Un point de presse a été tenu, hier, au port de Radès, sur la situation difficile prévalant dans ce port et les mesures prises en vue de régler les nombreux problèmes qu'il connait, suite à la visite d'inspection que le chef du gouvernement, Mehdi Jomâa, y avait effectuée le 1er mai 2014. Avaient contribué à l'animation de la rencontre le ministre du Transport, Chiheb Ben Ahmed, le ministre de l'Economie et des Finances, Hakim Ben Hammouda, le PDG de l'Office de la marine marchande et des ports (OMMP), Imed Zammit, le PDG de la Société tunisienne d'acconage et de manutention (STAM), Fouad Othman, et le directeur général de la douane, Kamel Ben Nacer. Le port de Radès qui assure 80% du trafic maritime lié au commerce extérieur de la Tunisie, avait été qualifié dernièrement par la présidente de l'UTICA de plaie pour l'économie nationale et les opérateurs économiques, soulignant que plusieurs entreprises économiques sont menacées de faillite si la situation dans ce port ne s'améliore pas, puisque les conteneurs restent bloqués et immobilisés plus d'un mois avant d'être libérés et enlevés, alors que le nombre des navires en rade , attendant leur tour pour débarquer ou embarquer les marchandises, a dépassé 23 navires. Stabilisation Au nombre des actions entreprises en vue de faire retrouver au travail du port son rythme ordinaire, ou ce que les intervenants ont désigné par « actions de stabilisation » figure notamment la mobilisation du personnel de la STAM , en accord avec les partenaires sociaux, par la mise en œuvre du régime de travail 24 heures sur 24 heures et 7 jours sur 7, parallèlement à la mise en place d'un plan de circulation visant à améliorer le transit des flux de marchandises à l'import et à l'export, à optimiser la gestion des espaces et à rendre les meilleures prestations aux navires. Le ministre du Transport a rappelé que le port de Radès est un port de transit et non pas un port de stockage, exhortant les opérateurs économiques concernés à enlever, aussitôt que possible, leurs conteneurs, car le nombre des conteneurs transitant par le port dépasse énormément sa capacité d'accueil. Aussi, actuellement, près de 1000 conteneurs sont immobilisés au port depuis des années dont un bon nombre (une vingtaine) sont chargés de marchandises périssables, outre 1000 voitures saisies. Grâce aux mesures décidées, la capacité de traitement des conteneurs a été doublée, en deux mois, et portée à 8 par heure, contre 4 auparavant, avec l'objectif d'atteindre 17 conteneurs par heure. Le nombre des navires en rade a été ramené à 8. D'après le ministre du Transport, le problème de la décongestion du port de Radès et de la bonne gestion des ports en général nécessite une révision et une actualisation des législations. La réglementation douanière tunisienne est encore rigide, a-t-il dit. Pour le moment, le ministère de la Justice a mis un juge à la disposition du port de Radès afin d'aider à l'accomplissement des formalités d'ordre judiciaire. S'agissant des conteneurs immobilisés depuis longtemps, dans le port, dont le nombre avoisine 1000, il a été décidé de s'en débarrasser soit par la vente, soit par la destruction. 400 conteneurs devraient être vendus ou détruits d'ici fin septembre 2014. Il en va de même pour les voitures saisies. 400 seront vendues ou détruites d'ici fin septembre, car certaines voitures n'ont pas de documents. Les 20 conteneurs chargés de marchandises périssables, comme la viande et le thon, et immobilisés dans le port depuis des années vont être détruits. L'opération a déjà commencé. Une autre importante action de stabilisation a porté sur l'augmentation du taux de disponibilité des engins déployés par la STAM au port de Radès, comme les grues dont le nombre a été porté à 4, contre une grue auparavant. Projets de consolidation Les responsables ont parlé de mise en place de caméras de surveillance pour contrôler les entrées et sorties des marchandises, ainsi que de l'acquisition de scanners plus performants afin de mieux lutter contre les fraudes et les opérations de contrebande. Ils ont signalé que les trafiquants connaissent et mettent à profit la faible performance des scanners utilisés actuellement par la douane pour contrôler les marchandises chargées dans les conteneurs. Mais, en dépit de cette faiblesse technique, plusieurs saisies ont pu être effectuées. Outre la stabilisation et le retour au rythme ordinaire, le plan d'amélioration du rendement et de la gestion du port de Radès comporte, en deuxième phase, des projets de consolidation prévoyant notamment la dématérialisation des procédures portuaires, le renforcement de l'informatisation du travail au port, la mise en place de portes automatisées et la révision du statut du personnel de la STAM dans l'objectif d'instaurer de manière permanente le travail continu. Il y a aussi un programme d'extension prévoyant l'augmentation des capacités de stockage, la gestion automatisée des engins, l'extension des quais, et l'amélioration de l'infrastructure du port. Gestion défaillante Plusieurs journalistes ont pris la parole, insistant sur les nombreux problèmes dont souffre, depuis des années, le port de Radès et qui sont allés en se compliquant et en s'intensifiant, au lieu d'être réglés. Le ministre du Transport a admis que le travail dans le port de Radès ne peut pas être coupé du celui des autres entreprises opérant dans le secteur du transport , notamment les entreprises publiques du transport qui souffrent, a-t-il dit, de difficultés financières énormes à telle enseigne que certaines se trouvent au bord de la faillite, telles que la CTN, TUNISAIR , la SNCFT, ou encore la STAM qui était excédentaire et est devenue déficitaire, à cause notamment des « recrutements abusifs » qu'elle a connus, ces deux dernières années et qui lui ont entraîné un sureffectif accablant. Il a émis l'espoir de transformer ce sureffectif en facteur positif grâce à la mise en œuvre d'un programme de recyclage et de formation visant la mise à niveau des compétences du potentiel humain et l'amélioration de la qualité de service.