Abstraction faite du résultat, le match JSK-EST nous a réconciliés avec le beau jeu et le suspense. Ce fut le premier vrai duel de la saison. Un duel au terme duquel l'EST est déjà dans la peau du prochain champion bien que la compétition soit encore longue Il aura fallu attendre la treizième journée du championnat national pour voir, finalement, un vrai match de football avec JSK-EST, même si au coup de sifflet final de l'arbitre et comme d'habitude le public a fait des siennes en guise de contestations à propos de l'arbitrage qui a été pourtant irréprochable.Le chauvinisme, les mauvais perdants, le désordre ne méritent plus qu'on leur réserve la moindre goutte de salive ou d'encre. Passons et revenons au match proprement dit. Comme on l'a prévu, avec la sympathique équipe de la JSK, on s'attendait à ce que pour sortir indemne de l'écueil de Kairouan, l'Espérance se devait de sortir le grand jeu et de se surpasser, faute de quoi elle risquait d'y laisser des plumes. Et c'est ce qui s'est passé réellement, puisque les Aghlabides ont fait un match plus qu'honorable. Ils étaient à deux doigts d'imposer leur loi à l'EST comme ils l'ont fait avec le CA et l'ESS auparavant. Et ce n'est pas un hasard s'ils ont regagné les vestiaires à la mi-temps avec une avance d'un but à zéro grâce à leur attaquant camerounais Christopher Munduga (40'). A ce stade, on craignait fort pour l'équipe de Bab Souika qui était submergée par les assauts offensifs des «Vert et Blanc». Réaction fulgurante des «Sang et Or» Mais c'était compter sans l'orgueil et la détermination des coéquipiers de Ghaïlane Chaâlali. En effet, c'est une autre Espérance que nous avons vue dès la reprise du jeu. L'Espérance des beaux jours. L'Espérance qui gagne et qui plaît. Et non pas l'Espérance qui gagne, point barre. C'est que les joueurs de Faouzi Benzarti ont mangé du lion avant de regagner la belle pelouse du stade Hamda Laâouani. Il faut dire que quelques touches de coaching judicieux ont été apportées par Faouzi Benzarti qui a incorporé le jeune Mehdi Ben Sghaïer (46') à la place de Saâd Bguir en petite forme. Et avec le remplacement de Iheb Mbarki (blessé) par Ghaïlane Chaâlali (20'), l'équipe «sang et or» a retrouvé ses repères et ses sensations. Sa lenteur inquiétante de la première mi-temps s'est transformée en rythme soutenu en deuxième mi-temps. Et c'est à un vrai chassé-croisé qu'on a eu droit jusqu'à la fin de la rencontre dont le jeu allait atteindre un niveau très élevé avec des occasions des deux côtés. Notamment du côté espérantiste. Et après une série d'alertes devant la cage du bon gardien kairouanais Ali Kalaï vinrent le but de l'égalisation marqué par Ghaïlane Chaâlali (69') et celui de la victoire, œuvre de Anis Badri (85'). Kom, l'homme du match Au-delà les trois points de la victoire et la manière très convaincante affichée par l'EST dans ce match disputé et très plaisant, il y a eu un joueur qui a accaparé l'intérêt et l'attention de tout le monde dans ce beau bras de fer. Il s'agit du Camerounais «sang et or» Franck Kom. Avant-hier, Kom a fait étalage de tout son talent. Outre ses qualités physiques énormes qui font l'unanimité, surtout dans les duels, le pivot espérantiste, connu aussi pour son rôle de récupérateur très efficace, a surpris par une autre qualité providentielle, celle de régisseur. Il a été l'auteur des deux passes ô combien lumineuses données à Chaâlali et Badri sur les deux buts qu'ils ont marqués. Et cela dénote une vision de jeu et une créativité qu'il y a lieu d'exploiter à l'avenir, surtout que l'EST souffre de l'absence d'un vrai régisseur maîtrisant l'art de servir des caviars aux attaquants. Mais ce qui est formidable chez Kom c'est que non seulement il s'améliore d'une journée à l'autre, mais qu'il distille ses talents l'un après l'autre. Il épaule sans économie la ligne arrière, il assure un travail de sape au milieu du terrain, il contribue à la reconversion du jeu et voilà qu'il devient carrément régisseur et fournisseur de dernière passe. C'est un trois ou quatre en un. Avant-hier, il était tout simplement l'homme du match et il semble bien parti pour devenir la principale pièce maîtresse du milieu de terrain de l'EST. C'est un joueur qui est désormais capable de faire basculer un match en faveur de son équipe grâce aux multiples qualités dont il est pétri. On peut même avancer sans risque de nous tromper que c'est peut-être lui qui a allumé la mèche dans le camp espérantiste grâce à sa générosité dans l'effort et à son intelligence. Kom illustre, peut-être, le nouvel esprit de gagneur d'une Espérance qui semble retrouver la plénitude de ses moyens. Tant mieux car les victoires sans la manière n'intéressent pas bon nombre de férus du ballon rond.