• Les médias bénéficient d'un taux de satisfaction de 59% • Moncef Marzouki, toujours en tête • Deux binômes évoluent ensemble :Mustapha Ben Jaâfar-Hamadi Jébali et Béji Caïd Essebsi-Rached Ghannouchi L'Institut 3C Etudes, le seul bureau de sondage tunisien reconnu en France, vient de publier son 5ème baromètre politique synthétisant les résultats du sondage d'opinion qu'il mène mensuellement depuis le mois de janvier pour jauger et apprécier la valeur et la cote de nos chevaliers servants. L'évolution du taux de confiance et de satisfaction des Tunisiens varie d'un mois à un autre au gré des évènements jalonnant le parcours quotidien des ténors de la politique, chose qui devient intéressante à étudier par les membres de la classe politique qu'ils soient au pouvoir ou dans l'opposition. Globalement à part le secteur de l'information, avec 59% d'opinions favorables, les membres de la Troïka et les leaders de l'opposition accusent un recul manifeste. Sur un échantillon de 1160 Tunisiens choisi selon la méthode des quotas représentatifs de la société tunisienne, le sondage a eu lieu du 21 au 26 avril dernier. C'était après les évènements du 9 avril où les forces de l'ordre avaient bastonné les manifestants. A la question : avez-vous confiance en cette personnalité politique ?, les réponses ont montré que toute la classe politique est mal estimée. C'est une situation qui rappelle celle de la période des inondations où ni la classe dirigeante au pouvoir, ni l'opposition n'avaient conquis la sympathie des citoyens. Il semble que le Tunisien renvoi dos à dos, aussi bien les thèses de la Troïka que celles de l'opposition concernant la violence exercée le 9 avril. Toutefois de ce massacre émerge Moncef Marzouki qui caracole toujours en tête avec 73% de taux de confiance quoi qu'en baisse de 5%. Mustapha Ben Jaâfar est à 63% et Hamadi Jebali à 61%. Les deux progressent ensemble, comme un binôme. Il en est de même pour Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi. Leurs côtes augmentent et baissent ensemble. Au sondage antérieur, ils avaient récolté 5 points de plus tous les deux. Cette fois-ci, ils dégringolent ensemble de 9 points. Tels des compétiteurs sportifs, ils se neutralisent l'un et l'autre. Ali Laârayedh présent pour la première fois dans le baromètre a un niveau de confiance de 47%, le dernier de la classe au sein de la Troïka. Les violences du 9 avril sont passées par là et l'ont lessivé. Les personnalités de l'opposition viennent par la suite avec une palme d'or pour Meya Jéribi avec 37% de taux de confiance. Ahmed Néjib Chebbi est à 39%, Hamma Hammami à 25%. Ahmed Brahim recueille 20%. Ils connaissent tous des baisses d'un mois à l'autre. Sur toute la période des cinq mois, les personnalités au pouvoir connaissent une baisse continue. Ceux de l'opposition qui étaient déjà à un niveau relativement bas, n'en ont pas profité. Globalement la confiance en la classe politique est passée de 56% en Janvier à 46% dans le dernier baromètre, soit une baisse vertigineuse de 10 points. C'est la moyenne des dix personnalités politiques les plus influentes qu'elles soient dans l'opposition ou au pouvoir. Les Tunisiens sont-ils satisfaits du rendement du Gouvernement ? 53% des sondés se montrent satisfaits. C'est un niveau relativement élevé. Approuve-t-on la manière avec laquelle fonctionne le Gouvernement ? Là seuls 46% prêtent le flanc par l'affirmative alors que 47% ne sont pas satisfaits. Sur le rendement du Gouvernement, les sondés répondent, entre autres, en fonction de leur appartenance politique. Concernant la situation sécuritaire dans le pays, 43% sont réconfortés alors que 54% sont inquiets. Qu'en est-il de l'opposition ? Seuls 26% sont satisfaits de son rendement, contre 56% qui ne le sont pas. A croire ces chiffres, l'opposition devrait revoir ses comptes, corriger sa manière d'agir, repenser sa communication et essayer d'avoir un meilleur impact sur l'opinion publique. Les dernières divisions annoncées, comme celles du Parti républicain, pourtant fraîchement créé, ne laissent pas une image positive au sein de l'opinion publique. Avec la baisse de confiance en les ténors de la Troïka et de l'opposition, le doute taraude les Tunisiens. A la question des intentions de vote au cas où des élections présidentielles sont organisées au cours de la période du sondage, 38% sont indécis et ne savent pas pour qui voter. Ils n'étaient que 5% en janvier et 34%, le mois qui précédait. Une grande indécision remet en cause les certitudes de certains ténors d'Ennahdha et d'autres prétendument sûrs de tout rafler lors des prochaines élections, comme le disait Tarak Dhiab. Pour des élections présidentielles, Moncef Marzouki, se maintient en tête avec 16%, même s'il régresse de 4 points. Béji Caïd Essebsi lui emboîte le pas et pointe en seconde position avec 8,1% d'intentions favorables. Il était à 18% au mois de janvier. Mustapha Ben Jaâfar est à 5,4% et Hamadi Jebali à 4,6%. Rached Ghannouchi est à 3% et Ali Laârayedh à 1,8%. Ahmed Néjib Chebbi est à 1,7%, Kamel Morjane à 1,1% d'intentions de vote, juste devant Maya Jéribi qui se situe à 1%. Hamma Hammami est à 0,8% d'intentions de vote. Reste la part de satisfaction de la prestation des médias. Elle est de 59%, l'indicateur le plus élevé du baromètre en dépit d'une baisse de deux points par rapport au mois précédent. Quoique prétendent, les ténors d'Ennahdha, les citoyens sont tout compte fait satisfaits du rendement des médias. Toutefois, d'autres pas peuvent être franchis pour gagner davantage la confiance des citoyens. Il faut bannir les sujets tabous, gagner en professionnalisme et éviter le populisme. L'information publique a un grand rôle à jouer dans ce domaine.