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« Il est temps d'évaluer l'expérience de partenariat au pouvoir avec Nida Tounès »
Exclusif — ABDELLATIF EL MEKKI À LA PRESSE
Publié dans La Presse de Tunisie le 19 - 03 - 2017

Il n'a pas la langue dans sa poche. Il est réputé pour la clarté de ses positions et aussi pour son audace qui irrite et dérange les responsables au sein de son parti.
Il s'agit de Abdellatif El Mekki, l'ancien ministre de la Santé des gouvernements Hamadi Jebali et Ali Laârayadh et l'actuel membre du Conseil de la choura d'Ennahdha et président de la Commission de la sécurité et de la défense au sein de l'Assemblée des représentants du peuple.
Dans un entretien accordé à La Presse, il revient sur les décisions issues du 10e congrès du parti tenu en juin 2016, à Hammamet, dont en premier lieu la «décision de faire muter Ennahdha d'un parti qui luttait contre la dictature à un parti qui édifie l'avenir de la Tunisie», appelle à «une évaluation objective et approfondie de l'expérience de partenariat au pouvoir avec Nida Tounès», récuse le qualificatif de dur qu'on lui prête au sein du paysage politique national et soutient qu'il puise son action dans la Constitution, les lois du pays et l'héritage du mouvement démocratique national. Entretien.
Où en sont les décisions issues du 10e congrès d'Ennahdha au plan de l'application ?
Les congressistes ont voté plusieurs motions et le taux du oui a été très élevé à l'exception de la motion de structuration et organisation de l'action du parti qui a suscité un large débat où il y avait désaccord sur la constitution du bureau exécutif : fallait-il être élu par les congressistes ou désigné par le président du parti ? Finalement, c'est la deuxième option qui a prévalu avec une majorité qui n'a pas dépassé les 52% des votants.
En tout état de cause, les motions sont considérées comme des orientations générales commandant un grand effort d'interprétation pour être activées durant les quatre ans séparant un congrès de l'autre.
L'importance du 10e congrès est qu'il a constitué ce que j'appelle un virage historique dans le parcours d'Ennahdha qui a viré d'un parti luttant contre la dictature et l'oppression à un parti qui contribue à l'édification de la Tunisie nouvelle, conformément aux principes contenus dans la Constitution du 27 janvier 2014.Outre la spécialisation qui a été adoptée par les congressistes, je pense que le bilan des derniers mois est satisfaisant au niveau du développement de nos méthodes d'action et de la promotion de la décentralisation ainsi que la responsabilisation de nos structures régionales. Ainsi, avons-nous créé des conseils de la choura au niveau de chaque région et de chaque secteur.Nous avons renforcé aussi la place du secrétaire général régional qui est désormais habilité à choisir les membres de son bureau et à solliciter l'aval du Conseil régional de la choura. Quant au bureau exécutif central, il n'a plus de rôle en matière de désignation des membres des bureaux régionaux.
Son rôle consiste à coordonner avec les bureaux régionaux et dans tous les cas et même si un Conseil régional de la Choura destitue un bureau régional quelconque ou même un membre, le bureau exécutif n'aura pas à intervenir pour désigner les remplaçants.
Ce sont de grandes décisions en cours de réalisation. Elles commandent un effort considérable pour être concrétisées dans le vécu quotidien du parti. C'est un effort qui a besoin de beaucoup de patience et de ce que j'appelle «le partenariat interne».
En revenant à la séparation entre le politique et la prédication au profit du politique, l'on se demande ce qui a changé dans la pratique de tous les jours.
C'est une question très pertinente et je vous remercie de l‘avoir posée. Je suis convaincu que le 10e congrès n'a pas instauré réellement le processus de la spécialisation du mouvement dans l'action purement politique.
