Le huis clos, c'est la négation du sport ! L'enceinte de Radès a douloureusement sonné creux récemment lors du match CA-ESS. Une saveur insipide à laquelle tous les clubs ont déjà goûté à domicile. Le stade le plus moderne du pays a donc de nouveau été le théâtre d'une pièce jouée sans public. Joueurs, entraîneurs, accompagnateurs et officiels en tout genre ont ainsi fait partie de ce casting atypique. C'est très bizarre, et ce, dès l'échauffement. A aucun moment les joueurs n'ont l'impression de disputer une rencontre officielle. Ça ressemble à une ambiance d'entraînement. Sauf que c'est un match et qu'il faut faire abstraction du contexte. Mais c'est vraiment une sensation très désagréable. Cela dit, c'est triste avant tout pour les supporters, de surcroît, quand c'est une belle affiche. On sait tous combien le soutien des fans est important. Bref, c'est jamais facile de se familiariser avec cette ambiance si spéciale. Quand on est pris de court, le cas, du récent classico où la sentence a été rendue sur le tard. C'est difficile de s'imprégner de ce contexte. Prévenu à temps, un staff technique peut du moins créer des conditions assez similaires à celles des répétitions. Des conditions proches de ce fameux silence de l'amer. Dommage pour ce sport populaire. Il faut comprendre que fermer même à titre conservatoire les tribunes du stade, pénalise tout le microcosme sportif. L'influence et l'affluence du public font partie intégrante du jeu. En l'absence des supporters, il y a de quoi sérieusement écorner l'intérêt sportif d'un match de football. Le huis clos, ce symbole d'un désamour patent entre acteurs et observateurs, ne doit plus être décrété. Il faut certes nuancer, mais force est de constater que cela réduit la saveur du football. C'est une victoire par K.-O. du tout sécuritaire (prévention) sur la ferveur du football (la grande messe du football). Les solutions existent pourtant pour éviter ces décisions radicales. L'on peut mieux aborder la commercialisation et la distribution des abonnements en virages. Les supporters pourraient avoir des cartes nominatives délivrées par le club. Sorte d'accord qui permettrait de renforcer les conditions de sécurité à l'intérieur du stade, tout en préservant la liberté des supporters à apporter leur immense contribution à l'animation des gradins. Il faut comprendre et admettre que le climat actuel ne s'est pas apaisé depuis un bon moment. Le public ne vient plus seulement pour supporter, mais pour «consommer» un spectacle. Cela a été possible par le passé et ça devrait l'être pour le futur. C'est un problème épineux. Maintenant, malgré l'électricité dans l'air et la caisse de résonance qu'est devenu le stade, le huis clos n'est qu'une solution insoluble à termes. Ce n'est pas pour rien que la présence du public dans un stade est d'une importance capitale. Cette présence stimule les joueurs, les encourage et les incite à déployer beaucoup plus d'efforts que quand ils évoluent devant des gradins vides. Et ce n'est pas, non plus, pour rien que ce public est justement surnommé, le douzième homme. Sans lui, les stades perdent leur âme et le football son attrait. Un supporter chante, ovationne les bonnes actions et hue les mauvaises dans une ambiance typique au football, mais indispensable pour revigorer les joueurs. Un sport de spectacle A contrario, le huis clos, ennemi juré du football, donne aux stades un air de tristesse et aux joueurs une sensation de vide sidéral les empêchant de s'exprimer et de fournir du spectacle. Amputés du douzième homme, ils se retrouvent égarés sur le terrain ne sachant quoi faire du ballon. Moroses, les stades le sont sans ce public représentant une partie indissociable du football autant que les joueurs, les arbitres et les entraîneurs. D'aucuns savent que le huis clos est un procédé disciplinaire appliqué par toutes les instances sportives. Or, les observateurs indiquent, paradoxalement, que celui-ci tue l'enjeu, le suspense en fin de saison et, surtout, le spectacle ! En tuant le suspense, l'enjeu et le spectacle, le huis clos devient donc un danger pour le développement du football. Car, disputer des matches sans la présence du public, c'est le spectacle lui-même qu'on élimine. Comme le football est avant tout un sport de spectacle, puisqu'il oblige le travail collectif, éliminer un des acteurs principaux de ce spectacle, à savoir le public, constitue donc un danger pour cette discipline prisée dans le monde entier. L'on ne peut toutefois blâmer les tenants et aboutissants du sport roi (FTF, tutelle, autorité...). Car si la lutte contre la violence s'appuie sur plusieurs critères, dont celui en premier lieu de la prévention et la sensibilisation. Ce n'est que lorsque tous les procédés s'avéreraient sans effet, alors là, on pourrait vraiment passer au huis clos. C'est malheureusement le cas chez nous. Maintenant, et outre la prévention, les interrogations sur l'efficacité des mesures prises par les pouvoirs publics dans le cadre de la lutte contre la violence doivent êtres soulevées après le constat d'une persistance de ce phénomène, touchant parfois d'autres disciplines sportives. Car la violence dans les enceintes sportives a poussé l'opinion publique à se demander si les mesures prises dans le cadre de la lutte contre ce fléau sont vraiment efficaces. Il faut peut-être du temps, de la persévérance et de la patience ! Déclencher tout d'abord une vaste opération de sensibilisation et de lutte contre le phénomène. Et, surtout, ne s'arrêter pour ainsi dire jusqu'à ce que la paix et la sécurité seront assurées. La Grande-Bretagne a réussi à éradiquer le hooliganisme dans les années 90. L'Europe s'y est attelée après le drame du Heysel (entre la Juventus et Liverpool). Nous n'attendrons pas qu'une catastrophe arrive pour prendre conscience de l'urgence de la situation !