Il est nécessaire de revoir certains accords et de limiter les importations sur la base des mesures de restriction prévues par l'Organisation mondiale du commerce qui tolère une protection limitée dans le temps pour l'industrie locale au cas où les opérations d'importation auraient des impacts négatifs sur le tissu industriel Au cours du 8 octobre 2017, la valeur du dinar a connu une nouvelle dégradation par rapport aux devises étrangères et notamment le dollar et l'euro qui sont les principales monnaies de change. A cette date, l'euro s'échange à 2,909 dinars tunisiens (DT). Le 1er octobre de cette année, la situation était encore plus grave puisque l'euro équivalait à 2,927 DT. Selon les spécialistes, un tel état de fait est dû à plusieurs facteurs, à commencer par une productivité en berne depuis des années, des dépenses publiques faramineuses – plus que les recettes – allant en grande partie à la masse salariale qui ne cesse de gonfler compte tenu du sureffectif qui existe dans la Fonction publique et les établissements publics. D'où la décision du gouvernement d'effectuer une restructuration de la Fonction publique en vue de diminuer, un tant soit peu, l'effectif grâce à la retraite anticipée qui garantit tous les droits aux bénéficiaires. Une protection limitée Un autre élément important mis en cause dans la dégradation de la valeur du dinar, en l'occurrence les importations payées en devises. Malgré les accords de libre-échange signés par la Tunisie avec nombre de pays du monde, la balance commerciale avec beaucoup de pays – à l'instar de la Turquie – demeure déficitaire. En d'autres termes, nous importons de grandes quantités de produits de consommation sans en exporter les mêmes quantités vers le pays avec lequel nous sommes liés par un accord de libre-échange. Dans ce cadre, il est nécessaire de revoir certains accords et de limiter les importations sur la base des mesures de restriction prévues par l'Organisation mondiale du Commerce (OMC) qui tolère une protection limitée dans le temps pour l'industrie locale au cas où les opérations d'importation auraient des impacts négatifs sur le tissu industriel. Il s'agit aussi d'augmenter les avoirs en devises pour arrêter la dépréciation continue du dinar. A noter que le niveau des avoirs nets en devises de la Tunisie a atteint, le 14 août, 11,538 milliards de dinars, soit 90 jours d'importation, contre 120 jours d'importations à la même date en 2016. Un travail en profondeur devrait être fait dans les finances publiques pour assurer les équilibres fondamentaux et permettre au dinar de retrouver sa valeur initiale. C'est que la dépréciation du dinar a aussi des impacts négatifs sur les prix des produits importés. Ainsi, l'importateur doit dépenser plus que le double du prix en dinar pour pouvoir acheter un produit semi-fini, des matières premières ou des produits finis, ce qui va se répercuter sur la compétitivité des entreprises industrielles sur le marché international. Les exportateurs ont besoin d'une marge de manœuvre assez large sur le marché international pour pouvoir fixer des prix attractifs compte tenu des prix proposés par les concurrents. C'est pour cela que le coût de la production du produit doit être comprimé à la base et la valeur du dinar a une importance capitale dans ce sens. Avec cette dépréciation du dinar, l'Etat, qui est appelé à importer d'importantes quantités de produits de consommation – comme les céréales, pétrole, équipements et autres –, se trouve dans une situation embarrassante car il va dépenser plus que la somme prévue.