L'idée mûrissait dans nos esprits bien avant la révolution du 14 janvier 2011. Déjà en 2003, à l'époque où les leaders du mouvement commençaient à quitter les prisons de Ben Ali, nous avons décidé la réédification d'Ennahdha dans le but d'en faire une nouvelle entité politique sur la scène nationale et nous avons décidé de réaliser trois documents de réflexion de base. Le premier sur le processus ou la genèse du mouvement, le deuxième consiste en une étude sur les réalités tunisiennes et le troisième s'est penché sur l'exploration de l'avenir du mouvement et c'est dans ce troisième document que nous avons évoqué l'idée de la spécialisation.
Nous n'avons pas pris de décision définitive quand la révolution nous a surpris comme elle a surpris tout le monde. L'idée de la spécialisation a pris le temps nécessaire pour mûrir et c'est le 10e congrès qui a pris la responsabilité de la concrétiser.
En rencontrant vos militants de base, en particulier dans les régions, avez-vous le sentiment qu'ils sont satisfaits du rendement du parti ?
La satisfaction totale n'existe pas et même si elle existait, elle serait à rejeter. Il faut qu'il y ait de la critique pour pousser le parti à améliorer constamment son rendement et ses méthodes d'action. Nous sommes satisfaits des critiques qu'expriment nos militants dans les régions et aussi celles formulées par nos adversaires sur la scène politique, ceux avec lesquels nous sommes en compétition permanente.
Mieux encore, nous demandons à tout le monde de nous critiquer. D'ailleurs, nous avons l'habitude de demander conseil auprès des personnalités politiques nationales comme Ahmed Mestiri, Ahmed Ben Salah et Mustapha Filali. Nous considérons que nous avons beaucoup à apprendre de leur expérience et de leur sagesse.
Beaucoup d'observateurs font remarquer que les déclarations de vos députés sur les principales questions nationales montrent que l'alignement systématique sur les positions du président du parti n'est plus le même comme auparavant.
Pour ce qui est des questions internes au parti, il existe certains désaccords avec les positions du président du parti. Au cours du 10e congrès et partant du principe de la transparence, nous avons fait part à l'opinion publique de ces désaccords.
L'essentiel est comment gérer ces désaccords dans le but d'améliorer le rendement de notre parti et de renforcer sa présence dans le paysage politique national.
A titre d'exemple, comment gérer le consensus d'une manière qui assure le maximum de dividendes au peuple comme le traitement des dossiers ou des réformes dites «douloureuses» de la réussite desquelles dépend la capacité de la révolution à atteindre ses objectifs et à concrétiser ses promesses.
Ce sont des désaccords à dimensions positives. Ils ne ressemblent en rien à ce qui se passe dans d'autres partis. Sauf qu'il existe des gens qui cherchent à personnaliser ces désaccords et à les gonfler alors qu'en réalité, nos désaccords concernent les dossiers fondamentaux de développement.
Le rendement médiatique de votre parti a perdu beaucoup de sa cohésion. Aujourd'hui, on se trouve dans l'obligation d'attendre des mises au point qui rectifient les communiqués publiés par le parti ou clarifient les positions exprimées par ses responsables.
En réalité, il est rare que l'on se trouve dans l'obligation de publier des communiqués qui rectifient nos positions. Malheureusement, face aux interprétations à des desseins politiques avoués auxquelles procèdent certaines parties, on est contraints de clarifier, d'expliquer et de répondre à ceux qui comprennent mal ou interprètent selon leurs désirs nos déclarations ou cherchent à instrumentaliser nos positions pourtant claires et précises.
Je voudrais insister sur la spontanéité du président de notre parti qui répond à tous les journalistes sans distinction et à n'importe quel moment.
Il compte lui aussi, sur la spontanéité de ceux qui écoutent ses déclarations et ne cherchent pas à y trouver ce qu'elles ne comportent pas.
Le document considéré comme la vision sur laquelle Ennahdha va fonder son action en tant que parti politique comme les autres est en cours d'élaboration. Quelles en sont les principales orientations ?
Auparavant, ce document s'appelait «la vision intellectuelle et la méthode fondamentaliste (Al Manhaj Al Ousouli). Elle parlait de l'école islamique tunisienne, c'est-à-dire l'école sunnite, et malékite. Dans le prochain document, la question religieuse n'a plus de place. Il sera question de la vision intellectuelle d'un parti politique au diapason de l'époque. Les problématiques à caractère religieux sont transférées à ceux qui choisiront de s'adonner à la prédication. Le Conseil de la choura a déjà finalisé toutes les motions votées par le Congrès et le document vision que tout le monde attend sera publié dans les semaines à venir sous la forme d'un livre.
