La session parlementaire 2017-2018 n'est pas une session comme les autres. Les députés ont plusieurs dossiers prioritaires à régler. On attend de nos représentants un investissement plus poussé dans l'accomplissement de leur mission Aujourd'hui, lundi 2 octobre, les députés retournent au palais du Bardo en vue du démarrage de la quatrième session parlementaire 2017-2018. Au programme, le renouvellement des membres des différentes commissions parlementaires sur la base de la représentation parlementaire des groupes, c'est-à-dire un membre pour 10 députés. Quant aux actuels présidents, premier vice-président et deuxième vice-président de l'Assemblée des représentants du peuple (ARP), ils garderont leurs postes dans la mesure où ils ont été élus par leurs pairs pour un mandat de cinq ans. Les présidents des commissions parlementaires seront élus par les nouveaux membres de ces mêmes commissions et l'on ne s'attend pas à de gros changements dans la mesure où les partis politiques les plus influents opteront sûrement pour la continuité. Seule la commission parlementaire des finances, dont la présidence doit être confiée selon le règlement intérieur de l'ARP à l'opposition, pourrait susciter débat ou controverse au sein de l'opposition dans la mesure où on ne sait pas encore qui va succéder à Mongi Rahoui, député du Front populaire, où il n'est plus très apprécié au regard de ses dernières déclarations critiquant ce qu'il appelle «la sclérose politique frappant le Front et l'empêchant d'assumer la mission que lui ont confiée ses électeurs». Et comme l'opposition ne se limite pas au sein du Parlement au Front populaire, l'on s'attend à ce que Slim Riahi, patron de l'Union patriotique libre (UPL), propose l'un de ses députés à la présidence de la commission des finances. Il est également probable que le Courant démocratique propose la candidature de son secrétaire général, Ghazi Chaouachi, à moins que Samia Abbou n'ait la même ambition. Les députés reprendront, tout de même, leurs vacances jusqu'au 17 octobre, date de la séance inaugurale de la nouvelle session parlementaire, comme l'a indiqué le président de l'ARP, Mohamed Ennaceur. Des dossiers chauds et urgents Mais quels sont les dossiers qui attendent les députés au cours d'une session parlementaire pas comme les autres, une session charnière intervenant une année avant le grand rendez-vous des législatives et de la présidentielle de fin 2019 ? La présente session parlementaire sera marquée par trois événements majeurs : la tenue des élections municipales programmées par l'Isie pour le 25 mars 2018, en attendant l'aval définitif des partis politiques, l'adoption du budget de l'Etat et de la loi de finances 2018 et la révision du règlement intérieur de l'ARP dans le sens de lui accorder l'autonomie administrative et financière dont elle a besoin afin de pouvoir fonctionner comme un pouvoir effectif à l'instar des pouvoirs exécutif et judiciaire. Mais avant d'en arriver là, les députés auront à régler deux dossiers prioritaires. D'abord, l'élection du nouveau président de l'Instance supérieure indépendante des élections (Isie), la session exceptionnelle de fin septembre dernier n'ayant pas réussi à dénicher un remplaçant consensuel à Chafik Sarsar, démissionnaire depuis mai dernier. Aujourd'hui, on est revenu à la case départ et l'on s'achemine vers la réouverture des candidatures à la présidence de l'Instance alors que cette dernière a déjà annoncé, sous la présidence par intérim d'Anouar Ben Hassen, le démarrage aujourd'hui des inscriptions sur le registre électoral en vue des municipales et a entamé les préparatifs en prévision des législatives partielles devant avoir lieu en Allemagne pour trouver un remplaçant au député Hatem Ferjani, désigné secrétaire d'Etat chargé de la diplomatie économique. Ensuite, la discussion et l'adoption du Code des collectivités locales sur la base duquel se tiendront les élections municipales et plus tard les régionales. D'autre part, l'Isie tient, jeudi prochain, une réunion avec les partis politiques pour fixer la date définitive des municipales. Au sein de la commission parlementaire relative à l'organisation de l'administration et aux affaires des forces porteuses d'armes en charge d'élaborer le Code en question, se déroule un débat très chaud sur plusieurs articles, notamment ceux relatifs aux attributions qui seront accordées aux présidents des municipalités sur l'autonomie financière dont ils bénéficieront et sur les autorités qui auront la charge de les contrôler. L'apport de l'ARP à la guerre anticorruption D'autres dossiers sont sur l'agenda des députés. Ils sont d'égale importance que le Code des collectivités locales ou l'élection du nouveau président de l'Isie. Il s'agit, selon plusieurs observateurs, de la contribution que l'institution parlementaire se doit d'apporter à la guerre nationale contre la corruption et la contrebande. «En premier lieu, les députés ont le devoir impérieux d'adopter la loi sur l'enrichissement illicite dormant, pour des raisons inconnues, dans les tiroirs de l'ARP. Il y a aussi la loi sur les urgences économiques, celle relative à l'éradication du commerce parallèle et celles sur la restructuration des entreprises publiques menaçant faillite et la sauvegarde des caisses de sécurité sociale. Les Tunisiens peuvent être contents des réalisations à caractère politique ou institutionnel. Ils veulent aussi des actions concrètes qui préservent leur pouvoir d'achat ou ouvrent à leurs enfants les perspectives de décrocher un emploi ou de lancer un projet», ajoutent les mêmes observateurs. On attend aussi de nos députés un effort supplémentaire pour nous débarrasser de leurs querelles inutiles, des spectacles désolants qu'ils ont pris l'habitude de nous offrir à chaque séance plénière ou même en commission. En plus clair, que nos députés se comportent en responsables dignes de la confiance des Tunisiens.