Ridha Akacha, le libéro de charme «sang et or» des années 70, évoque avec nous ses souvenirs de joueur à l'EST et d'entraîneur. Pour lui, le football en Tunisie était beaucoup plus attrayant grâce surtout aux innombrables vedettes dont regorgeait notre compétition nationale. Ridha Akacha a regagné le club de Bab Souika à l'âge de 20 ans en 1966/67 alors qu'il évoluait dans le petit club du «Stade populaire» au local situé du côté de Bab El Khadra à Tunis. Et bien qu'il ne soit pas le pur produit de l'EST, son intégration fut sans problèmes, même si à son arrivée, l'Espérance comptait dans son compartiment défensif Hamadi Touati et Ahmed Hammami, deux noms intouchables, mais dont la carrière touchait à sa fin. Grâce à sa grande taille et à son jeu sobre, Ridha Akacha a rapidement arraché sa place de titulaire pour faire une belle carrière d'au moins dix bonnes années comme défenseur numéro un des années 70 particulièrement aux côtés de feu Larbi Gueblaoui, Abdelkader Ben Saïd (Gaddour), Kochbati, Ouakaâ et les autres. «A mon arrivée, j'étais très encouragé par feu Ali Zouaoui, le président du club, qui venait d'entamer une opération de rajeunissement et de recrutement d'envergure visant à doter l'équipe-fanion de tous les moyens possibles dans le but qu'elle occupe le devant de la scène footballistique en Tunisie. D'ailleurs, mon arrivée coïncidait avec l'éclosion fulgurante du feu follet Abdelmajid Ben Mrad et, par la suite, du recrutement, au fur et à mesure, des Taoufik Laâbidi, Abdelmajid Gobantini et surtout Témime Ben Abdallah. Et avant ces renforts de taille, l'Espérance comptait dans ses rangs sous la houlette du coach Pazmandi, les Noureddine Diwa, Cheldy Laouini, Raouf Meddeb, Mohamed Torkhani, Meriah, Jalloul et le gardien de but Mokhtar Gabsi. C'était donc une période transitoire qui allait annoncer le début d'une certaine suprématie de l'Espérance sur le football tunisien». En effet, la domination de l'EST sur les autres clubs a commencé à se confirmer dans les années 70 et il suffit de jeter un œil sur le palmarès des compétitions nationales : championnat et coupe pour le vérifier. «Personnellement, j'ai eu ma part du gâteau : 3 championnats 1970, 1975 et 1976, et une coupe en 1979». Akacha jouait à la Beckenbauer Tous ceux qui se sont régalés du beau football d'antan et de son apogée atteint dans les années 70, que ce soit en Tunisie ou un peu partout dans le monde, remarquent que beaucoup parmi nos footballeurs n'avaient pas grand-chose à envier aux grandes stars mondiales de l'époque. Et s'ils avaient à leur disposition les mêmes conditions que leurs homologues européens, ils auraient comme eux brillé de mille feux. Dans cet ordre d'idée, Ridha Akacha nous faisait penser à Beckenbauer dans son style de jeu. «Je me rappelle qu'un responsable me disait qu'il ne me manquait que la cravate et le costard pour illustrer mon élégance sur le terrain. Je ne dis pas cela pour vanter mon style, mais plutôt pour préciser que le football est un sport très beau à voir. Et de ce fait, tous les joueurs cherchaient à être distingués par quelque chose. Qui par des dribbles déroutants, qui par son élégance et son comportement irréprochable sur le terrain, qui encore par son engagement physique, etc. Personnellement, j'ai choisi le jeu défensif propre, loin des gestes durs ou agressifs, par respect pour moi-même et pour les autres. Ma technique me permettait de tirer mon épingle du jeu sans recourir à la "virilité" exagérée». Par ces quelques mots, vous avez certainement eu une idée sur le style de Ridha Akacha qui a, en quelque sorte, révolutionné l'approche dans les interventions défensives. Sur ses traces ont marché beaucoup d'autres défenseurs de renom comme Ali Rtima, Mohsen Jendoubi, Khaled Ben Yahia, et l'on oublie. Bonne carrière d'entraîneur En plus du fait qu'il a effectué une respectable carrière de joueur à l'Espérance, Ridha Akacha a fait aussi un bon bail en tant qu'entraîneur patenté ayant roulé sa bosse en Tunisie et dans d'autres pays arabes. «Je suis détenteur d'un diplôme national français "A" et d'une licence Uefa "A", en plus du diplôme tunisien de 3e degré. Ma carrière d'entraîneur a commencé dès l'âge de 32 ans avec les minimes de l'EST en 1978 et pour repère j'avais sous ma coupe à l'époque Haythem Abid par exemple. Après, j'ai fait plusieurs expériences dans les pays arabes : 8 ans avec "Achabab" de Ryadh en Arabie Saoudite, quelques années avec "Al Ansar" qui a connu sa deuxième accession en nationale sous ma conduite en 2010. J'ai obtenu le doublé avec "Ittihad" de Tripoli en 2005. J'ai également entraîné l'équipe nationale olympique en 1988. Et j'ai coaché, pour un match, l'équipe nationale "A" à l'occasion d'un certain Tunisie-Angleterre au mois de mai 1990. L'Angleterre avait choisi la Tunisie en guise de préparation pour son match de Coupe du monde contre l'Egypte en Italie. Notre onze national avait sorti, à cette occasion, l'un de ses matches internationaux historiques. Nous avions mené (1-0) jusqu'aux dernières secondes du match avant que les Anglais n'égalisent (1-1). Parmi mes protégés ce jour-là, il y avait Tarak Dhiab, Abdelhamid Hergal et Boubaker Zitouni entre autres». En effet, c'était un match mémorable dans lequel Hergal avait étalé tout son talent grâce à son but planté dans les filets du grand gardien Peter Shilton des 40 mètres et son petit pont réussi à l'insu de Paul Gascoigne, un des grands noms du football anglais. Pour Ridha Akacha, plusieurs entraîneurs l'ont marqué avant et au cours de sa carrière, mais pour lui, Antoni Piechniczek reste le grand modèle à suivre. «A lui seul, c'est une grande école de football. Dommage qu'on n'ait pas su profiter comme il se doit de son passage en Tunisie».