droits de l'Homme, particulièrement des droits économiques, sociaux et culturels. Lors d'une conférence de presse organisée à Tunis à l'issue de sa visite en Tunisie depuis le 20 février, l'expert onusien a souligné que les politiques économiques en Tunisie doivent être guidées par les objectifs de développement durable des Nations unies, soulignant l'impératif de consacrer l'égalité et de lutter contre les discriminations. «Les institutions financières internationales, les prêteurs bilatéraux et les autorités tunisiennes doivent faire des droits économiques et sociaux une priorité et continuer à appuyer les efforts en matière de lutte contre la corruption et les flux financiers illicites», a-t-il insisté. L'expert a aussi souligné l'importance du respect des engagements pris par la communauté internationale dans le cadre de la convention des Nations Unies contre la corruption, appelant à favoriser la restitution rapide des avoirs illicitement acquis sous le régime Ben Ali avec le concours des autorités tunisiennes. « Il ne devrait pas y avoir d'impunité pour les criminels», a-t-il affirmé. Pablo Bohoslavsky a jugé indispensable d'opérer un meilleur contrôle des opérations de prêts et d'emprunts et de favoriser la transparence et la participation publique pour s'assurer que les ressources publiques sont affectées à la réalisation des droits de l'Homme et des objectifs du développement durable. «La dette publique ne doit pas créer des vulnérabilités économiques, sociales ou politiques. Elle doit, toutefois, contribuer à une croissance sociale et un développement inclusif», a-t-il soutenu. D'après lui, l'investissement dans les droits sociaux et économiques pourrait éviter l'extrémisme et consolider la démocratie. Par ailleurs, Juan Pablo Bohoslavsky a souligné que lors de ses entretiens avec des responsables tunisiens, il a constaté que le gouvernement est conscient de ces importants challenges et a manifesté une grande volonté d'engager les réformes économiques nécessaires, tout en tenant compte des droits économiques et sociaux des citoyens. L'expert avait rencontré plusieurs ministres, de hauts fonctionnaires, des députés, des représentants d'institutions financières internationales et organisations internationales, outre des représentants des organismes nationaux des droits de l'Homme et de lutte anticorruption. Les recommandations de Juan Pablo Bohoslavsky seront formulées dans un rapport détaillé lors d'une prochaine réunion du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies.