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La culture du cachot
Point de Mire
Publié dans La Presse de Tunisie le 21 - 05 - 2017


Par Abdelhamid GMATI
Le ministre de la Défense avertissait, mercredi dernier, sur les menaces terroristes qui persistent encore, notamment en exploitant les mouvements sociaux pour semer le désordre. La députée Leïla Chettaoui soulignait, il y a quelques jours, qu'il n'y a pas que les terroristes tunisiens de retour des zones de combats ou ceux qui y sont encore. Pour elle, il ne faut pas oublier « les milliers de personnes qui voulaient absolument partir « au jihad » et qui en ont été empêchés par les autorités. Ces jeunes, retenus au dernier moment avant leur départ, sont tout aussi nuisibles que ceux qui ont réussi à partir, et ils représentent de véritables bombes à retardement qui circulent dans le pays ». Elle en estime le nombre à 5.000. Le Centre des études stratégiques de sécurité globale en Tunisie parle de « 15.000 jihadistes potentiels partageant les mêmes convictions que ceux qui ont franchi le Rubicon en allant faire le jihad ou ont rejoint les hauteurs du mont Chaâmbi et autres montagnes en Tunisie ». Devant ces dangers, les autorités ne chôment pas et procèdent tous les jours à des arrestations et à des démantèlements de cellules jihadistes. Et qu'en fait-on ? Des peines d'emprisonnement. Le ministre de la Justice précise que les accusés de terrorisme encourent jusqu'à 20 ans de prison. Actuellement, « 77 personnes sont poursuivies dans des affaires de transfert de jihadistes tunisiens vers les zones de conflits. Des jugements définitifs ont été émis à l'encontre de 31 d'entre eux et les dossiers de 46 autres sont encore examinés par la justice ». En Tunisie, comme ailleurs dans le monde, on emprisonne ceux qui ont commis des actes illégaux. Il y a deux jours, on apprenait que ceux qui harcèlent les femmes dans les lieux publics risquent trois mois de prison et une amende de 500 dinars. En somme, c'est « la culture du cachot ». On met les délinquants en prison, comme si on se débarrassait d'un problème et on se tranquillise ainsi que l'opinion publique
Les peines de prison ont, en principe, une double fonction : punir et réinsérer. Il faut se rendre à l'évidence que la seconde fonction est loin d'être accomplie et il est à craindre que les condamnés ressortent de prison encore plus criminalisés. Le secrétaire général du syndicat des prisons et de la rééducation, Badreddine Rajhi, affirmait, il y a deux jours, que « l'endoctrinement se poursuit dans les prisons tunisiennes. Les terroristes tunisiens de retour au pays représentent un réel danger, car ils sont généralement incarcérés dans les mêmes prisons et les mêmes cellules que les détenus de droit commun. Ils choisissent les prisonniers les plus vulnérables et les radicalisent. Et cela est d'autant plus possible que, «dans chaque cellule, renfermant, en moyenne, entre 50 et 80 détenus, il y a, souvent, entre 3 et 5 terroristes ayant combattu dans les zones de conflits. Ces gens sont des barbares qui se sont abreuvés de sang en combattant dans les rangs de Daech et ils ne se repentissent jamais. Au contraire, ils sont animés par un désir de vengeance et profitent de leur incarcération pour embrigader d'autres détenus et poursuivre leur projet destructif». Selon un rapport du syndicat des prisons et des institutions de réhabilitation pénitentiaire au ministère de la Justice, « un plan élaboré de l'intérieur d'une prison pour l'assassinat d'un juge d'instruction avait été démasqué ainsi qu'un plan visant à prendre d'assaut l'hôpital de l'Ariana pour faciliter l'évasion des prisonniers terroristes. Un prisonnier a formé un émirat dans une cellule de prison et rallié plusieurs détenus de droit commun. Ce prisonnier se fait même nommer émir et a embrigadé plusieurs détenus ».
Les prisons tunisiennes sont surpeuplées et leurs infrastructures en mauvais état, selon un rapport de l'ONU. « Les 27 prisons tunisiennes accueillent environ 24.000 pensionnaires, dont près de 13.000 sont en détention provisoire, 70% d'entre eux ont entre 18 et 49 ans et 60% sont des récidivistes ». Le ministre de la Justice, Ghazi Jeribi, en convient, estimant que « l'encombrement dans les prisons tunisiennes a atteint des taux alarmants où la population carcérale a fortement dépassé la capacité d'accueil de certaines prisons ». Le problème est que ce surpeuplement carcéral a pour conséquence que des détenus ayant commis des délits mineurs partagent leur cellule avec des meurtriers. « Des étudiants arrêtés le week-end à cause d'un joint se retrouvent dans le même endroit que des tueurs et de dangereux criminels. Et toujours selon le rapport onusien, « plus de 53% des prisonniers s'y retrouvent en raison de consommation de stupéfiants, en général du cannabis ». Le ministre Jeribi détaille : « 50% des détenus sont en état d'arrestation, et parmi les 11.868 personnes arrêtées figurent 358 femmes. Le nombre des personnes arrêtées liées à la consommation de drogues et autres stupéfiants a atteint 6.662 dont 3.982 condamnées et 2.680 en attente de jugement. Pour les crimes de vol, 3.031 personnes sont placées en garde à vue et 2.819 jugées. Pour les crimes de meurtres, parmi les 2.604 détenus, 967 sont en garde à vue. Le nombre de personnes impliquées dans des crimes de terrorisme et de blanchiment d'argent a atteint 1.647 dont 1.464 arrêtées ».
D'où la nécessité, pour le ministre, de revoir et réformer le système pénal et judiciaire. « La procédure de pénalisation va être repensée à travers la révision du code pénal ». Il appelle à limiter la période d'arrestation et à la création d'alternatives de pénalisation autres que les peines privatives de libertés. Il a évoqué la nécessité de mettre à niveau les prisonniers et améliorer la situation des prisons et des agents. Le Centre des études stratégiques de sécurité globale en Tunis propose que « ces jihadistes soient encadrés par des psychologues, des religieux, des sécuritaires et des sociologues afin de leur faire abandonner leurs idées. Ces jihadistes ne pourront être autorisés à sortir que lorsqu'ils seront jugés aptes à s'intégrer dans la communauté avec en prime l'abandon de leurs idées noires ».
Enfin de compte, il faudrait abandonner cette « culture du cachot » systématique, qui aggrave le mal et penser à d'autres punitions plus adaptées à la réinsertion.


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