Par Rafik EL Herguem Le port de Radès n'en finit pas de défrayer la chronique depuis des années. Combien de chefs de gouvernement y ont rendu visite pour essayer de faire bouger les choses et de mettre fin à ces retards invraisemblables dans la gestion des opérations de déchargement et de réception des marchandises importées, ainsi que des conteneurs destinés à l'exportation. Combien de visites, de conseils ministériels, de mesures disciplinaires pour assouplir les procédures et permettre aux importateurs et commerçants de ne pas perdre du temps et beaucoup d'argent dans leurs transactions (surtout dans le cas de matières périssables). Pas grand-chose de changé, le port commercial, le plus important de l'économie tunisienne, fonctionne d'une manière suspicieuse, erronée et par-delà tout des soupçons (valides) de corruption , de complaisance avec le commerce parallèle, et des pertes qui se comptent en milliers de dinars pour des importateurs qui voient en toute impuissance leurs marchandises importées ou exportées y végéter des semaines sans être déchargées et dédouanées. La visite de Youssef Chahed et les décisions disciplinaires à l'encontre de cadres douaniers en disent beaucoup sur le mal qui sévit dans ce port et qui handicape considérablement l'économie tunisienne et la compétitivité commerciale de certaines branches. L'Etat, lui aussi, avec ce fléau propagé de corruption et de retard dans la gestion des opérations douanières et de déchargement, perd beaucoup en termes de recettes douanières et fiscales, au profit de circuits parallèles qui échappent au contrôle douanier en plein port de Radès. Combien de sociétés importatrices et exportatrices ont perdu leurs marchés à cause de ces retards (dus également à un problème de chaîne logistique et de moyens techniques et humains insuffisants pour atteindre des délais raisonnables) et à cause de ces manœuvres illicites. Les décisions prises, notamment le renforcement de l'infrastructure (acquisition de grues, mobilisation d'un quai supplémentaire, instructions pour augmenter le nombre des équipes de manutention des conteneurs...) sont bons à prendre, mais insuffisantes. C'est tout le système qui est à revoir : de la réception des conteneurs jusqu'à l'aconage et la manutention, en passant par les systèmes internes de facturation, de contrôle et de suivi des procédures et des flux logistiques. A l'heure où les plus grandes économies ont les plus grands ports et les meilleurs délais et gestion des opérations d'aconage et de manutention avec des services douaniers transparents et rapides, nous restons un peu loin. Et pourtant, avec un emplacement pareil, la Tunisie peut être une plaque tournante en Méditerranée et attirer davantage d'importateurs et d'exportateurs et de trafic de marchandises. Et pourquoi ne pas songer à agrandir ou à investir davantage dans ce port afin qu'il soit compétitif face à ses concurrents arabes et européens.