N'en déplaise aux oiseaux de mauvais augure, les autorités tunisiennes et le Fonds monétaire international sont sur la même longueur d'onde, celle des impératifs vitaux consistant en la préconisation d'un renforcement et d'une rationalisation des investissements publics de développement et des fonds consacrés aux politiques sociales favorisant la croissance Actuellement en Tunisie, une équipe du FMI abordera, la semaine prochaine, les discussions avec les autorités. Elle devra en toute vraisemblance inciter à une meilleure «protection» des investissements publics et des dépenses sociales Souvent au centre de houleuses polémiques parlementaires ou extraparlementaires, qui reprochent au pays de s'inspirer de ses conseils, le Fonds monétaire international a tenu, dans une récente déclaration, à assurer qu'il «n'a jamais recommandé de réduire les subventions alimentaires en Tunisie». Les propos sont de Gerry Rice, directeur du Département des communications au sein du FMI, actuellement à Tunis. Le responsable du FMI a précisé que le souci est de s'appliquer à réduire le déficit budgétaire et à maîtriser l'endettement public extérieur du pays. Chaque année en pareille période, les débats s'échauffent à propos de la loi de finances qui fixe les ressources financières fiscales et non fiscales devant financer les programmes gouvernementaux du budget de l'Etat et les incitations appelées à encourager les options prioritaires retenues pour l'économie nationale. Fort d'une politique de consensus national associant une très large frange des forces politiques représentées au Parlement, le gouvernement dit «d'union nationale» associe à son action toutes les grandes organisations socioprofessionnelles du pays, lesquelles sont partie prenantes des discussions préliminaires de coulisses autour et avec le chef du gouvernement. Masse salariale, réforme fiscale et ciblage des subventions C'est ainsi que les préoccupations de la centrale syndicale (Ugtt) et celles de l'Union patronale (Utica), qui ne se concentrent pas sur les mêmes priorités, sont, autant les unes que les autres, prises en compte, induisant des discussions ardues pour identifier les compromis les plus compatibles avec une synthèse coïncidant avec l'intérêt général du pays. Une synthèse qui n'aboutit pas sans sacrifices. L'Utica se focalise sur le climat des affaires et sur l'impératif d'alléger au maximum la fiscalité pesant sur les entreprises privées, laquelle pénalise la compétitivité et réduit les capacités d'investissement, à l'heure où ce dernier revient essentiellement au privé. L'Ugtt s'attache à améliorer les salaires et à rattraper la baisse du pouvoir d'achat par des revalorisations annuelles dont le gouvernement, de loin le plus grand employeur du pays, n'a plus vraiment les moyens du fait de la part qu'occupe la masse salariale publique dans le budget de l'Etat. Cette question de la masse salariale fait partie des préoccupations majeures dont font état les recommandations du FMI. L'institution monétaire internationale conseille fermement au gouvernement de veiller à contenir la croissance de la masse salariale publique. Et Gerry Rice de le rappeler avec force dans ses diverses déclarations. Mais si le responsable ne rate pas une occasion pour réaffirmer que le FMI ne recommande nullement de réduire les subventions alimentaires, il tient à rappeler la nécessité pour la Tunisie de limiter les subventions servies à l'énergie et de mettre en œuvre des réformes fiscales qui sachent répartir plus équitablement le poids des impôts et taxes. Le responsable du FMI, qui annonce qu'une équipe du Fonds actuellement en Tunisie abordera, la semaine prochaine, les discussions avec les autorités, a recommandé une meilleure «protection» des investissements publics et des dépenses sociales. L'actuelle mission est appelée à se rendre compte des progrès enregistrés par la Tunisie par rapport aux objectifs convenus avec la seconde revue du «programme appuyé par le mécanisme élargi de crédit». Sachant que les grandes tendances de la loi de finances actuellement en discussion devront satisfaire aux conditions établies dans les accords de la première revue, en juin 2017. N'en déplaise aux oiseaux de mauvais augure, les autorités tunisiennes et le Fonds monétaire international sont sur la même longueur d'onde, celle des impératifs vitaux consistant en la préconisation d'un renforcement et d'une rationalisation des investissements publics de développement et des fonds consacrés aux politiques sociales favorisant la croissance. Et Gerry Rice d'authentifier cette harmonie en réaffirmant que le programme convenu avec la Tunisie répond à ces priorités retenues par les Tunisiens. Et d'ajouter que ce programme vise, de surcroît, à améliorer le «compte courant extérieur» en améliorant la flexibilité des taux de change et le resserrement de la politique monétaire, plutôt que de recourir à des mesures administratives de protection du marché.