La cote de popularité de Caïd Essebsi et Youssef Chahed s'envole. Le chef du gouvernement occupe la première place sur le podium des personnalités préférées des Tunisiens Les Tunisiens ont dû apprécier l'offensive de l'exécutif contre les gros bonnets de la corruption et de la contrebande et l'arrestation de «gros poissons» qu'on disait intouchables. Messages forts qui sont bien captés et bien interprétés à un moment où l'on a commencé à désespérer de la classe politique et à douter de la bonne volonté du gouvernement de s'engager dans une voie jugée périlleuse. Le baromètre politique pour le mois de juillet réalisé par Sigma Conseil vient de tomber. Effectué entre le 29 juin et le 2 juillet auprès d'un échantillon de 900 personnes seulement âgées de 18 ans et plus, il a été essentiellement centré sur la situation générale du pays. Il intervient peu de temps après le lancement de la guerre contre la corruption et la malversation et pourrait, par conséquent, prétendre refléter l'appréciation des Tunisiens sur la politique menée par le gouvernement pour lutter contre ce fléau. Les deux chefs de l'exécutif significativement confortés Les résultats sont venus conforter les deux chefs de l'exécutif dans cette guerre. Pour la première fois, en effet, le chef du gouvernement Youssef Chahed occupe la première place sur le podium des personnalités les plus appréciées des Tunisiens. Avec 80,2% d'opinions favorables dont 37,1% de très favorables, il devance le président de la République Béji Caïd Essebsi qui obtient près de 60% (59,9%) d'opinions favorables, contre 43,3% seulement au mois de juin dernier, soit une percée de 16,6%. Les Tunisiens ont dû apprécier cette offensive contre les gros bonnets de la corruption et de la contrebande et l'arrestation de «gros poissons» qu'on disait intouchables. Messages forts qui sont bien captés et bien interprétés à un moment où l'on a commencé à désespérer de la classe politique et à douter de la bonne volonté du gouvernement à s'engager dans une voie jugée périlleuse. Même ceux qui ont porté Youssef Chahed au pinacle, lui reprochant ses hésitations, le couvrent aujourd'hui de louanges. Les deux chefs de l'exécutif bénéficient également d'un taux de confiance très important avec respectivement 78% pour Youssef Chahed (+11,3%) et 31% pour Essebsi (+13,1%). Youssef Chahed est également la personnalité qui pourrait compter dans l'avenir. Avec 44%, il est talonné par Samia Abbou (41%) et Néji Jalloul (35%). Ce dernier, bien qu'évincé du gouvernement depuis plus de deux mois et malgré son absence dans les médias alors qu'il en était un habitué, continue de jouir de la confiance des populations. Il vient même juste derrière Youssef Chahed( 56%) chez les sympathisants de Nida avec 46% et loin devant l'actuel directeur exécutif Hafedh Caïd Essebsi qui occupe la dernière place avec 8% seulement chez les «nidaistes». Même Mohsen Marzouk, qui ne fait plus partie de Nida Tounès, arrive devant lui avec 14% d'opinions favorables. Dans les rangs d'Ennahdha, Abdelafettah Mourou, qui jouit d'un capital confiance de 26%, pointe à la première place chez les sympathisants de son mouvement, avec 46% devant Samir Dilou (36%) et... Rached Ghannouchi qui arrive 6e avec 26% d'opinions favorables. Cette bonne appréciation se trouve corroborée par une autre appréciation non moins importante, celle de la confiance dans l'avenir du pays. En effet, 46% des sondés pensent que le pays est sur la bonne voie, avec une baisse sensible du taux de pessimisme chez les Tunisiens qui est descendu à 52,1% contre 69% au mois de juin et 80,1% au mois de mai. Car, excepté le mois de février 2015 qui avait coïncidé avec l'installation d'un nouveau gouvernement après les législatives d'octobre 2014 au cours duquel le taux des optimistes a légèrement dépassé les 50% (52,4%), le mois de juillet a enregistré le plus fort taux au cours des trois dernières années. Aussi curieux que cela puisse paraître, les sympathisants de Nida Tounès et du mouvement Ennhadha pensent, plutôt, que le pays n'est pas sur la bonne voie. Le taux est, en effet, en dessous de la moyenne générale, avec respectivement 45,8% et 40,4%. Ce sont les jeunes de 18-25 ans qui avec 34,4%, ont le moins confiance dans l'avenir du pays. Alors que les régions dites de l'intérieur pensent que le pays n'est pas encore mis sur les rails. D'habitude optimistes, les Sfaxiens qui se sont exprimés dans ce sondage se disent un peu dépités puisque 61,3% d'entre eux n'entrevoient pas l'avenir sous de bons auspices. Ils sont légèrement devancés dans leur pessimisme par la région du Sud-Est avec 61,8%, mais devant le Nord-Ouest avec 56,6%. Attention à la manipulation ! Ceci pour la lecture des données. Toutefois, force est de constater que certaines sociétés de sondage, abusivement appelées «instituts», qui ont essaimé au lendemain du 14 janvier 2011 ainsi que quelques médias, ont tendance à manipuler l'opinion publique. Les baromètres politiques qui tombent d'un moment à l'autre et dont les résultats sont largement repris dans les médias, souvent, sans analyses ni commentaires, ont tendance à renvoyer à l'opinion l'image que les commanditaires et « payeurs » voulaient avoir. Nonobstant les quelques succès réalisés par ces « instituts », lors des élections législatives et la présidentielle de 2014, parce que les études et les sondages ont été administrés et réalisés selon les normes scientifiques, le reste est « un simple jeu de mots et de chiffres ». Sans entrer dans les détails, et sans pointer du doigt une société ou un institut précis, et quand bien même les méthodes et les techniques utilisées seraient conformes aux standards exigés, le doute persiste quant au choix de l'échantillon, à la bonne administration du questionnaire et à l'interprétation des résultats. «Même s'il n'y a pas de recette miracle pour réaliser une bonne enquête et obtenir à tous les coups des résultats pertinents, il existe des règles incontournables à respecter à chaque étape». Ces règles sont-elles toujours respectées ? N'y a-t-il pas de desseins inavoués derrière chaque baromètre politique ? Les personnes sondées ne tombent-elles pas sous l'influence de l'enquêteur et leurs réponses traduisent-elles leurs véritables intentions ? Et leurs réponses apportent-elles une garantie de véracité ? Il est connu que les enquêtes par questionnaires administrées sur le terrain sont plus plausibles que celles effectuées par téléphone ou par internet, moins fiables. Il en est de même pour l'échantillon qui, autant il est élargi et bien choisi, autant il pourrait refléter une opinion proche de la réalité... Les connaisseurs savent bien que les sondages, partout dans le monde, sont, des fois, sujets à des manipulations et les instituts ne peuvent pas résister à des pressions aussi bien d'ordre politique qu'économique. Les exemples sont légion des instituts, partout dans le monde, soudoyés par des forces politiques ou économiques pour formater les sondages. Des spécialistes ont mis en en garde contre leur caractère parfois dangereux et abusif. Ils ont même mis en doute «l'impartialité des entreprises de sondage et marketing, détenues ou financées par les budgets de grands groupes financiers proches des hommes politiques ou désireux de promouvoir ou défendre leurs intérêts particuliers...».