On apprend que les congrès de renouvellement des structures de base d'Ennahdha démarreront en avril prochain. Peut-on dire que l'opération s'inscrit dans les préparatifs du parti en prévision des élections municipales prévues avant fin 2017 ?
Il s'agit d'une opération cyclique dans la mesure où on procède à l'issue de chaque congrès national au renouvellement des structures de base afin qu'elles s'adaptent aux nouvelles orientations adoptées lors du congrès.
Pour le moment, le Conseil de la choura se penche sur la définition des conditions de participation à ces congrès et sur le nombre des congressistes.
La nouveauté, c'est que le parrainage des adhérents au parti est supprimé et c'est une décision qui a une symbolique évidente. Cependant, le bureau régional ou local d'Ennahdha peut refuser l'adhésion d'une personne qui n'obéit pas aux règles de l'éthique ou de la morale prévalant au sein de la société tunisienne.
Avez-vous décidé de présenter vos propres listes aux élections municipales ou envisagez-vous de poursuivre l'expérience participative avec votre partenaire Nida Tounès ?
Il n'existe pas pour le moment de choix définitif et officiel. Je pense que nous opterons pour un mélange de choix en fonction de la situation de chaque région. Je suis convaincu que la décision sera prise en fonction de ce que choisiront les responsables locaux et régionaux de notre parti. Leurs avis seront déterminants quant à la formule que nous allons choisir pour affronter les élections municipales qui sont des élections d'une nature particulière.
Comment l'expérience de partenariat au pouvoir que vous menez avec Nida Tounès a-t-elle influé sur votre parti, plus particulièrement dans les régions ?
Il faut bien évaluer l'expérience et mettre au point des indicateurs précis et objectifs pour mesurer tous les aspects de cette expérience.
C'est une question qui mérite d'être analysée avec la profondeur qu'il faut. Mais pour vous dire la réalité, cette question n'est pas actuellement à l'ordre du jour du parti mais il faut bien qu'elle soit examinée le plus tôt possible.
Les observateurs vous placent dans le clan des durs au sein d'Ennahdha, sinon l'un de ses chefs de file. Comment traitez-vous quotidiennement avec les membres de l'aile libérale ?
Je ne me considère pas comme un dur au sein du parti et personne ne peut prouver que j'appartiens au clan que vous appelez le clan des durs. S'exprimer sérieusement et sur la base des principes guidant le parti ne signifie pas qu'on est dur. D'ailleurs, en politique, être dur n'a aucune signification.
Je parle et je m'exprime en puisant dans la Constitution, dans les lois du pays et dans l'héritage du mouvement démocratique national, y compris le legs d'Ennahdha. Ceux qui ont des idées contraires aux vôtres essaient de vous coller toutes les étiquettes possibles. Je ne prête pas attention à ceux qui étiquettent les gens. J'accomplis mon devoir comme je le conçois et sur la base des principes sur lesquels j'ai été éduqué.
On relève que les femmes et les jeunes brillent par leur absence dans les activités de votre parti. Et si ma constatation est fausse où sont vos jeunes et vos femmes ?
Dites-moi quel est le parti tunisien qui dispose du même nombre de femmes qu'Ennahdha au sein de sa direction, de ses structures régionales ou de son groupe parlementaire ?
Au sein de l'université, nos étudiants enregistrent une présence remarquable et remarquée. Notre dixième congrès a accordé une importance particulière aux jeunes et femmes. Seulement,les médias ne suivent pas et ne répercutent pas ce que nos jeunes militants et militantes sont en train de réaliser. Notre parti a aussi sa part de responsabilité et il nous est nécessaire de mettre en exergue la présence de nos jeunes et de nos femmes. Les élections municipales constitueront une belle opportunité pour pallier cette défaillance.


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