Début décembre, les professionnels du secteur privé de l'impression du livre scolaire ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils avaient menacé de ne pas participer aux appels d'offres. A l'origine de cette position, des «désaccords» avec les autorités de tutelle. Lors de cette rencontre avec les médias, les représentants du secteur ont exposé leurs griefs et leur propre vision. Pour la Fédération nationale du papier, l'impression des manuels scolaires pour la saison scolaire 2018-2019 serait hypothéquée. A cet égard, cette fédération s'en est prise au Centre national pédagogique (CNP) qui, selon elle, ne serait pas à l'écoute des professionnels, notamment en ce qui concerne le lancement des appels d'offres faits sans concertation avec les parties impliquées. Griefs des imprimeurs La Chambre syndicale des fabricants de livres et cahiers scolaires, pour sa part, s'est alignée sur la même position, dénonçant l'unilatéralité des initiatives prises par les autorités, particulièrement en ce qui concerne la suppression de la clause qui stipulait l'obligation d'utiliser le papier de la Société nationale de cellulose et de papier alfa (Sncpa). En outre, les professionnels déplorent la date fixée pour les appels d'offres qui, à leurs yeux, les empêcherait d'y participer. «Le lancement de cet appel d'offres en décembre 2017, avant l'adoption de la loi de finances 2018 et avant que la Sncpa, ne fixe le prix du papier, ne permet pas aux imprimeurs de présenter des offres, étant donné qu'ils ne disposeront pas du taux de la TVA et du prix du papier avant janvier 2018. Cette situation ne permet donc pas aux professionnels de fixer leurs prix pour l'appel d'offres, d'autant plus que ces prix doivent être fermes et non révisables ». Par ailleurs, ils estiment que le prix du papier n'a pas été fixé jusqu'à présent et ne sera pas fixé avant le mois d'avril, comme l'aurait indiqué la Sncpa. Le représentant de la Chambre syndicale des fabricants de livres et cahiers scolaires a laissé entendre qu'il y avait une intention d'imprimer les livres à l'étranger. C'est, donc, à la lumière de toutes ces accusations et appréhensions que nous nous sommes adressés au directeur général du CNP, M.Belgacem Lassoued. C'est en sortant, juste, d'une séance de travail avec les différentes parties du secteur de l'imprimerie des cahiers et des livres scolaires qu'il nous a exposé le point de vue officiel et donné les réponses aux questions que pourraient se poser les professionnels. Probable augmentation du prix du papier De prime abord, le directeur général du CNP a tenu à souligner l'intérêt que le ministère de l'Education porte à la rentrée scolaire 2018-2019. «C'est au cours d'une réunion d'évaluation de la rentrée 2017 (tenue le 28 septembre dernier) qu'il a été, déjà, question des préparatifs de la prochaine rentrée». Les plaintes des parents et des libraires concernant les retards dans la parution des manuels ont été prises en considération. Il faut noter, par ailleurs, qu'il faudrait préparer la liste préalable de ces documents, au moins, au cours du mois de janvier, ce qui est de nature à donner plus de marge de manœuvre au CNP et aux autres parties. M.Lassoued a révélé que le ministre de l'Education avait ordonné de réimprimer tous les manuels sans toucher aux contenus. Aussi, la Direction générale des programmes a-t-elle communiqué, le 13 octobre dernier, la liste des manuels devant être utilisés, permettant, ainsi, de se préparer suffisamment à l'avance. C'est une première. A cet effet un programme de travail a été mis au point et avalisé par le conseil d'administration du CNP le 26 octobre. De ce fait, le CNP s'est fixé ses objectifs et ses besoins, notamment, en papier. Ces besoins (environ 5.300 tonnes) ont été communiqués à la Sncpa. Suite à cette évolution, une séance de travail a eu lieu le 2 novembre ayant regroupé la Directrice générale du commerce extérieur, le P.d.g. de la Sncpa. Au menu, l'évaluation de la saison passée et les préparatifs de cette rentrée. C'est au cours de cette séance que le P.-d.g. de la Sncpa a annoncé le souhait d'augmenter le prix du papier. On s'orienterait vers une augmentation de 10 %. Entre-temps, une pétition en provenance de la Chambre syndicale des fabricants de livres scolaires présentait leurs réclamations et menaçait de suspendre l'impression des manuels. Rôle social du CNP Alors, la décision de reporter l'appel d'offres, prévu le 4 décembre, a été prise pour accéder à la demande de ces professionnels. Une nouvelle date a été retenue pour le 15 décembre, dans l'espoir que les autorités parviennent à trancher la question du prix du papier. C'est ce à quoi se serait attelé un CMR regroupant les trois ministres de l'Education, du Commerce et de l'Industrie, en présence des hauts cadres de ces départements pour discuter la question de la rentrée scolaire et celle des prix. On attend, encore une décision définitive. Du coup, les appels d'offres ont été reportés pour la deuxième fois au 25 décembre 2017. Les professionnels ont, alors, redirigé le débat, non plus sur le problème des prix, mais sur certains points du cahier des charges. En conséquence, une nouvelle séance de travail s'est tenue le 19 décembre et a regroupé toutes les parties affiliées ou non à l'Utica pour discuter des points de litige dans le cahier des charges. Il semble qu'il y a des points de convergence et d'accord. Un engagement de leur part a été obtenu quant à la réussite des préparatifs de la prochaine rentrée scolaire moyennant quelques aménagements du cahier des charges qui ne soient pas en contradiction avec la loi sur les transactions publiques. A la fin de l'entretien, M. Lassoued n'a pas manqué d'attirer l'attention sur le rôle éminemment social de l'entreprise qu'il dirige. En effet, le CNP consent, chaque année, 25 milliards de millimes pour les imprimeries et les libraires. Plus de 10 grandes imprimeries travaillent avec le CNP et 4.300 libraires jouissent d'une marge bénéficiaire de 25 % sur les livres. Cette entreprise, faut-il le rappeler, n'a pas introduit des augmentations depuis 2008 et n'a jamais demandé des subventions de l'Etat. C'est pourquoi tous les partenaires doivent se tenir à ses côtés et veiller à la préserver.