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Un dîner mémorable
Chronique du temps qui passe
Publié dans La Presse de Tunisie le 13 - 10 - 2010


Par Hmida Ben Romdhane
Bernard Kouchner et Miguel Angel Moratinos, les ministres français et espagnol des Affaires étrangères, doivent regretter amèrement de s'être abaissés au niveau d'Avigdor Lieberman, leur homologue israélien, de l'avoir considéré comme collègue et d'avoir accepté de dîner avec lui.
Le dîner a eu lieu dimanche lors de la visite effectuée par les deux responsables européens en Israël, destinée à « revigorer » le rôle de l'UE dans les interminables tractations pour la solution introuvable au conflit du Moyen-Orient. Au menu : une série de remontrances et d'attaques en règle administrées aux deux ministres européens par l'émigré moldave. Il est hautement improbable, au vu de la tension qui avait régné au cours du dîner, que Kouchner et Moratinos aient eu l'envie de terminer la soirée dans l'une des boîtes de nuit où leur hôte avait commencé sa première carrière de videur.
«Réglez vos propres problèmes en Europe avant de venir chez nous vous plaindre. Peut-être à ce moment là je serai ouvert à vos suggestions», a affirmé Lieberman aux deux ministres interloqués. Il leur a même donné des exemples de ces «problèmes en Europe» à résoudre avant de proposer leurs services à Israël : «Je ne m'attends pas à ce que l'Europe résolve tous les problèmes du monde, mais j'attends d'elle qu'elle règle au moins quelques uns de ses problèmes, comme la crise au Kosovo ou le conflit à Chypre.»
Au cours de ce dîner, que Kouchner et Moratinos n'oublieront pas de sitôt, Lieberman a, à un certain moment, élargi le champ de ses attaques en s'en prenant à la communauté internationale. Celle-ci, d'après lui, est en train de maquiller ses échecs en Afghanistan, au Soudan et en Corée du Nord, en voulant atteindre un accord entre Israéliens et Palestiniens en une année.
La cerise sur le gâteau-dessert de ce dîner est cette trouvaille de Lieberman : « En 1938, la communauté européenne a décidé d'être conciliante avec Hitler au lieu de soutenir sa fidèle alliée, la Tchécoslovaquie, la sacrifiant sans rien y gagner. Nous espérons ne pas être la Tchécoslovaquie de 2010 et nous assurerons la sécurité d'Israël.»
Lundi dernier, c'est-à-dire au lendemain du fameux dîner, les deux ministres européens ont exprimé leur «fureur», non pas pour les positions déroutantes du ministre israélien, mais parce qu'il a «violé toutes les règles de la diplomatie» en rendant public le contenu des «discussions».
Cette «fureur» européenne aurait eu un sens, si elle était exprimée pour dénoncer les absurdités et les inepties débitées par Lieberman plutôt que pour son manque de discrétion. Nul ne s'étonne de ce que dit ou fait le ministre israélien des Affaires étrangères, et personne, y compris en Israël, ne s'attend à écouter quelque chose de sensé quand il fait un discours ou rend publique une déclaration.
Tout le monde s'étonne, en revanche, quand deux brillants ministres européens se contentent d'écouter Lieberman comparer Abbas à Hitler, les Palestiniens aux Allemands sous le IIIe Reich et Israël à la Tchécoslovaquie de 1938, sans réagir. Les politiciens israéliens sont habitués à faire ce genre de comparaisons. Mais ils les font toujours à l'envers. Car tout le monde sait, qu'en termes de puissance de feu, de répression de tout un peuple, de calvaire imposé à un groupe social sans défense, Sharon et Netanyahu ressemblent à Hitler beaucoup plus que ne lui ressemblent Arafat et Abbas, et qu'en termes de propagande mensongère et de défense de la «pureté ethnique», Lieberman ressemble à Goebbels beaucoup plus que ne lui ressemble Saeb Erekat.
Quant à la comparaison avec la Tchécoslovaquie, ce n'est pas Israël qui risque de subir son sort en 2010, mais c'est la Cisjordanie et Jérusalem-Est qui le subissent chaque jour un peu plus, et cela dure depuis quatre décennies.
Evidemment, on ne peut pas en vouloir à deux ministres de deux grands pays européens de taire ces vérités si évidentes. Ils sont tenus d'observer les règles diplomatiques en usage dans le monde, la principale de ces règles étant que toutes les vérités ne sont pas forcément bonnes à dire.
En revanche, MM. Kouchner et Moratinos auraient pu crier haut et fort que l'Union européenne a non seulement le droit, mais aussi le devoir de jouer un rôle au Moyen-Orient et de contribuer à la recherche d'une solution à son conflit. D'abord parce que l'UE est un géant économique dans le monde, même si son influence politique n'est pas encore proportionnelle à son poids économique. Ensuite, parce que l'UE contribue à elle seule au tiers du budget de l'Autorité palestinienne, ce qui arrange parfaitement Israël qui a depuis longtemps refusé ses obligations de puissance occupante que lui impose le droit international, dont la prise en charge totale des besoins de la population occupée. Enfin, compte tenu de l'impartialité et de l'inefficacité de la puissance qui a monopolisé la médiation depuis des décennies, il est peut-être temps que des intermédiaires plus neutres et plus impartiaux fassent leur entrée sur la scène moyen-orientale.
On ne sait pas si les ministres français et espagnol ont présenté ces arguments au cours du dîner avec Lieberman. S'ils ne l'ont pas fait, ils ont tort. S'ils l'ont fait, pourquoi ne pas le dire publiquement ? Le ministre israélien s'est bien permis lui de rendre publiques des absurdités et des inepties, pourquoi les ministres européens ont-ils des scrupules à rendre public le contenu de leurs réponses ?


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